Alternance et mixité : apprenties au féminin

Julie Hourcade - étudiante en alternance, en master 2 à Sup de Vinci, Courbevoie (92)

Le portrait-robot d’un apprenti tel que nous le voyions il y a quelques années aurait sans doute les traits d’un homme, jeune, apprenant un métier dans le BTP, l’artisanat ou la mécanique automobile auprès d’un tuteur (homme). Un peu restrictif… Les femmes, qui peuvent bien sûr suivre des études gratuites et rémunérées dans le domaine de leur choix, ont surtout pâti du peu de filières ouvertes à l’apprentissage, modèle plutôt proposé, pendant longtemps, dans des domaines où les hommes étaient majoritaires. Couvrant maintenant des champs plus variés, l’alternance se féminise. Mais la balance n’est pas encore rétablie : les femmes ne représentaient en 2018 que 32,7 % des apprentis.

Des modèles tenaces

Dans le détail, la part des femmes progresse à mesure que le niveau de diplôme monte. Ainsi, elles ne sont que 21,2 % des alternants en bac Pro, 25 % en CAP, et jusqu’à 45,4 % au niveau bachelor. Un taux qui redescend au niveau bac +5, tiré vers le bas (notamment) par des formations d’ingénieurs qui peinent toujours à les attirer. Le cœur du sujet est donc l’inégale répartition des sexes dans chaque filière. Un point qui ne semble pas s’arranger, à en croire Alain Kruger, directeur des MBA de l’ESG, école de commerce présente dans sept villes de France : « Je ne constate aucune sur-représentation d’un genre concernant l’alternance. En revanche, j’ai toujours 90 % de jeunes femmes en marketing et 90 % de jeunes hommes en management du sport », admet-il. Si les écoles de commerce affichent une parité quasi-parfaite, c’est parce qu’elles abritent des spécialités très diverses. Mais l’inconscient collectif et la reproduction des modèles sont tenaces ! « J’ai même l’impression que les métiers de la communication se féminisent encore davantage », avoue, songeur, cet ancien professeur de marketing. Et cela, l’apprentissage n’y est pour rien.

Le chiffre

32,7 % des apprentis sont des femmes Source : Dares, 2018.

« Le choix de l’alternance, c'était une évidence »

3 questions à Julie Hourcade - étudiante en alternance, en master 2 à Sup de Vinci, Courbevoie (92)

Quelle image aviez-vous de l’alternance avant d’essayer ?

Après mon bac, j’ai entamé une licence, mais l'université n'était pas faite pour moi et j'ai décidé d’intégrer une école d'informatique. Après quelques stages, le choix de l’alternance apparaissait comme une évidence. J’ai été agréablement surprise car, au départ, je pensais qu’elle était réservée aux CAP et bac Pro.

Comment se déroule votre cursus ?

J’ai la chance d’avoir un tuteur très présent. Je travaille dans une ESN (Entreprise de services du numérique) en tant que consultante DevOps [administration des infrastructures informatiques, N.D.L.R.] et découvre plein de sujets différents. J’ai aussi la chance de participer à des conférences et salons qui me permettent d’en apprendre davantage sur les métiers de l’informatique.

Difficile de jongler entre le travail et les cours ?

Le rythme de Sup de Vinci est adapté pour qu'on ne soit pas perdu. Je n'ai eu aucun souci d'intégration là où j’ai travaillé, que ce soit en stage ou en alternance. Quant à l’année prochaine, j'ai déjà plusieurs offres de CDI. Reste à choisir celle qui correspond le plus à mes attentes !