Bac 2017 : les corrigés de philosophie

Épreuve tant redoutée, qui lance les épreuves du Bac. Voici les corrigés de philosophie, première épreuve passée ce jeudi par les candidats des séries générales et technologiques au Bac 2017.

Bac 2017 : les corrigés de philosophie

    Épreuve tant redoutée, qui lance les épreuves du Bac. Voici les corrigés de philosophie, première épreuve passée ce jeudi par les candidats des séries générales et technologiques au Bac 2017.

    Consultez ici les sujets du Bac Philo 2017 en intégralité

    Examen du jeudi 15 juin 2017 de 8h à 12h

    Durée de l'épreuve de philosophie : 4h

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    Bac de philo : suivez le corrigé en direct avec le professeur Eric Deschavanne et posez-lui vos questions !

    Posted by Le Parisien Etudiant on Thursday, June 15, 2017

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    Il est toujours bon de rappeler que le corrigé qui suit n’est pas un corrigé type (les délais sont trop courts pour y prétendre) mais constitue des pistes permettant à l’élève de se situer par rapport à la copie réalisée.

    Corrigé du Bac Philo Série L : Littéraire (Coef. 7)

    Corrigé Sujet 1 - Suffit-il d’observer pour connaître ?

    Le premier sujet : « Suffit-il d’observer pour connaître ? » est un sujet de philosophie des sciences ou épistémologie. Il est devenu classique de proposer ce type de sujet à la série littéraire pour que les élèves puissent avancer une réflexion dans un domaine qui n’est pas le leur a priori. Cependant, ce type de sujet est souvent jugé comme complexe par les élèves et rares sont ceux qui osent si attarder.

    Le sujet met clairement en place le rapport qui se joue entre l’observation et la connaissance. Il faut donc rapidement définir ces deux notions. L’observation peut être définie comme une perception attentive et minutieuse, ce qui la distingue de notre perception quotidienne. La connaissance ici concerne la connaissance scientifique c’est-à-dire un ensemble de propositions qui obéissent à des lois rationnelles universelles.

    La question que pose le sujet est donc de savoir si l’observation est suffisante pour accéder à des connaissances scientifiques ou si, au contraire, il est besoin de plus pour parvenir à ce type précis de connaissances.

    Il est possible d’envisager dans un premier temps que l’observation constitue une étape importante voire nécessaire dans l’élaboration des connaissances scientifiques. En effet, le scientifique observe d’abord les phénomènes qui nourrissent son étonnement et il peut ensuite s’interroger sur la cause des phénomènes en question, ce qui lui permet de formuler différentes hypothèses.

    Seulement, l’observation ne peut tout à fait prétendre au statut de connaissance car elle n’est pas vérifiée. En science, les faits ne sont jamais donnés mais construits par tout un protocole expérimental qui seul peut prétendre au statut de connaissance. La perception peut être trompeuse et elle a besoin de la raison pour être complétée.

    C’est donc par l’élaboration de théories souvent inobservables que la connaissance est acquise. Il faut même parfois que la science s’écarte radicalement de l’observation pour pouvoir prétendre à l’élaboration de nouvelles connaissances.

    Un tel sujet pouvait mobiliser un certain nombre de références classiques. Pour la première partie, il était possible de solliciter La Métaphysique d’Aristote où il distingue les étapes progressives de la connaissance, qui vont de la sensation et l’observation à la science.

    Bachelard constitue une référence efficace pour la deuxième partie. Dans La Formation de l’esprit scientifique, l’auteur montre que la connaissance scientifique doit se construire contre l’illusion d’un savoir immédiat par l’observation.

    Enfin, il était possible de faire référence à Kant et sa Critique de la raison pure pour la dernière partie. Dans la préface de son œuvre, Kant souligne le progrès réalisé par la science lorsqu’elle a cessé de se contenter des faits pour les interroger à partir d’une théorie.

    Beaucoup d’autres références pouvaient être utilisées par les candidats.

    Corrigé Sujet 2 : Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ?

    Le deuxième sujet est sans doute un peu plus simple, ce qui ne doit pas empêcher l’élaboration d’une véritable problématique.

    Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ?

    La réponse au sujet semble évidente. En effet, si j’ai le droit de réaliser telle ou telle action c’est-à-dire si le corpus des lois d’une société donnée m’autorise à agir, alors je suis nécessairement juste. La justice peut dans un premier temps être définie comme l’institution chargée de faire respecter les lois lorsque ces dernières ne sont pas respectées et, si j’ai le droit de mon côté, j’ai également la justice avec moi.

    Pourtant, il n’est pas impossible que des lois soient injustes. En effet, certains systèmes législatifs mettent en place des lois que l’on peut juger comme étant injustes. Il faut alors remarquer que le sens de la notion de justice évolue et il faut l’entendre, non plus comme l’institution chargée de faire respecter les lois, mais comme une valeur morale. C’est au nom de la justice que nous pouvons juger que certaines lois sont injustes et qu’il ne faut pas leur obéir même si nous en avons le droit.

    Lorsque nous sommes confrontés à des lois injustes, il est du devoir des citoyens de les combattre et de tenter de les renverser afin d’obtenir une correspondance entre la justice légale et la justice morale. C’est à ce prix que ce que nous avons le droit de faire devient véritablement juste.

    Les références possibles pour un tel sujet sont les suivantes. Pour la première partie le candidat pouvait utiliser un texte de Mill dans L’Utilitarisme où l’auteur définit la justice comme conformité à la loi.

    Dans un deuxième temps, le candidat pouvait reprendre un texte d’Aristote tiré de son Ethique à Nicomaque. Aristote concède d’abord que ce qui est légal est juste avant de montrer que la justice est une vertu complète.

    Enfin, Thoreau et le concept de désobéissance civile pouvait constituer une bonne référence pour la dernière partie.

    Corrigé Sujet 3 : explication de texte

    Le sujet d’explication de texte présente un extrait du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Rousseau. Si l’œuvre et l’auteur sont célèbres, le texte n’en est pas moins difficile.

    Clairement, Rousseau s’oppose à Maupertuis quant au problème de la bonté ou non de l’homme. L’objet du texte est donc l’opposition entre l’homme naturel et l’homme civilisé et le problème que pose l’auteur est de savoir si l’homme est mauvais naturellement ou s’il l’est à la suite d’une perversion de la culture. Rousseau tranche clairement ce problème en montrant que c’est la civilisation qui a perverti l’homme et non la nature. Contre cette dégradation, il eut été préférable pour l’homme de rester à l’état de nature, c’es-à-dire une situation dans laquelle l’homme n’est soumis à aucune loi.

    Rousseau commence par reprendre la thèse de Maupertuis qui s’est proposé de peser le pour et le contre de l’existence et en a conclu que l’existence humaine tend vers le malheur plutôt que vers le bonheur. Le reproche que Rousseau fait à cette interprétation est qu’elle s’intéresse à l’homme issu de la culture, c’est-à-dire des lois de la civilisation, et non à l’homme naturel. Rousseau insiste alors sur le fait que l’ensemble des entreprises humaines, à savoir les sciences, le développement technique… n’ont pas permis à l’homme de parvenir au bonheur, bien au contraire. Contre cette entreprise de civilisation, Rousseau propose plutôt de revenir, autant que faire se peut, à l’état de nature qui lui apparaît comme la condition du bonheur de l’homme. Reste à savoir si cela est possible.

    Les notions sur lesquelles il fallait s’arrêter fortement sont celle d’existence humaine, d’état de nature, de culture et civilisation (science et technique), de bonheur.

    Corrigé du Bac Philo Série ES : Economique et sociale (Coef. 4)

    Eléments de corrigé par Francis Métivier, professeur de philosophie, docteur en philosophie (Paris IV Sorbonne), auteur de Rock’n philo et Rock’n philo vol. 2 (J’ai Lu, 2015, 2016), Liberté inconditionnelle (Pygmalion-Flammarion, 2016) et Mythologie des présidentiables (Pygmalion-Flammarion, 2017).

    Corrigé Sujet 1

    La raison peut-elle rendre raison de tout ?

