Témoignages d'alternance : "Ma vie d'apprenti"

Témoignages sur l'alternance - Qu’attendent-ils de cette formule ? Comment se déroule-t-elle ? Quels bénéfices concrets peuvent-ils en tirer ? Aesane, Camille, Loïc et Adrien nous livrent ici leurs retours d’expérience.

Témoignages d'alternance : "Ma vie d'apprenti"

    Avec un pied dans le monde académique et l’autre dans l’entreprise, les étudiants en alternance ont l’occasion de gagner en maturité et d’enrichir leur CV. Qu’attendent-ils de cette formule ? Comment se déroule-t-elle ? Quels bénéfices concrets peuvent-ils en tirer ? Aesane, Camille, Loïc et Adrien livrent ici leurs retours d’expérience.

    En 2010, les universités et les grandes écoles ont formé plus de 10 000 apprentis, un chiffre en progression de 7 % par rapport à l’année précédente. Les formations bac+3 à bac+5 proposées par la voie de l’alternance ont le vent en poupe ! Clairement, la formule séduit les trois parties prenantes : les établissements, les entreprises et les étudiants. Quelles sont les motivations des jeunes qui se lancent dans cette aventure exigeante ? Quelles missions leur sont confiées et que retirent-ils de l’expérience ?

    Objectif n°1 : la professionnalisation

    Camille, Loïc, Aesane et Adrien ont tous les quatre fait ce choix, qu'ils vivent au quotidien depuis un, deux ou trois ans. Malgré leurs différences de parcours et d'objectifs, ils mettent en avant les mêmes motivations. « C'est la dimension très concrète qui m'a attiré dans l'alternance, explique Loïc Le Coquen, en troisième année à l'école d'ingénieurs Ei.Cesi. Elle permet d'obtenir un diplôme tout en bénéficiant d'une formation très professionnelle. Une suite logique pour moi, après le DUT. »

    Pour Aesane Dony, qui finit son bachelor marketing communication à l'Ipac d'Annecy, la question s'est posée à la fin de la seconde année : « J'hésitais avec une période à l'étranger, mais il m'a finalement paru plus logique et intéressant d'opter pour l'alternance, et d'aller progressivement vers le monde du travail ». Si elle souligne l'intérêt de la rémunération (voir l'encadré page J), il s'agit d'une motivation secondaire. « J'avais beaucoup apprécié mon stage de seconde année, ce qui m'a donné envie de prolonger l'expérience », confirme la jeune fille, qui effectue son contrat de professionnalisation dans la même agence de relations presse et RP qui l'avait alors accueillie.

    Un choix mutuel entre l’alternant et le recruteur

    La rencontre entre l'étudiant et l'entreprise peut prendre plusieurs formes. Les écoles et universités disposent d'équipes dédiées, qui facilitent les démarches. « L'Ei.Cesi m'a fourni plusieurs contacts issus de son réseau d'entreprises partenaires », témoigne Loïc Le Coquen. Lorsqu'il dépose sa candidature auprès du groupe Saint-Gobain, son CV arrive au bon moment : « Ils cherchaient des ressources supplémentaires sur les questions d'hygiène, de santé et de sécurité. Comme mon profil correspondait à leurs attentes, l'entretien a débouché sur une proposition de contrat. » Pour Adrien Lemaire, c'est également l'école qui est à l'initiative, mais l'entreprise a fait le second pas. « Euriware, une filiale d'Areva, avait reçu mon CV de la part de Sup de V Paris, explique l'étudiant en première année de master en ingénierie d'affaires. Ils m'ont ensuite contacté via mon profil Linkedin et m'ont fait une offre. J'ai eu d'autres opportunités mais c'est leur proposition qui comportait le plus de précisions sur les missions. »

