Le point négatif de l’alternance, c’est la quasi-impossibilité d’avoir une expérience internationale. La plus grosse difficulté vient des contrats français, d’apprentissage et de professionnalisation, qui sont difficilement transférables ailleurs. Alors, comment y parvenir ?
La solution la plus fréquente est de multiplier les petits séjours. Pris sur le temps des cours, ils ne peuvent pas excéder une semaine ou deux : intéressant pour se sensibiliser à un pays, pas suffisant pour une immersion digne de ce nom…
Autre piste : une vraie alternance à l’international. Le contrat est signé avec une entreprise basée en France mais qui a une activité à l’étranger. Elle peut alors expatrier son apprenti. Dans ce cas, l’inconvénient est logistique : il faut pouvoir revenir souvent – donc facilement et pas trop cher ! – pour assister aux cours. Le champ géographique se limite vite à quelques pays frontaliers.
Des missions plus qu’une expatriation
Troisième solution : suspendre votre alternance pour suivre un semestre de cours ou faire un stage. Il est d’ailleurs possible d’obtenir des aides, avec notamment Erasmus +. « C’est une solution qui demeure rare car les entreprises n’aiment pas se priver d’un salarié pendant des mois », explique Laurent Leboucher, Directeur marketing de l’EFREI. Pour y remédier, son école étudie avec chaque entreprise la possibilité d’une mission, « dans une de ses succursales à l’étranger, ou plus largement dans son écosystème, chez ses partenaires, fournisseurs, clients… »
Dernière possibilité, certaines écoles terminent leur cursus sans cours. Plus simple pour bouger quelques mois ! C’est le cas à l’ECAM, école d’ingénieurs dont les étudiants de dernière année partent travailler de 2 à 6 mois à l’étranger. Lina, par exemple, en apprentissage chez Alstom, se réjouit déjà : « Je commencerai par 2 semaines en Thaïlande, puis 2 mois en Pologne, pour retourner en Thaïlande jusqu’à la fin de la mission. » Joli programme. De toute évidence, le fameux “Erasmus de l’apprentissage” annoncé par le gouvernement sera scruté de près par le monde de l’alternance.
CHIFFRE
6 800 apprentis, seulement, ont bénéficié d’Erasmus en Europe en 2016. (Source : ministère du Travail)
« Une expérience magnifique »
TÉMOIGNAGE
Alexandre Pouteau / Diplômé de EM Normandie
Alexandre a dû patienter pour partir, lui qui a suivi presque toutes ses études en alternance. « Je tenais à avoir une expérience internationale mais n’en avais pas eu l’occasion », explique-t-il. En 3e année de bachelor, il intègre une entreprise dans le secteur du photovoltaïque. « Le marché français était un peu morose, mais mon niveau d’anglais trop faible pour travailler à l’étranger », se souvient Alexandre. Une bonne entente avec son employeur lui permet de conclure un accord tacite. Il fait une coupure d’un an et part à Édimbourg, puis Malte. « Nous avions convenu qu’à mon retour, je parlerais anglais et qu’il y aurait une possibilité de partir. » Reçu en master à EM Normandie, il retrouve comme prévu son poste pour un nouveau contrat.
Sa destination ? L’Afrique de l’Ouest, en particulier le Cameroun.
« Je devais nouer des contacts avec les fournisseurs, clients et partenaires techniques. » Un poste de Business Developer qu’il effectue à travers une multitude de missions, de Yaoundé à Douala, restant basé en France comme apprenti. « Cela ne représente que quelques semaines au total, mais ce fut une expérience magnifique et enrichissante… »
→ Réforme. Un statut des apprentis plus ouvert. Tour d'horizon des nouveautés
→ Masters, diplômes d'ingénieur…les grandes études, de plus en plus pros
→ Les DRH sont convaincus. Dans tous les secteurs on recherche des alternants
→ Candidature, mode d'emploi pour trouver un contrat en alternance
→ Témoignage : Les conseils de Romain pour réussir son cursus
→ Apprentis & Erasmus. L'alternance : bientôt un passeport pour l'Europe