Avis d’expert : Jean-Pierre BOISIVON

Professeur émérite à l’Université II Panthéon-Assas, conseiller du président de la FNEGE* et ancien directeur général de l’ESSEC.

Avis d’expert : Jean-Pierre BOISIVON

    Le système des classements a le mérite de constituer une aide au choix pour le candidat et les familles. Il est néanmoins intéressant de voir comment pourraient évoluer les choses dans les années à venir. Jean-Pierre Boisivon nous donne son avis sur la question...

    Pourquoi les critères sur lesquels les candidats choisissent une école sont-il toujours les mêmes ?

    Parce que le système en lui-même est très conservateur ! Un étudiant

    qui a réussi plusieurs concours choisira toujours l'école la mieux classée,

    qui n'est pas forcément celle qui lui convient le mieux. C'est dommage,

    mais c'est ainsi.

    Dommage ? Pourquoi ?

    Parce que ce système de hiérarchisation stricte apporte peu d'informations sur le candidat à la sortie du cursus. Je dirai pour caricaturer : le plus difficile est d'entrer dans l'école ! Après, les étudiants travaillent, oui, mais pas autant que pendant leurs années de prépa. Et une fois diplômés, les interroge-t-on sur ce qu'ils ont appris, sur ce qu'ils sont devenus pendant leurs années d'études ? Rarement. Ce qui rassure les parents et attire les recruteurs c'est le concours obtenu. L' « étiquette » qui colle à la peau de l'étudiant pendant son parcours professionnel. C'est une pratique typiquement française. En Allemagne, par exemple, on peut être amené à présenter son bulletin de notes lors de l'entretien d'embauche. Chez nous, le concours d'entrée se suffit à lui-même, quels que soient les résultats obtenus pendant la scolarité.

    Le système des écoles aussi est caractéristique ?

    Absolument. L'enseignement supérieur dans d'autres pays se fait surtout au sein d'universités, elles mêmes plus ou moins bien classées, donc plus ou moins prestigieuses. Mais l'opposition écoles universités est une exclusivité française !

    Comment faire évoluer les choses ?

    En évaluant les institutions éducatives sur le niveau des étudiants à la sortie. La capacité de réussir un concours à 19 ans ne garantit en rien la bonne adéquation du profil à un marché, un secteur. Et n'est pas un gage d'équilibre professionnel. Évaluer les étudiants à la sortie permettrait aux candidats comme aux recruteurs de coller le plus possible à la réalité. Mais si l'on procédait ainsi, il y aurait sans doute des surprises sur la hiérarchie des écoles. Ainsi, il ne faut pas mépriser celles qui ne figurent pas forcément en premières places des classements. Visées par l'État, une quinzaine d'entre elles offrent par exemple de belles perspectives après le bac. Moins bien classées, elles cherchent à sortir du lot et sont donc souvent très dynamiques et innovantes !

    Jean-Pierre Boisivon : Professeur émérite à l'Université II Panthéon-Assas, conseiller du président de la FNEGE* et ancien directeur général de l'ESSEC.

    Ces propos ont été recueillis par Angela Portella et publiés dans le supplément écoles du journal le Parisien le 25 mai 2009.

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