    Quel que soit le rôle de l’école, tous les apprentis doivent adopter une démarche active. Camille Mercier, étudiante en master 1 de communication à PPA, a opté pour le bouche à oreille : « J’ai été mise en lien avec UBM, multinationale spécialisée dans l’organisation de salons, par le biais de mon réseau. Ils m’ont proposé un entretien pour tester ma motivation et mon niveau d’anglais, et j’ai été prise. Ce qui m’a séduite ? Les missions proposées et l’environnement international. »

    Autonomie progressive

    L’intérêt de l’apprentissage est de proposer une mise en pratique, dans le “monde réel”, des connaissances théoriques. Une plongée dans le bain qui séduit les apprentis. Codes de l’entreprise, relations de travail, responsabilités, objectifs à réaliser en temps et en heure : les occasions de découvrir et de pratiquer ne manquent pas, comme en témoignent les quatre apprentis. Suite au parcours d’intégration 
proposé par l’entreprise à tous les nouveaux entrants, Adrien Lemaire rejoint le service commercial : « Le plus difficile est de se familiariser avec l’offre de produits et leurs spécificités techniques. Aujourd’hui, je réponds à des appels d’offres, je participe à la prospection, j’accompagne le client dans la découverte de ses besoins. La prochaine étape concerne la partie négociation. »

    De son côté, Camille Mercier a rejoint le pôle français d’UBM, qui est chargé de la communication pour les salons de la Santé et de l’Autonomie : participant à la conception de différents supports et outils print et web, elle apprécie 
« de contribuer, sur un poste à part entière, aux différentes phases d’un projet important ». Autant que possible, le rythme entre les périodes en entreprise et les phases scolaires est adapté au suivi des missions, sur la durée. Aesane Dony apprécie le rythme “une semaine à l’école – trois semaines en entreprise”, qui permet de gérer le travail « sans coupures trop fréquentes ». « Pour l’entreprise, c’est important de pouvoir compter sur ma disponibilité, confirme-t-elle. Et de mon côté, je me sens davantage investie et motivée. »

    Une grande diversité de missions

    Au sein de l’Agence Stéphanie Protet, qui l’emploie, elle est la seule collaboratrice de la directrice et participe à de multiples projets, eux-mêmes se déclinant en plusieurs actions – rédaction de communiqués de presse, placement de produit, promotion d’événements, voyages de presse, interface entre clients et journalistes, etc. « Par rapport à mon stage, l’année précédente, les missions restent les mêmes, explique Aesane Dony. Ce qui change est le niveau de responsabilité, par exemple quand je représente l’agence sur des salons internationaux. Autre différence, la possibilité de travailler sur des projets stratégiques, sur le long terme, comme le développement de l’activité. »

    Une implication d’autant plus forte, donc, qu’elle s’inscrit dans la durée. Loïc Le Coquen suit l’intégralité des trois ans de formation en alternance, au service “hygiène, sécurité et environnement” de Saint-Gobain Cristaux et Détecteurs. Le groupe mettant en place des standards de sécurité, il est chargé de réaliser l’audit sur les sites et de proposer des plans d’action pour assurer leur mise en conformité. 
« J’ai mené cette première phase du projet de bout en bout, avant de poursuivre en seconde année 
avec le contrôle de la mise en application, explique Loïc Le Coquen. Découverte de la règlementation, évaluation des ressources et des besoins, animation de groupes 
de travail : il faut intervenir sur l’ensemble de la chaîne. »

    Un acteur essentiel : le tuteur

    En dehors de la motivation et de l’énergie de l’étudiant, la réussite de la formule repose sur l’implication du maître d’apprentissage (généralement, le responsable direct) et des collègues – un point de vigilance pour les établissements. « L’école fait régulièrement le point avec le tuteur, et nous sommes suivis et conseillés dans la réalisation du projet d’entreprise », confirme Aesane Dony. Dans le cas de Loïc Le Coquen, l’école est principalement intervenue sur les missions de
 deuxième et troisième années, 
« pour s’assurer qu’elles permettent la mise en pratique des acquis pédagogiques ».

