Bac 2015 : Des copies corrigées « à l'arrache »

Des enseignants franciliens s’émeuvent des conditions de correction de l’examen cette année. « Cela s’est très mal passé », estime le syndicat des proviseurs. Explications.

Des enseignants-correcteurs se sont vu remettre un paquet de copies à quelques heures seulement de la saisie des résultats du bac
Des enseignants-correcteurs se sont vu remettre un paquet de copies à quelques heures seulement de la saisie des résultats du bac

    Des enseignants franciliens s’émeuvent des conditions de correction de l’examen cette année. « Cela s’est très mal passé », estime le syndicat des proviseurs. Explications.

    Ce matin à partir de 9 heures, les 684 734 candidats au bac sauront s'ils obtiennent leur passeport pour les études supérieures. Aucun n'imagine en revanche que sa production a peut-être été corrigée « à l'arrache », comme disent les jeunes. C'est pourtant ce qui est arrivé à plusieurs centaines de copies en Ile-de-France. Quelques heures avant la saisie informatique des notes, le 2 juillet à 18 heures, des correcteurs se sont en effet vu remettre un paquet de copies, en particulier en langue vivante 2, à évaluer dans l'urgence.

    1 jour pour corriger 40 copies

    « Moi, je me suis retrouvé avec une quarantaine de nouvelles copies le 1 er juillet », dénonce un professeur des Hauts-de-Seine. Il a eu un jour seulement pour les noter contre une semaine pour la centaine qu'il avait à l'origine récupérées. « Forcément, j'ai passé moins de temps, j'étais en mode automatique, un peu moins alerte », reconnaît-il. Plus étonnant encore, dans ce lot qui ne devait initialement pas lui revenir, il a reconnu l'écriture d'une poignée de… ses propres élèves ! Une entorse au sacro-saint principe de l'anonymat des copies. « Mais j'ai été très juste », assure-t-il.

    Des remplaçants injoignables

    Chaque année, des enseignants-correcteurs sont convoqués. Lorsqu'ils ne peuvent répondre présent (parce qu'ils sont en arrêt de travail par exemple), des remplaçants prennent le relais. Ces réservistes sont potentiellement tous les professeurs qui n'ont pas été convoqués et qui, selon une circulaire annuelle, doivent se tenir à disposition. Mais quand ceux-ci sont injoignables, les correcteurs titulaires, déjà mis à contribution, sont parfois appelés à la rescousse et sur le gong par les proviseurs. Cette année, ce cas de figure a été plus fréquent que d'habitude, à en croire les syndicats. « La correction du bac s'est très mal passée en Ile-de-France. Il y avait des centaines de copies sans correcteurs et parallèlement des professeurs convoqués par le passé pour corriger qui ne l'étaient pas cette année », dénonce Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat des chefs d'établissement. Dominique Chauvin, cosecrétaire général de la section académique de Créteil du SNES-FSU, premier syndicat de profs dans le second degré, avance plusieurs raisons : avec un calendrier des épreuves revu et corrigé cette année, un certain nombre de disciplines ont eu un temps de correction réduit. Le syndicaliste observe aussi que, dans un climat général difficile qui épuise le corps professoral, « plus de collègues se sont fait porter pâle ». Directeur de la Maison des examens qui orchestre le bac en Ile-de-France, Vincent Goudet ne nie pas le problème lié à des difficultés de remplacement. « Avec un temps plus limité, la correction est un peu moins bonne », concède-t-il, tout en évoquant un « impact mesuré ». Il estime que cela reste très marginal par rapport aux 600 000 copies évaluées dans la région. Et de rappeler qu'un délai supplémentaire a été accordé aux correcteurs ayant récupéré un paquet le 2 juillet et qui « n'étaient pas prêts » pour entrer les notes dans le logiciel le soir même.

    Vincent MONGAILLARD

    Fin du suspense pour Claire et Yassine

    Claire et Yassine, ces deux lycéens que notre journal a suivis au quotidien tout au long des épreuves, vont enfin savoir. Tous les deux ont passé l’examen dans la section économique et sociale (ES), option maths.

    Yassine, élève du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), se montre plus inquiet. « J'étais plutôt confiant, mais plus les jours passent et plus je doute », confiait-il au beau milieu de ce tunnel d'attente entre la fin des épreuves et le couperet des résultats. L'angoisse est d'autant plus grande pour Yassine que, comme des milliers d'autres bacheliers, il commence dès demain un petit boulot d'été — il sera facteur. « Si je vais au rattrapage, je ne sais pas comment je vais faire », songe le jeune homme, qui pense s'inscrire l'an prochain en fac d'économie, « ou dans une école de commerce » si les procédures complémentaires de l'admission postbac le lui permettent. Statistiquement, Yassine comme Claire ont peu de souci à se faire. L'an dernier, 80,3 % des candidats ont été admis dès le premier groupe d'épreuves au bac général et, sur les 15 % d'élèves collés au rattrapage, 7 sur 10 l'ont eu.

    Claire, 17 ans, qui vient d'apprendre son admission à Sciences-po Paris, ne participera pas à la cohue parmi ses camarades du lycée Hector-Berlioz de Vincennes (Val-de-Marne) : elle a déjà pris ses quartiers d'été pour une virée en Espagne entre copines. Ses bulletins scolaires, comme ceux de ses amies, sont assez bons pour n'avoir aucun doute sur l'issue du bac, et ce sont ses parents qui se chargeront de lui transmettre ses notes.

    Christel Brigaudeau

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