On est pas sérieux quand on a 17 ans… On l’est beaucoup plus quand on en a 13, avec un QI labellisé hors norme et une convocation au baccalauréat reçue avec quatre ans d’avance par rapport au commun des élèves. Pierre-Antoine Clouzeau-Nicolas a ce profil ; il est l’un des quatre benjamins du bac 2015. Ils passeront l’examen avant d’avoir soufflé leur 14 e bougie.
Bouille ronde, joues roses et grosses lunettes à monture bleu violacé, le Niçois concourt dans la filière S, spécialité maths. Et alors ? Et alors rien ! « J’oublie son âge, avec son 1,77 m, il se fond dans la masse physiquement et mentalement il est très mature, curieux de tout », louange Eric Vigneau, son prof de philo au lycée France Maths de Nice, un établissement privé hors contrat géré par Acadomia.
En philo, Pierre-Antoine a commencé « par un 5/20 comme tout le monde, relate Eric Vigneau. Mais il est passé de 5 à 16 en trois trimestres. Il a une capacité de travail extraordinaire. Pour cette année de terminale, il est excellent à peu près partout. Et il adore discuter. » La politique le passionne : il espère en faire son métier et se prend à rêver d'une carrière de… président de la République. « Quoique. Ce n'est peut-être pas la fonction qui donne le plus de pouvoir pour agir concrètement », estime Pierre-Antoine. De toutes les matières, c'est quand même les maths qu'il préfère, « parce que tout se démontre. Il n'y a pas de place pour la croyance, on fait. »
Sa maman, Marie, attachée de presse, jure n’être pour rien dans l’avance considérable de son fils unique, qui est entré directement en CE 1 à 5 ans, a bouclé sa scolarité primaire en deux ans, pour se retrouver collégien… à 7 ans et lycéen à 10 ans. « C’est lui qui est en demande et je l’accompagne, affirme-t-elle. Je lui laisse de l’autonomie, mais je n’oublie pas son âge : quand il sort avec des amis de son groupe de préparation à Sciences-po, je veux qu’il soit à la maison à 21 h 30 au plus tard. A 13 ans, on n’a pas à être dans la rue tard le soir. »
C'est un peu tôt, aussi, pour prendre ses cliques et ses claques et quitter le foyer familal : en attendant d'avoir 17 ans, l'âge de plonger, comme il dit, « avec les gros poissons » de Sciences-po Paris, Pierre-Antoine va s'offrir des petits détours : une inscription en « classe prépa ou en droit » près de la maison, pour le plaisir, ou presque.
CHRISTEL BRIGAUDEAU
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