Alternance - Handicap : les entreprises s'engagent

L’alternance est l’occasion de faire ses preuves et de démontrer ses compétences. Elle s’impose logiquement comme une modalité d’insertion professionnelle pour les personnes en situation de handicap.

En septembre prochain, le Groupe Bouygues accueillera des étudiants du supérieur et des adultes en reconversion dans six filiales, dont TF1, Bouygues Immobilier et Colas. Pour la seconde année, il s’est associé à l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) et au cabinet de placement Cap Emploi pour mener cette campagne d’alternance dédiée aux personnes en situation de handicap.

Depuis le 1er mars, les candidats peuvent postuler sur le site de l’Agefiph, avant de suivre les prochaines étapes : une journée d’information, des entretiens pour les personnes présélectionnées, et enfin la validation suite à un stage de deux semaines sur le poste proposé.

Obligation légale et responsabilité sociale

Cette initiative illustre l'ambition de certaines entreprises : recourir à l'alternance pour faciliter l'entrée des personnes en situation de handicap sur le marché de l'emploi. Un moyen de contribuer à l'obligation légale, pour les sociétés d'au moins 20 salariés, de compter 6 % de travailleurs handicapés parmi les effectifs, mais pas seulement. « Ce sujet relève également de notre responsabilité sociétale, indique Bernadette Messikh, en charge de la mission handicap de DCNS. Mais ce sont avant tout les compétences qui priment lorsqu'on recrute un alternant, qu'il soit ou non en situation de handicap. » Le groupe spécialisé dans l'industrie navale militaire et les infrastructures marines s'est néanmoins fixé des objectifs chiffrés : intégrer 60 alternants en quatre ans, sur ses différents métiers. « En un peu plus d'un an, nous avons déjà intégré 34 personnes, précise Bernadette Messikh. Le groupe mène de nombreuses actions pour favoriser cette dynamique : par exemple, lors de nos interventions auprès des étudiants, nous évoquons systématiquement le sujet. Nous participons également à des actions de sensibilisation organisées par l'association Tremplin (voir l'encadré ci dessous, ndlr). »

Une reconversion réussie

Avec le groupe industriel Thalès et le leader du conseil Capgemini, DCNS est allé encore plus loin : les trois entreprises se sont associées au Cnam pour monter le Pôle d’excellence informatique, à Millau (Aveyron). Depuis un an, Christian Drochon y suit une formation d’ingénieur logiciels et systèmes en alternance, qu’il effectue chez DCNS. « Suite à deux accidents qui ont provoqué une importante baisse d’audition et d’autres conséquences physiques, j’ai entamé une reconversion après 20 ans en tant que musicien. Le groupe dispose de référents handicap sur chaque site, ce qui permet de définir les besoins d’adaptation au plus près du terrain. En ce qui me concerne, je bénéficie d’une participation financière pour un appareillage auditif ainsi que de jours de congés supplémentaires pour des visites médicales. »

Alors que sa formation n’est pas terminée, Christian Drochon reçoit régulièrement des propositions d’emploi : « Les profils bac+3, parmi les personnes en situation de handicap, sont rares. Mais aujourd’hui je me sens bien chez DCNS, tant du point de vue de l’accompagnement que de mes missions quotidiennes… »

FOCUS

Tremplin : 24 ans d’accompagnement des jeunes

Le 31 mars dernier, la 4e édition du concours Tous HanScène a décerné des prix récompensant les meilleurs courts-métrages destinés à faire évoluer les représentations au sujet du handicap. L'association Tremplin, qui organise l'événement, accompagne des jeunes – lycéens et étudiants – en situation de handicap depuis 24 ans.

« Notre mission porte sur le développement de leurs qualifications et de leur expérience professionnelle, explique le directeur, Christian Grapin. Grâce à près de 200 entreprises partenaires sur l’ensemble du territoire, nous pouvons leur proposer des stages, des jobs saisonniers, des contrats de travail et des contrats d’alternance. C’est un enjeu essentiel pour les 18 200 étudiants du supérieur en situation de handicap. L’alternance est un moyen de les confronter durablement à un univers professionnel, tandis que les entreprises apprécient de trouver des profils hautement qualifiés, encore peu fréquents parmi cette population. »

Pour Christian Grapin, le succès de l’alternance nécessite de travailler sur la posture de l’étudiant et du tuteur. « Face à une situation nouvelle qui lui pose problème, le jeune en alternance peut avoir peur de déranger le tuteur ou d’être pris pour un incapable, tandis que de son côté, ce dernier risque de ne pas oser être exigeant avec lui. L’accompagnement est essentiel pour éviter que la moindre difficulté soit mise sur le compte du handicap ou des représentations associées. Inversement, certains étudiants peuvent estimer que leur handicap les décharge des contraintes liées à leur mission. Dans ce cas, il s’agit de les recadrer en leur rappelant leurs obligations d’alternant. » Un travail de longue haleine qui trouve un relais auprès des 60 CFA (Centres de formation d’apprentis) et écoles partenaires de Tremplin.

www.tremplin-handicap.fr