Alternance : « L'économie a besoin des apprentis »

Comment pourrait-on redorer le statut d’apprenti en France ? Rencontre avec Patrick Liébus, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb).

Entretien avec Patrick Liébus, élu à la tête de la Confédération des artisans il y a sept ans. LP/LUCAS BARIOULET
Entretien avec Patrick Liébus, élu à la tête de la Confédération des artisans il y a sept ans. LP/LUCAS BARIOULET

    Les concertations sur la réforme de l'apprentissage commencent ce mois ci avec les partenaires sociaux, puis avec les régions. Alors que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, dit vouloir faire sauter les « verrous » qui bloquent cette voie, nous avons rencontré le porte-parole des artisans, Patrick Liébus, président de la Capeb et vice-président de l'U2P (Union des entreprises de proximité).

    Comment pourrait-on redorer le statut d’apprenti en France ?

    Patrick Liébus. Il faut revaloriser nos métiers. Le système d'orientation de l'Education nationale mène aujourd'hui les jeunes droit dans le mur. Pourtant, nos métiers peuvent offrir aux jeunes à la fois un avenir et la possibilité de créer une entreprise. Pensons aussi à ceux qu'on appelle les maîtres d'apprentissage, donc les chefs d'entreprise. Travaillons sur la certification, l'aide et l'accompagnement des entreprises qui embauchent ces apprentis. Réformons la taxe d'apprentissage et dotons-nous de vrais moyens pour que les centres de formation puissent se développer.

    Développer l’apprentissage, est-ce aussi un moyen de résoudre le chômage ?

    Aujourd’hui, 22 % des demandeurs d’emploi en France ne savent pas quel métier ils veulent faire. Il faut mieux les informer.

    En général, dans l’artisanat, on pense à son boucher, son boulanger. On connaît moins le couvreur ou l’électricien. Pourtant, ce sont des secteurs qui offrent un emploi stable, un bon salaire.

    Fin août, le PDG de Veolia, Antoine Frérot, disait à la radio ne pas avoir eu à pousser ses enfants vers l’apprentissage car ils étaient brillants à l’école. Que lui répondriez-vous ?

    Je lui répondrais surtout qu'il nous connaît mal. Pour moi, c'était un choix de vie. Je suis vite sorti du système éducatif pour devenir couvreur. L'idée de réaliser des travaux qui dureraient dans le temps me plaisait. Ce n'était pas le métier le plus rémunérateur, ni forcément celui que mes parents voulaient pour moi. Mais j'ai choisi la liberté. Travailler dans un métier manuel, c'est l'intelligence de la tête et des mains.

    Depuis 2010, vous prenez part à toutes les négociations au ministère du Travail. Comment le vivez-vous ?

    J'ai parfois affaire à des technocrates doués d'un point de vue intellectuel et qui ont l'impression que je ne connais pas certains sujets. Ce qui est malheureux, c'est qu'ils sont parfois coupés du terrain. Mais ils écoutent et comprennent vite. J'ai été salarié avant d'être patron. Lors des échanges avec les syndicats, par exemple, mon avantage, c'est que je connais le sujet pour l'avoir vécu.

    Votre secteur compte trois millions d’actifs. Estimez-vous la voix des artisans prise en compte suffisamment ?

    Je vais rester vigilant pour que ce soit le cas. Les petites entreprises doivent se développer avec les apprentis. L'économie a besoin d'eux. Il faut tenir compte de cette réalité.

    Bérangère Lepetit

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