    Le sujet est assez difficile dans son approche, plutôt sans risque dans son traitement. Il est classique dans son contenu mais inédit sous sa forme et sa formulation (qui contient deux fois le mot « raison »)

    Sa difficulté réside dans la formule « rendre raison » qui signifie, dans le langage courant, expliquer, justifier.

    Reformulée, la question donne : La raison peut-elle tout expliquer ? La raison peut-elle développer un savoir explicatif sur toute chose, dans tout domaine ? Peut-elle prétendre au savoir total ?

    Erreur et contresens à éviter : la question n’est donc pas de savoir si la raison peut expliquer les choses, mais si elle peut expliquer toute chose, sans exception.

    Le problème pouvait être ainsi posé : La raison peut être définie comme une aptitude à démontrer les faits, les hypothèses ou les idées principalement par un rapport de causalité, de cause à effet, du type « si… alors… » ; en ce sens, tout, en théorie est démontrable et explicable rationnellement. Cependant, il existe des phénomènes inexpliqués, des énigmes non résolues, des hypothèses non démontrées : la raison n’a pas de prise sur eux.

    Le sujet implique ici de se poser la question : à côté de la raison qui pourrait ne pas tout expliquer, avons-nous d’autres aptitudes pouvant compenser l’impuissance de la raison ? Lesquelles ?

    Les notions du programme en jeu dans le sujet sont : La raison et le réel, la démonstration et l’interprétation, la conscience.

    Quelques auteurs possibles :

    Pascal, Pensées, « Le cœur a ses raison que la raison ignore » : les sentiments et la foi échappent au savoir rationnel.

    Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, la raison est capable d’un savoir total.

    Il était possible de raisonner selon le plan suivant :

    I- En théorie, la raison peut rendre raison de tout, si scientifiquement tout est explicable par des raisonnements de type causal ou si tout peut être réduit en langage universel, mathématique par exemple.

    II- Dans la pratique et dans l’état actuel du savoir, la raison se heurte à ses propres méthodes, inadaptées pour certains faits humains (l’amour s’explique-t-il rationnellement ?) ou certains faits physiques (le problème de l’anti-matière).

    III- La raison n’est pas que théorique (liée au savoir), elle est aussi morale (liée à l’action) : mais là encore la raison pratique (l’usage que nous faisons des connaissances) n’est pas toujours capable de rendre raison de ce qu’elle fait de la science ou de la technique par exemple. L’usage de ce qui est construit rationnellement (par exemple une arme) n’est pas nécessairement raisonnable.

    Ouverture : on pouvait se demander si des savoirs et des pratiques qui ne sont pas toujours rationnels (comme l’art) ne sont pas malgré tout capables de « rendre raison de tout ».

    Corrigé Sujet 2

    Une œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

    Le sujet est apparemment assez facile dans son approche et son traitement classique dans son fond et dans sa forme. Il pose la question de la beauté nécessaire – et non accidentelle – de toute œuvre à partir du moment où elle est dite « artistique ».

    Reformulée, la question donne : à partir du moment où une œuvre (qui peut être autre qu’artistique) est reconnue comme artistique, cette caractéristique lui confère-t-elle automatiquement une valeur de beauté ? « Nécessairement » signifie ici que la beauté serait consubstantielle à l’œuvre d’art, qu’elle serait son critère essentiel.

    Une contresens était à éviter car le sujet demande si une œuvre d’art est, de fait, belle, et non si une œuvre d’art se doit, de droit, d’être belle. Même si l’artiste ne vise pas toujours le beau, de fait, produit-il forcément (et même sans le vouloir) le beau ?

    Le problème pouvait être ainsi posé : D’un côté, nous avons tendance à penser qu’une œuvre d’art est forcément belle puisque ce serait là le but de l’art (le jugement « c’est beau ! » est très courant dans un tableau) ; mais d’un autre côté, nous reconnaissons pas comme beau ce qui est pourtant de l’art.

    La difficulté du sujet réside notamment dans le besoin d’un travail de définitions (au pluriel) des concept en jeu : Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Qu’est-ce que le beau ?

