Bac 2019 : le corrigé du Bac littérature (Bac L)

2h d'épreuve pour les lycéens en série L ce jeudi 20 juin, une épreuve phare pour les littéraires ! Voici le corrigé et les commentaires du correcteur sur l'épreuve.

Bac 2019 : le corrigé du Bac littérature (Bac L)

    Le corrigé de l'épreuve de littérature du Bac 2019 pour les séries L est désormais disponible ici !

    Les sujets du Bac L de Littérature 2019 disponible ici

    Série L : Littéraire (Coef. 4)

    Durée de l'épreuve : 2h

    Corrigé du Bac L de Littérature 2019

    Commentaires du professeur correcteur :

    L'avis de la correctrice, Sandrine Caroff-Urfer, docteure en littérature, professeure de lettres dans l'académie de Rennes : Les questions soumises au candidat portent sur Hernani de Victor Hugo, autrement dit la partie du programme renouvelée cette année. L’organisation d’ensemble des sujets et la répartition des points sont conventionnels : les élèves sont invités à réfléchir d’abord sur une partie de l’œuvre (question ponctuelle sur 8 points), puis sur un aspect transversal et global (question d’ensemble sur 12 points). Les sujets ne présentent pas de surprise particulière. Ils sont attendus et en adéquation complète avec la problématique des Instructions Officielles du programme.

    En termes de méthode, il est important de répondre aux questions en s’appuyant bien sur l’œuvre, dont il s’agit de montrer la connaissance réelle qu’on en a, mais si possible aussi sur des éléments liés à sa genèse et à sa réception (on pense évidemment à la fameuse « bataille d’Hernani »).

    Corrigé de la question 1 (8 points)

    Dans sa préface, Victor Hugo remercie « cette jeunesse puissante » pour qui il dit travailler. En quoi Hernani est-elle la pièce de la jeunesse ?

    En quoi Hernani est-elle écrite par et pour la jeunesse ? En quoi reflète-telle les aspirations et les spécificités de cette génération de 1830, fort bien décrite par Musset dans Les Confessions d’un enfant du siècle, qui est celle des Romantiques ? Autrement dit, en quoi Victor Hugo se fait-il ici le porte-parole de sa génération, et fait-il de sa pièce le manifeste ou le mot d’ordre de la jeunesse ? Le sujet se prête à un plan à thème constant : il s’agit de justifier cette interprétation de la pièce, en s’appuyant à la fois sur des éléments internes à l’œuvre (ou littéraires) et externes (ou historiques) : Hernani est en effet un acte tout autant poétique que politique.

    Pour les éléments internes à l’œuvre, notons d’abord la jeunesse de trois des quatre personnages principaux. Don Carlos est un roi qui devient empereur (situation de transformation et d’apprentissage). Hernani et Dona Sol poursuivent la tradition théâtrale du couple de jeunes premiers amoureux. L’intrigue s’articule autour d’un conflit générationnel : ces deux jeunes gens meurent du fait de la jalousie d’un vieillard, Don Ruy Gomez, et du fait de leur soumission à un ordre moral et idéologique ancien. Hernani incarne la puissance de révolte de cette jeunesse : c’est un « bandit » qui fédère autour de lui une troupe de trois mille montagnards. Par sa voix, on entend les aspirations contemporaines d’une jeunesse qui veut prendre dans la société la place que les anciens leur ont spoliée.

    Pour les éléments de contexte historique, on pourra souligner d’abord la jeunesse de Victor Hugo, et celles des artistes qu’il a réunis autour de lui dans le Cénacle. Théophile Gautier qui en faisait partie les dépeint comme « les chevaliers de l’avenir », ajoutant : « ils étaient beaux, libres et jeunes ». Soumis à la censure institutionnelle qui a refusé sa pièce Marion De Lorme un an plus tôt, Hugo s’appuie sur ce groupe pour préparer la première représentation de sa pièce. Le conflit de génération est mis en scène lors de la bataille d’Hernani qui a opposé les Romantiques, porteurs du monde nouveau, aux Classiques, incarnation de l’ancien monde. L’opposition est visible jusque dans le choix du costume et de l’apparence. On pense par exemple au fameux gilet rouge arboré par Théophile Gautier. Les Romantiques se mettent en scène comme provocateurs, non conventionnels, subversifs et épris de liberté, notamment de liberté d’expression. Il s’agit de revendications traditionnellement associées à la jeunesse

    Corrigé de la question 2 (12 points)

    En avril 1830, Balzac déclare à propos d’Hernani : « rien n’y est neuf. Qu’en pensez-vous ? »

    La citation choisie propose une lecture inattendue de la pièce, à contre-pied de l’image que l’histoire littéraire a construite et transmise, Hernani étant traditionnellement étudiée sous le prisme du renouvellement littéraire et esthétique. Il semble judicieux de proposer une réponse avec un plan dialectique, qui s’étonne du point de vue de Balzac avant d’en expliquer le propos.

    Les éléments novateurs de la pièce sont évidents. Il s’agit d’un drame romantique, tel que théorisé par Victor Hugo dans sa préface à Cromwell. En s’appuyant sur des exemples précis de l’œuvre, le candidat peut montrer qu’on a : une remise en cause des principes d’unité d’action, de bienséance, de vraisemblance ; une inadéquation entre le statut social et le comportement moral du personnage ; un goût pour le mélange des registres ; une refonte de la relation entre la scène et la salle. La pièce choque aussi les contemporains par un usage très novateur de la langue : enjambements provocateurs, usage de termes de registre courant, familiarités et trivialités d’expression, images très concrètes (les fameux « yeux noirs »). Tout cela a été abondamment repris et caricaturé dans les parodies auxquelles Hernani a donné lieu. Cette dimension poétiquement et politiquement révolutionnaire a été savamment cultivée par Victor Hugo lui-même, qui entretient sa légende : « Je fis souffler un vent révolutionnaire. // Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire. » (Les Contemplations, « Réponse à un acte d’accusation », 1854).

    Pour nuancer le propos, on peut rappeler certains éléments. Les personnages sont assez conventionnels : jeunes premiers, vieillard tour à tour un peu ridicule (type du vieux barbon) et très digne (dans la veine du vieux noble dans Le Cid de Corneille). Hernani, héros romantique, est aussi à certains égards très convenu. Il incarne le modèle du héros guerrier aristocratique hérité de l’Antiquité : naissance noble, courage guerrier et viril, dimension sacrificielle (la belle mort en pleine jeunesse). Il meurt car il accepte de se soumettre à une idéologie datée, empreinte de féodalité, qu’il partage avec Don Ruy. Le sous-titre de la pièce, « L’honneur castillan », est assez révélateur de cette dimension traditionnelle. Enfin, les procédés comiques sont éculés et doivent beaucoup à Molière, entre autres. Ce qui choque le public de l’époque (en particulier le mélange des genres) est en réalité déjà pratiqué dans d’autres théâtres, dont se réclament d’ailleurs les Romantiques : Shakespeare, le théâtre espagnol du siècle d’or. En France, Diderot a déjà fait œuvre novatrice en conceptualisant le drame bourgeois. La dimension novatrice, voire révolutionnaire de la pièce doit donc être nuancée.

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