Saviez-vous qu’on peut suivre un master à Sciences Po ou devenir ingénieur en apprentissage ?
« C’est un travail de longue haleine de faire comprendre au plus grand nombre que des formations de pointe sont accessibles par cette voie », admet Éric Léonel, chargé de mission “Formation tout au long de la vie” de l’Upec (Université Paris-Est Créteil).
Cet établissement, qui fut l’un des pionniers de l’apprentissage dans les années 1980, compte aujourd’hui 2 500 apprentis, dont 900 en master. Cette possibilité n’est donc pas nouvelle, mais son développement dans les formations de niveau I est aujourd’hui en plein boom. C’est notamment le cas dans les écoles d’ingénieurs, qui y voient la possibilité d’intégrer des jeunes aux profils plus variés. DUT, BTS… et même les élèves de classes prépas, de plus en plus nombreux à s’intéresser à l’apprentissage.
Suivre des projets, de bout en bout
« Cela donne à notre formation une dimension riche et professionnalisante », explique Laurent Leboucher, directeur marketing d’EFREI Paris, école d’ingénieurs. « Le temps cumulé en entreprise n’est pas très différent que dans le parcours classique, où il y a des stages. Mais un contrat de 3 ans permet de suivre des projets de bout en bout et d’évoluer dans l’entreprise », argumente-t-il. Un atout pour ces métiers au long cours, où recherche et développement s’étalent sur des mois, voire des années.
Les écoles de commerce ne sont pas en reste, y compris les plus réputées comme l’Essec ou ESCP Europe. L’alternance y est possible, au moins pour les années supérieures. « Cela ne nous empêche en rien de rester très exigeants sur la qualité des étudiants que nous accueillons, précise Matthias Bauland, directeur général adjoint de Montpellier Business School. Notre positionnement est clairement basé sur les compétences, mais aussi le mérite, l’engagement, le projet de l’étudiant. » L’alternance permet d’envisager les études autrement. De regarder de plus près des écoles, toutes les écoles, et de les intégrer. Elle nous propose, en somme, de rêver plus grand.
CHIFFRE
+ 265 % en 15 ans, c’est la progression du nombre d’alternants pour les diplômes de niveau I. (Source : ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
INTERVIEW
« Nous croyons aux bienfaits de l’immersion dans un projet »
Cyril Faure Directeur général de l’Institut supérieur des techniques de la performance (ISTP) France
L’alternance pour devenir ingénieur, c’est un choix judicieux ?
Oui, et la preuve : les entreprises elles-mêmes qui le demandent. Nous avons créé ISTP, une école entièrement en apprentissage, sur le constat d’un déficit flagrant de cadres ingénieurs, en particulier dans les PME industrielles. Associer une expérience professionnelle longue à une formation d’ingénieur fonctionne à merveille. Nous croyons aux bienfaits de l’immersion dans un projet.
Les entreprises jouent-elles le jeu ?
Bien sûr, car elles connaissent l’apprentissage. Elles ont un besoin constant de nouveaux talents et sont disposées à les former avec nous si nous les accompagnons.
Comment se faire recruter sans expérience sur des métiers de pointe ?
Pour assurer aux étudiants des expériences de qualité, nous avons choisi de leur trouver nous-mêmes leur entreprise d’accueil. Cela demande le travail de 40 ingénieurs-tuteurs permanents, qui accompagnent les projets, suivent les objectifs… Il est en effet plus facile pour certains que pour d’autres de trouver un bon projet au sein de leur entourage. Or, nous tenons à ce que tout le monde ait les mêmes opportunités.
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