    Les notions du programme en jeu dans le sujet sont : l’art, la conscience (la conscience de l’art et du beau), l’inconscient (l’artiste peut-il produire inconsciemment du beau ?), la raison et la démonstration (la raison esthétique qui jugerait du beau et du laid).

    Il était possible de raisonner selon le plan suivant :

    I- Le beau est une caractéristique nécessaire de l’œuvre d’art puisque ce critère est ce qui accompagne le projet de l’artiste.

    II- Le beau est une valeur esthétique qui n’existe pas dans l’œuvre d’art même mais dans le jugement que l’on peut avoir sur elle. Les jugements étant relatifs au sujet, toute œuvre d’art n’est pas nécessairement belle : « Des goûts et des couleurs ont ne discute pas »

    III- L’art ne vise ni le beau ni le laid, la considération esthétique (au sens des règles de l’art et du beau) est très secondaire dans l’art. Son but premier est différent : sentir un faire ressentir une émotion, ou encore délivrer un message.

    Auteur principal possible :

    Kant, Critique de la faculté de juger, « L’art est n’est pas la représentation d’un belle chose mais la belle représentation d’une chose ». L’œuvre d’art, même si elle représente un objet laid dans la vie, est une forme nécessairement belle, le beau étant par ailleurs défini par Kant comme un jugement de goût universel.

    Ouverture : on pouvait s’interroger sur la possibilité du beau en dehors de l’art, le corps humain ou la nature en soi (sans leur représentation artistique)

    Corrigé Sujet 3

    Explication d’un texte de Hobbes extrait du Léviathan.

    Le sujet est assez difficile dans son approche et dans son traitement.

    La question que pose le texte est la suivante : La liberté se définit-elle dans les cadres de la loi ou hors des cadres de la loi ?

    Le problème et la thèse : Habituellement, nous disons que la liberté humaine doit être encadrée par la loi. Hobbes prend le contre-pied de cette idée et démontre la thèse suivante : la liberté des hommes, dans une société, réside dans ce que le souverain (qui fait les loi, ici) a « passé sous silence », c’est-à-dire ce qu’il n’a pas jugé bon de préciser dans la loi et qui correspond à des actions permises. La loi énonce ce qui est formellement interdit, non ce qu’il est possible de faire (le droit de faire ceci ou cela).

    Le problème que le texte pose est dont le rôle de la loi (ce qu’elle doit énoncer) au regard de notre liberté. Cette liberté se définit par tout ce que la loi ne précise pas.

    Notions du programme en jeu : la liberté, le droit (comme système de lois), l’État (qui établit la loi).

    Plan du texte :

    l. 1 à 5 – Nous avons la liberté (la possibilité) de faire ce que la loi ne dit pas (n’interdit pas).

    l. 5 à 8 – Exemple : physiquement il serait absurde de revendiquer la liberté de se débattre alors que nous ne serions pas enchaînés.

    l. 8 à 11 – Il serait également absurde de revendiquer de se soustraire aux lois (parce qu’elle serait contraignante) alors que celle-ci nous protège (en matière de sécurité).

    l. 11 à 14 – La loi nous protège par les sanctions prévues en cas d’acte illégal : la loi n’est connue et efficace que dans cette mesure. Pourtant les hommes voudraient s’en libérer, ce qui est absurde.

    l. 14 à 19 – Thèse de l’auteur (ce que la loi ne dit pas est autorisé et non sanctionné) et exemples.

    Corrigé du Bac Philo Série S : Scientifique (Coef. 3)

    Eléments de corrigé par Francis Métivier, professeur de philosophie, docteur en philosophie (Paris IV Sorbonne), auteur de Rock’n philo et Rock’n philo vol. 2 (J’ai Lu, 2015, 2016), Liberté inconditionnelle (Pygmalion-Flammarion, 2016) et Mythologie des présidentiables (Pygmalion-Flammarion, 2017).

    Corrigé Sujet 1

    Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?

    Le sujet est assez facile dans son approche, assez difficile dans son traitement. Il est classique dans son contenu et dans sa forme, à la fois en philosophie politique et sociale, et dans la vie courante.

