Bac L : y aura-t-il une femme écrivain dans les sujets 2016 ?

Aucun ouvrage écrit par une femme écrivain n’a jamais figuré au programme officiel du bac en terminale littéraire. Une professeur de français, scandalisée, lance une pétition.

Marguerite Yourcenar (à gauche), George Sand (à droite, photo de Nadar)- (Collection Sirot-Angel/leemage.) Ina/Louis Joyeux)
Marguerite Yourcenar (à gauche), George Sand (à droite, photo de Nadar)- (Collection Sirot-Angel/leemage.) Ina/Louis Joyeux)

    Aucun ouvrage écrit par une femme écrivain n’a jamais figuré au programme officiel du bac en terminale littéraire. Une professeur de français, scandalisée, lance une pétition.

    C'est à demander s'il ne faudrait pas, par souci de cohérence, retirer son « e » final au mot littérature dans les épreuves du baccalauréat, tant celles-ci sont dépourvues de signatures féminines. Au bac de lettres, que passeront dans un mois les terminales de la série L, jamais l'œuvre d'une femme n'a figuré dans la liste des livres à étudier.

    Même Marguerite Duras ? Oui. Même Mme de La Fayette ? Oui. Même Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar, Annie Ernaux, George Sand ? Encore oui.

    Une pétition demandant à Najat Vallaud-Belkacem de se saisir du problème

    Ce vide n'avait frappé personne au ministère de l'Education nationale, jusqu'à ce que Françoise Cahen, professeur au lycée Maximilien-Perret d'Alfortville (Val-de-Marne), tire la sonnette d'alarme, il y a trois semaines. Elle a mis en ligne sur le site Change.org une pétition, demandant à Najat Vallaud-Belkacem de se saisir du problème. Près de 2 000 personnes l'ont signée à ce jour.

    « Mon idée n'est pas de réclamer une parité, mais au moins une présence des femmes »,

    explique Françoise Cahen, qui « n'ose pas imaginer » que cette criante absence soit volontaire. « Même fortuite, cette malédiction des femmes est dangereuse, poursuit-elle. Il faut faire attention à l'image que l'on donne aux jeunes de la littérature : pour l'instant, il apparaît que les hommes écrivent les grands livres. Les femmes, qui sont majoritaires parmi les profs de lettres et les élèves des filières L, seraient là pour les étudier et les admirer... »

    Message reçu 5/5

    A ce douloureux message aux jeunes d'aujourd'hui s'en ajoute un autre, aux générations futures : « Les programmes scolaires créent une forme d'histoire de la littérature, surtout depuis qu'ils incluent aussi des auteurs contemporains et parfois vivants, estime l'enseignante. Sans s'en rendre compte, on accrédite l'idée qu'il n'y aurait pas de femmes écrivains ! »

    Rue de Grenelle, on assure que le message de la pétition est passé, cinq sur cinq. « Najat Vallaud-Bel-kacem prend le sujet au sérieux, répète son entourage.

    Le ministère veut des femmes, dans les manuels, dans les programmes, dans les sujets d'examen ! »

    Il y a deux ans, déjà, une lycéenne de Bordeaux avait soulevé le problème, à propos du programme de philosophie , dans lequel ne figure qu’une seule grande intellectuelle (Hannah Arendt). En classe de 1 re, pour les épreuves anticipées de français, le ministère ne publie pas de catalogue des auteurs à étudier, laissant aux enseignants la liberté de choisir. Avec ses classes, en 1re, Françoise Cahen en profite pour instiller un peu de diversité. Elle espérait que le Bulletin officiel, dans lequel sont publiés les livres au programme du bac de l’année suivante, lui apporterait une bonne surprise, le 16 avril dernier... Encore raté : après Sophocle et Gustave Flaubert cette année, Paul Eluard en 2015, Charles de Gaulle (2012), ou Yves Bonnefoy (2007), les terminales de 2017 liront André Gide.

    Christel Brigaudeau

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