Alternance : la montée en puissance se confirme

Toutes les filières sont aujourd’hui concernées, du droit à l’expertise comptable en passant par le management, l’ingénierie ou le design. Focus sur les dernières tendances

Alternance : la montée en puissance se confirme

    Longtemps considéré comme une réponse à l’échec scolaire, l’apprentissage s’est imposé en tant que voie d’excellence dans l’enseignement supérieur. Toutes les filières sont aujourd’hui concernées, du droit à l’expertise comptable en passant par le management, l’ingénierie ou le design. Focus sur les dernières tendances.

    Les études de droit ? On les associe un peu rapidement à des milliers de pages de lois et règlements à apprendre. Encore faut-il les appliquer de la façon la mieux adaptée, grâce à de l'expérience et des cas réels. La Faculté libre de droit, basée à Lille et Paris, a lancé en 2014 deux programmes de master (1 et 2) en alternance, pour les spécialisations de droit social et de droit des affaires.

    « Ces compétences très spécifiques sont indispensables aux entreprises, estime Denis Simon, responsable des relations entreprises et carrières. Nous avons donc fait le pari qu’il y avait une attente à laquelle on pouvait répondre. »

    Pari gagné, d’abord du côté des étudiants : entre la première et la seconde rentrée, les effectifs ont doublé. Pour la première promotion diplômée, les cabinets spécialisés et directions internes n’ont pas nécessairement embauché les alternants à la fin de leur contrat, le taux de transformation en CDI s’élevant à environ 30 %. « En revanche ils trouvent trois à quatre fois plus rapidement un emploi par rapport à leurs collègues des filières “classiques”. L’alternance apporte une forte valeur ajoutée pour s’insérer professionnellement. »

    Répondre aux demandes des entreprises

    Alors que les entrées en apprentissage, tous niveaux confondus, ont baissé de 5 % en octobre 2015 (par rapport au volume d'inscriptions en octobre 2014), l'enseignement supérieur mise toujours sur cette voie de formation. 21 000 étudiants sont par exemple inscrits dans les 128 filières en apprentissage proposées par les grandes écoles d'ingénieurs et de commerce. Et les domaines classiques du management et de l'ingénierie ne sont pas les seuls concernés. L'ESDES Business School, à Lyon, a ouvert en 2014 une spécialisation rare : un master Expertise et contrôle, qui forme des experts comptables.

    « C’est suite à une forte demande des cabinets d’expertise rhônalpins que nous l’avons mis en place, indique Claude Bailly Masson, responsable de la majeure. La première promotion comportait dix étudiants, ils sont 15 cette année. Nous comptons faire de cette majeure une filière d’excellence accueillant à terme entre 20 et 25 étudiants par promotion. »

    Deux fois plus d’apprentis en quatre ans

    L'université est également en pointe dans les formations en apprentissage, avec de nombreuses licences, masters et autres diplômes. Par exemple, l'université Paris 13 propose environ 250 programmes dont une soixantaine en alternance. Trois nouveautés sont venues enrichir le catalogue à la rentrée 2015 : le master Conseil en entreprise, le master LEA-MIA (Langues étrangères appliquées aux métiers internationaux des assurances) et un diplôme de niveau bac+3 créé avec le CFPB (Centre de formation de la profession bancaire). « Dans les deux cas, leur création découle d'une demande des secteurs d'activité eux-mêmes, expose Joseph Cerrato, directeur du CeDIP (Centre de développement en ingénierie de la professionnalisation) de l'université. Les formations en alternance aux métiers de la banque-assurance fonctionnent très bien. » Entre 2008 et 2012, le nombre d'apprentis de toutes les filières a quasiment doublé dans cette université.

    Aujourd’hui, aucun domaine de compétences n’échappe à cette tendance.

    L’alliance de bases théoriques et de mise en pratique devient un modèle de référence pour plusieurs écoles. C’est par exemple le cas de l'

    école informatique ESGI et de l’école de design ICAN

    , qui font partie du réseau GES (Grandes écoles spécialisées). De nouvelles spécialisations vont voir le jour en 2016, en ingénierie du Big Data pour la première, en web experience design ou en game design pour la seconde.

    L’informatique et le numérique font le plein

    Il y a encore quatre ans, l'ICAN n'avait pas d'alternants. Désormais plus de 20 % des étudiants sont dans cette situation. À l'ESGI, l'immense majorité des étudiants optent pour cette formule. « La demande est tellement forte que l'alternance s'est généralisée dès la troisième année, indique Emmanuel Peter, directeur des deux écoles. Ils veulent acquérir de l'expertise en étant associés à des projets concrets, tandis que les entreprises bénéficient d'un œil neuf et de compétences à moindre coût. »

    Comme l'illustre l'exemple de l'ESGI, les formations d'informatique et numérique en alternance sont en plein essor. À SUPINFO, le cycle de cinq ans est suivi en apprentissage par neuf étudiants sur dix, tandis qu'Efreitech propose un master en e-business (en partenariat avec EDC Paris Business School) ou encore une formation bac+3/4 de chef de projet numérique. Des compétences pointues mais qui concernent aujourd'hui tous les secteurs d'activité, chaque entreprise étant confrontée à la transformation digitale. Commerce en ligne, communication grand public mais aussi relations entre professionnels ou animation de communautés : avec un champ d'intervention aussi vaste, les chefs de projet numérique sont de plus en plus recherchés.

    Des partenariats étroits avec le monde économique

    Les établissements proposent donc davantage de formations et de places en alternance pour répondre aux attentes : plus d’étudiants intéressés, et plus de propositions de contrats d’apprentissage ou de professionnalisation de la part des entreprises. Encore faut-il que les deux parties se rencontrent. « Nous avons une équipe chargée d’aider les étudiants à trouver un employeur, indique François-Xavier Théry, directeur du développement et des entreprises de Montpellier Business School. La demande évolue et il faut y répondre : les étudiants du programme Grande École, en M1, n’ont jamais été aussi nombreux à opter pour l’alternance. Et la troisième promotion du bachelor n’est pas en reste : 55 ont fait ce choix pour leur dernière année, contre une quinzaine d’étudiants de la première promotion. » Si des entreprises se manifestent spontanément pour proposer des contrats, les établissements privilégient les relations de longue durée.

    « C’est une nécessité de nouer et renforcer des partenariats avec le monde économique, confirme Alain Zalman, directeur de Sup Career, l’école de commerce en alternance du Groupe INSEEC.

    Cette proximité permet de faciliter le placement des étudiants en entreprise et de s’assurer que nos programmes restent en adéquation avec les besoins du marché du travail. »

    Une façon moderne d’acquérir des compétences

    Les contenus de formation évoluent sans cesse, « en particulier le digital, à la fois dans les programmes dédiés et dans ceux, en marketing ou en communication par exemple, qui doivent intégrer cette dimension ». Bien loin de l’image traditionnelle – et connotée négativement – de l’alternance, les experts de l’enseignement supérieur défendent donc une approche dynamique et performante.

    Comme le rappelle François-Xavier Théry, « il s’agit d’une façon moderne de vivre sa formation et d’acquérir des compétences ». Sans doute est-ce la principale explication d’un succès qui ne se dément pas dans l’enseignement supérieur. D’après une enquête de la Dares, plus d’un tiers des jeunes en alternance préparaient en 2014 un diplôme de niveau bac+2 à bac+5, contre 25 % en 2010 et 15 % il y a à peine dix ans.

    Gilles Marchand

    Alternance : un pied dans l'emploi - Cahier spécial Le Parisien Etudiant

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