    Reformulée, la question donne : La défense de ses droits se réduit-elle à revendiquer ses intérêts ou, à l’inverse, défendre ses droits vise-t-il un dépassement de « ses » intérêts ?

    Sa difficulté du sujet réside dans l’analyse du concept d’intérêt (qu’est-ce qu’un intérêt ? qu’est-ce qui s’oppose à l’intérêt ?), et dans la formule « ses intérêts » : est-ce que l’expression désigne mes intérêts personnels, ou les intérêts d’un groupe particulier (une corporation, un syndicat ou une association par exemple) ? Il était donc bon de se poser cette question : Mes intérêts personnels sont-ils aussi ceux de tout citoyen, ou est-ce que ce sont des intérêts strictement individuels ?

    En fait, l’ensemble de ses possibilités pouvait être vu et même donner des éléments d’articulation pour le plan.

    Il convenait aussi de s’interroger sur le verbe « défendre » et ce qu’il implique problématiquement : défendre « ses » intérêts ne remet-il en cause d’autres intérêts ? Par exemple : défendre aujourd’hui « nos » intérêts (économiques et industriels par exemple) ne remet-il pas en cause les intérêts des hommes de demain et leur possibilité de défendre les leurs ?

    Les notions du programme en jeu dans le sujet sont : Le droit, la justice, la politique, la liberté.

    Quelques auteurs possibles :

    Marx : la classe exploitée doit défendre les intérêts de la classe exploitée.

    Rousseau, Contrat social, le droit du plus fort dans une tyrannie VS l’intérêt de la volonté générale dans une république.

    Hans Jonas, Le principe responsabilité, la défense de ses droits doit tenir compte des droits universels et intemporels de l’homme, en particulier de celle des générations futures.

    Il était possible de raisonner selon le plan suivant :

    I- Défendre ses droits revient d’abord à défendre ses intérêts personnels, individuels ou corporatistes.

    II- Défendre ses droits consiste à défendre en fait les droits de tous, l’intérêt dont il s’agit alors est l’intérêt général.

    III- Défendre ses droits va bien au-delà de la défense de ses intérêts et même d’intérêts tout court. Défendre ses droits est défendre des libertés universelles et non limitées dans le temps.

    Ouverture : on pouvait poser la question de l’action des personnes qui, en apparence, défendent les intérêts d’autrui avant tout, au détriment des leurs, ou encore la question du don de soi.

    Corrigé Sujet 2

    Peut-on se libérer de sa culture ?

    Le sujet est assez difficile dans son approche et dans son traitement. Il est assez inédit en philosophie, bien qu’assez classique dans l’opinion courante.

    La première chose à faire ici est de s’étonner d’une telle question : Pourquoi se libèrerait-on de sa culture ? En effet, nous pouvons penser que la culture nous arrache à une nature sauvage, animale, ou encore qu’elle est source de savoir, de savoir-faire, de savoir-être et qu’elle contribue au progrès de l’humanité.

    La question « Peut-on se libérer de sa culture ? » implique donc l’idée préalable qu’on l’on voudrait se soustraire (échapper à) de sa culture : pourquoi ? Qu’est-ce qui est pesant, contraignant, voire destructeur, humiliant, dans une culture ?

    Le mot culture pouvait être donc pris dans les deux sens : 1) la civilisation comme ensemble de pratiques, de coutumes, 2) la culture comme ensemble de connaissance (la culture générale).

    Reformulée, la question donne : Notre culture nous définit-elle à ce point si essentiel que nous pourrions, même si nous le voulions, rompre avec elle (nous « colle-t-elle à la peau », pour le dire ainsi). Le problème porte sur la possibilité et le pouvoir de se débarrasser d’une culture propre.

    Les notions du programme en jeu dans le sujet sont : la culture, l’histoire (pouvons-nous rompre avec notre histoire ?), le droit (avons-nous le droit de rompre avec notre culture ?), la justice (n’est-il pas vital de changer de culture ?), la liberté, le bonheur.

