L'efficacité de l’alternance n’est plus à démontrer. L’intérêt du dispositif est de pouvoir confronter théorie et pratique et se frotter très tôt à la réalité du monde professionnel.
Le diplôme est le même que dans un cursus classique, c'est la façon de l'obtenir qui diffère : l'étudiant alterne des périodes de formation au sein d'un établissement d'enseignement* et de mise en pratique chez un employeur. C'est aussi l'assurance d'acquérir une première expérience longue, tant appréciée des recruteurs. « La théorie, c'est bien, mais partout où vous vous présentez, on vous demande de l'expérience. L'alternance est pour cela la meilleure forme d'apprentissage », affirme Alexandre, en BTS MUC (management des unités commerciales).
L'expérience d'un professionnel qualifié
Votre temps est partagé entre l’école et l’entreprise, suivant un rythme hebdomadaire, mensuel, et parfois semestriel. Aujourd’hui, il existe deux formules : l’apprentissage et la professionnalisation.
Mais la réforme de l’alternance attendue au printemps devrait réunir ces deux contrats en une formule unique. Pour l’instant, les deux s’adressent aux jeunes de 16 à 25 ans (30 ans dans certaines régions**, pour l’apprentissage). Mais le contrat de professionnalisation relève de la formation continue tandis que celui de l’apprentissage répond à un besoin en formation initiale.
Durant son contrat, le jeune accomplit des missions, en lien avec sa formation, et bénéficie de l’expérience d’un maître d’apprentissage ou d’un tuteur (en professionnalisation).
Ce référent fait des points réguliers avec l’école sur le travail réalisé, les axes d’amélioration et guide l’étudiant pour qu’il devienne autonome. « J’étais en rendez-vous clientèle avec mon responsable, jusqu’à ce que je sois apte à prospecter mes clients, prendre mes contacts et aller seule sur le terrain », se souvient Léa, aujourd’hui en bachelor à Sup de Vente , à Paris.
19,7 % des jeunes inscrits en BTS préparent leur diplôme en apprentissage. (Source : ministère de l’Éducation nationale, enquête SIFA, 2016-2017)
Droits et devoirs
Dans l’entreprise, l’alternant est un collaborateur à part entière. Il bénéficie des mêmes droits et avantages que ses collègues, tout en profitant de la carte étudiant. En contrepartie, il est tenu d’effectuer les tâches qui lui sont confiées, en temps et en heure, et de respecter le règlement intérieur de l’entreprise.
Et attention, il n’est pas question d’oublier son réveil le matin et encore moins de sécher les cours : toute absence injustifiée entraîne une baisse de sa rémunération.
Christine Rocheblave, responsable tutorat et des formations manager en ingénierie d’affaires à Sup de Vente met en garde : « Opter pour l’alternance n’est pas la voie la plus facile. Il faut être capable de jongler entre deux mondes – l’école et l’entreprise – qui, chacun, répondent à un mode de fonctionnement très différent. Cela demande une certaine capacité d’adaptation ».
* Centre de formation d’apprentissage (CFA), école, université.
** Bretagne, Bourgogne-Franche- Comté, Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Île de- France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays de la Loire.
« Il m’est arrivé de passer des nuits sans dormir »
Témoignage de Fany Thourain, étudiante en design interactif aux Gobelins (Paris).
Après un BTS design graphique, qu’elle a effectué en apprentissage chez un fournisseur de la restauration, Fany a commencé cette année un bachelor Design interactif.
«
Je travaille à présent dans une agence de pub, ce qui me permet d’avoir une vision globale du métier et de mieux comprendre les besoins et les contraintes, du côté agence comme celui de l’annonceur.
J’ai choisi l’alternance car je ne voulais pas m’aventurer dans un domaine aussi spécifique sans avoir vu ce que c’était. Beaucoup d’écoles vous vendent du rêve, et ensuite vous vous apercevez que ce n’est pas aussi créatif ou rose que vous l’imaginiez. Par chance, cela m’a plu. Le rythme de deux semaines à l’école, deux semaines en entreprise, proposé par les Gobelins, est parfait car il laisse suffisamment de temps pour réaliser un projet en entreprise et d’être également à fond sur ses travaux à l’école.
Le plus dur au début a été de concilier les devoirs qui prenaient beaucoup de place, les examens, et mon travail dans l’entreprise. Il m’est arrivé de passer des nuits sans dormir et d’aller travailler le lendemain matin. Cela fait grandir plus rapidement car on a des responsabilités, des réunions professionnelles, on découvre ce qu’est la hiérarchie au travail. Financièrement, c’est aussi intéressant : à 22 ans, j’ai mon appartement et subviens seule à mes besoins. »
Nathalie Tran
Guide spécial Alternance "Le choix du concret" - Le Parisien Etudiant
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