    Au quotidien, le principal référent est le maître d’apprentissage. Son rôle est essentiel : il s’assure de la bonne intégration du jeune en entreprise, lui confie des tâches et les moyens pour les réaliser, avant de relâcher progressivement le cadre pour laisser l’apprenti gagner en autonomie (voir le témoignage de Valentine Desbois, ci-contre). 
« Mon maître d’apprentissage est l’un des directeurs commerciaux, témoigne Adrien Lemaire. Il m’a accueilli, présenté à l’équipe, montré les bases du métier et indiqué les sources d’information importantes. Au jour le jour, on me laisse faire mon travail tout en m’accompagnant. Lorsque je réponds à un appel d’offres, je présente ce que j’ai fait à un collègue, qui me donne son retour. »

    Bilan : globalement positif

    Son exemple illustre bien la dynamique de formation continue. Une spécificité qui ressort également sur la façon dont les jeunes en alternance – à la fois salariés et étudiants – sont perçus en interne. Si la plupart d’entre eux se sentent collaborateurs à part entière, et considérés comme tels par leurs collègues, l’avis de Camille Mercier est plus nuancé : « Il arrive d’être davantage considéré comme un stagiaire que comme un salarié. »

    À l’heure du bilan, au bout de huit mois ou de près de trois ans, les avis de nos quatre apprentis sont unanimes : la réalité de l’expérience correspond largement à leurs attentes. « En me faisant confiance, la directrice de l’agence m’a permis d’accéder immédiatement à des responsabilités, explique Aesane Dony. Je me sens plus sûre de moi et j’ai développé des compétences, par exemple dans la gestion du temps et des priorités. » Autre bénéfice mis en avant par la jeune fille, « la formation d’un réseau, grâce aux contacts professionnels qui sont noués au fil des mois ». Dans tous les discours, plusieurs éléments ressortent : l’intérêt d’être responsabilisé ; les gains en termes de confiance en soi et en autonomie ; et la plus-value de cette expérience sur un CV. « Davantage qu’un stage, l’alternance permet de découvrir ce qu’est le monde de l’entreprise et de conforter ses choix professionnels », complète Adrian Lemaire.

    Une expérience exigeante

    Un niveau de satisfaction certain, que relève aussi une enquête de l’Apec2. Tout en mettant en évidence les possibles difficultés vécues par l’alternant – écart entre théorie et pratique, rythme difficile, liens à géométrie variable entre le maître d’apprentissage et l’étudiant –, elle montre que le regard des jeunes sur leur formation est largement positif. 94 % des diplômés de niveau bac+3 et 92 % des bac+5 se déclarent satisfaits de leur choix, et une quasi-unanimité s’exprime pour recommander l’alternance. Pour autant, il ne s’agit pas de tomber dans l’angélisme : le candidat à l’alternance doit avoir bien mûri son choix et être conscient du caractère très exigeant de la formation.

    « Pour réussir, on doit exprimer une vraie force morale et physique et accepter de mettre sa vie sociale entre parenthèses », avertit Camille Mercier. « Il faut également être capable de s’adapter à l’entreprise, d’aller de l’avant pour s’affirmer et faire sa place », ajoute Loïc Le Coquen. Les conditions sont alors réunies pour tirer pleinement parti de cette expérience, véritable porte d’entrée dans la vie professionnelle. Les apprentis eux-mêmes en sont convaincus, au point de devenir les meilleurs ambassadeurs de l’alternance. Le 31 mai prochain, Sup de V organise un gala pour la remise des diplômes, en invitant également de futurs étudiants. 
« L’occasion de partager notre expérience et de convaincre certains d’entre eux de se lancer dans l’aventure », affirme Adrien Lemaire.

    G.M.

    Cet article est issu du

    Cahier spécial Etudiant : en mode alternance

    Paru au sein du journal Le Parisien / Aujourd'hui en France du 22 avril 2013

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