Bac+5 : pourquoi les étudiants sont de plus en plus nombreux à jouer les prolongations

Après leur licence, les étudiants se pressent à la porte des masters. Un mouvement que les crises successives ne font qu’accentuer.

Crédit photo : emLyon
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    La sélection en master devient rude. Pour une raison arithmétique, d’abord. Les enfants nés pendant le léger boom démographique des années 2000 arrivent aujourd’hui à ce niveau d’études et viennent grossir des effectifs déjà nombreux. En outre, le nombre de bacheliers au sein d’une génération est passé de 65 % à 87 % entre 2010 et 2020. Dernier élément, la succession des crises – économique en 2008, pandémique en 2020 – a amplifié un réflexe bien français : atteindre bac +5 pour se protéger des aléas de l’emploi.

    Conséquence, de plus en plus d'étudiants se retrouvent sans affectation après leur licence, faute de place à l'université. À travers des hashtags comme « Étudiants sans master », Twitter s'est ainsi fait le réceptacle de nombreuses situations de détresse, auxquelles le gouvernement a répondu par la création, en mai dernier, de la plate-forme « Trouver mon master », pour les accompagner vers une solution.

    Syndrome de surqualification

    Le standard qu'est devenu le bac +5 n'est pas pour autant adapté à tous. « La société, les parents, tout le monde pousse un étudiant à allonger sa formation. On gagnerait à se demander si cela correspond à son projet », estime Florence Dufour, directrice générale de l'EBI (École de biologie industrielle), à Cergy (Val-d'Oise). Dans une école d'ingénieurs, le niveau bac +3 ne conduit pas aux mêmes métiers que si vous avez bac +5. « Ceux qui aspirent à un emploi concret, dans une ambiance de laboratoire ou d'industrie, devraient opter pour le bachelor (bac +3), affirme-t-elle. Car à bac +5, ils travailleront à 80 % du temps dans leur bureau, voire 100 %. »

    Par la suite, certains ingénieurs ressentent de la frustration. Soit ils n’estiment pas leur emploi au niveau de leurs qualifications, soit, au contraire, « ils cachent presque leur diplôme pour se porter candidat à l’emploi qu’ils veulent vraiment ! » confie Florence Dufour.

    D’autres chemins vers le diplôme

    À l'ISC Paris, école de management, 15 % des diplômés de bachelor travaillent tout de suite ; tous les autres continuent en master. Un choix que Jean-Christophe Hauguel, son directeur, comprend : « Dans notre société, les emplois les plus valorisants se trouvent à bac +5. Beaucoup d'entreprises raisonnent en fonction du niveau de diplôme et c'est encore plus le cas dans les administrations publiques », note-t-il. Pour répondre à « l'espoir légitime » que chacun peut éprouver à obtenir ce niveau d'études, Jean-Christophe Hauguel plaide pour une diversification des chemins. « La formation continue permet à ceux qui s'arrêtent à bac +3 de revenir pour obtenir un master. Ils peuvent aussi utiliser la VAE [validation des acquis de l'expérience] pour faire certifier les connaissances qu'ils ont acquises, non à l'école mais au travail ». Une autre manière d'atteindre ce niveau bac +5 si convoité.

    Le chiffre : 500 000

    C'est la progression de la population étudiante entre 2010 et 2020, soit plus de 20 % d'augmentation. Source : ministère de l'Éducation nationale, 2020

    Spécial Masters - Le Parisien Etudiant

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