    Il était possible de raisonner selon le plan suivant :

    I- Nous ne pouvons nous libérer de notre culture propre car nous sommes le fruit d’une civilisation et de son histoire.

    II- Nous ne pouvons nous libérer de notre culture, de toute culture, quelle qu’elle soit, qu’au risque de perdre notre humanité.

    III- Nous pouvons nous libérer de notre culture et vivre dans une autre culture (une autre civilisation, une autre époque de l’histoire).

    Auteurs possibles :

    Kant, Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique.

    Marx et de la révolution devant permettre pour la classe dominée de change de culture.

    Lévi-Strauss, Tristes tropiques.

    Ouverture : on pouvait s’interroger sur le lien entre libération et bonheur (se libérer de notre culture peut-il nous rendre heureux ?)

    Corrigé Sujet 3

    Explication d’un texte de Foucault extrait de Dits et Écrits.

    Le sujet est difficile dans son approche et son traitement.

    Le texte porte sur la notion d’erreur. La thèse du texte de Foucault consiste à dire que l’erreur est à la fois constitutive du vivant et de la connaissance que l’être à la fois vivant et pensant développe.

    Le problème peut être posé ainsi : habituellement, le vivant se définit comme reproduction de l’identique et de là, la normalité du vivant se définit comme absence de déviance, de différences entre les êtres de la même espèce.

    Foucault prend le contre-pied de cette idée : l’erreur et l’anormal sont la norme du vivant ; il est donc logique que la connaissance soit à l’image de l’être vivant qui pense, qu’il en ait les mêmes caractéristiques : l’erreur, la variation.

    L’idée est originale et rend l’explication du texte assez compliquée : la pensée et la connaissance n’existent pas sans un être vivant qui pense. Or le vivant est fait de mutations, d’évolutions. Le vivant est aléatoire. Donc, en toute logique, la pensée et la connaissance qui en découlent présentent les mêmes traits.

    Notions du programme en jeu : la vérité, la raison et le réel, le vivant, la démonstration.

    Corrigé du Bac Philo Séries Technologique (Coef. 2)

    Il est toujours bon de rappeler que le corrigé qui suit n’est pas un corrigé type (les délais sont trop courts pour y prétendre) mais constitue des pistes permettant à l’élève de se situer par rapport à la copie réalisée.

    Sujet 1

    Le premier sujet : « Y a-t-il un mauvais usage de la raison ? » apparaît comme particulièrement difficile et il est probable que peu de candidats décident de s’aventurer dans son traitement.

    Pour pouvoir traiter un tel sujet il faut d’abord définir la notion principale : la raison. La raison est la faculté de l’esprit qui permet de distinguer le vrai du faux ou le bien du mal. En tant que faculté, la raison apparaît comme une caractéristique essentielle de l’homme et tout homme en est pourvu. Partant de ce constat, tout homme fait usage de sa raison et il semble difficile de distinguer un bon d’un mauvais usage de la raison.

    Pourtant, la raison possède un domaine d’application qui lui est propre, celui de la connaissance. C’est par la raison que nous connaissons et que nous jugeons de ce qui est vrai ou faux. Il faut donc qu’elle s’appuie sur une méthode afin de pouvoir déterminer avec certitude la vérité.

    Le mauvais usage de la raison consisterait donc dans le fait soit d’appliquer la raison à des domaines qui ne sont pas les siens, soit d’user d’une mauvaise méthode pour dégager la vérité. La raison est donc comme un outil qu’il faut savoir manier pour qu’elle réalise son but.

    Les références philosophiques pouvant être utilisées sont les suivantes. Pour la première partie, il était possible de reprendre l’une des thèses d’Epictète dans ses Entretiens où il montre que les hommes négligent l’usage de leur raison.

    Pour la deuxième partie, l’importance accordée par Descartes (Discours de la méthode) à la méthode conduisant à la vérité apparaît comme une référence incontournable.

    Enfin, il était possible de solliciter Kant (Critique de la raison pure) lorsqu’il critique le mauvais usage de la raison réalisé par la métaphysique.

    Sujet 2

    Le sujet 2 semble plus simple et plus classique. Il aborde un thème souvent apprécié des élèves : le bonheur.

    Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?

    La notion de bonheur recouvre l’idée d’un état de satisfaction durable que nous cherchons à atteindre par nos actions et selon un mode de représentation personnel. Il semble donc évident que le bonheur doit être recherché pour être atteint. D’ailleurs, tout homme ne recherche-t-il pas cet état de satisfaction ? La réponse au sujet semble donc évidente et pourtant il faut la nuancer.

    Si tout homme recherche le bonheur, rares sont ceux qui y parviennent. D’où cela peut-il provenir ? Du fait que le bonheur est souvent lié au hasard ou à la chance et donc ne dépend pas toujours pleinement de notre bonne volonté. Pour parvenir au bonheur, il faut satisfaire ses désirs. Malheureusement, cette satisfaction est toujours délicate et peut conduire au malheur.

    Plutôt que de chercher à tout prix le bonheur dans la satisfaction incessante des désirs, il est peut-être plus sage d’apprendre à contrôler nos désirs et de parvenir à une forme de contentement, elle-même envisageable comme une forme de bonheur. Il faut alors distinguer le bonheur entendu comme renouvellement incessant des désirs et le bonheur entendu comme contentement.

    Les candidats pouvaient utiliser Rousseau pour commencer. Ce dernier montre que le bonheur est déjà présent dans la simple recherche du bonheur. Il y a plus de plaisir à rechercher le bonheur qu’à satisfaire tous ses désirs.

    Schopenhauer apparaît comme une bonne référence quant au risque de malheur lié à la recherche incessante de satisfaction.

    Enfin, le thème du contrôle des désirs comme condition du contentement est présent chez plusieurs philosophes comme Epicure ou Epictète.

    Sujet 3

    1. Le texte proposé cette année est extrait de l’œuvre Education et sociologie de Durkheim et défend l’idée selon laquelle la société permet aux hommes de développer l’ensemble de leurs facultés non seulement au sein d’une même génération mais également d’une génération à l’autre. Sans la société, l’homme serait réduit à l’animalité. L’auteur témoigne d’une grande confiance dans la notion de progrès.

    2.a) La phrase « il n’est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels » signifie que l’homme est un animal social, c’est-à-dire qu’il évolue au sein d’une société grâce à laquelle tous les individus coopèrent. Du fait de cette collaboration, les hommes multiplient les effets de leur travail individuel. A l’inverse, l’animal ne peut compter que sur lui-même et ses efforts personnels.

    b) « la sagesse humaine s’accumule sans terme » signifie que de génération en génération, les hommes développent des connaissances et des savoirs qui sont emmagasinés dans une mémoire collective. Cela permet un développement constant de l’humanité alors que chaque génération animale est mue par un instinct qui ne connaît aucune évolution.

    c) « c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même » signifie que grâce au développement de ses savoirs, l’homme dépasse non seulement l’animal puisque ce dernier n’accumule rien. Mais l’homme se dépasse aussi lui-même au sens où chaque génération se repose sur les acquis précédents pour développer de nouveaux savoirs et de nouvelles techniques. Le progrès de l’humanité est constant pour Durkheim. La condition de possibilité de ce progrès est l’appartenance de l’homme à la société.

    3. Il semble à première vue que la vie au sein de la société est facteur de progrès. Sans la société, l’homme ne serait pas plus développé que les animaux. La société permet aux hommes de se développer du fait de leur collaboration. Aristote montre bien que l’homme est un animal politique, c’est-à-dire qu’il ne peut se passer de la société pour évoluer et actualiser toutes ses facultés.

    Pourtant, si la société semble être facteur de progrès, l’est-elle toujours ? La confiance dans le progrès constant de l’humanité est un thème qui a connu une profonde critique à partir du XXe siècle. Certains auteurs comme Jonas soutiennent que le progrès de l’humanité fut tel que l’humanité s’est mise en danger et a mis en danger la nature. Il propose alors d’appliquer un principe de responsabilité et de retrouver un progrès qui ne soit pas synonyme d’une destruction annoncée de l’humanité.

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