Bac : la tentation de la fraude

Avec les smartphone, calculettes ou autres gadgets électroniques, la triche aux examens explose... le ministère réagit encore cette année en alourdissant les sanctions et en développant les moyens techniques antifraude...

Bac : la tentation de la fraude

    Avec les smartphone ou calculette surpuissante, la triche aux examens explose... le ministère réagit en alourdissant les sanctions...

    Selon une enquête réalisée en 2008 des sociologues Christophe Michaut et Pascal Guibert, 70,5% des étudiants ont déclaré avoir triché au cours de leur scolarité : une habitude acquise au collège (48,3%) et au lycée (35,6%). "La pression du diplôme fait que l'on est plus incité à tricher maintenant parce que le diplôme devient souvent indispensable pour accéder à un certain nombre d'emplois", a dit à l'AFP M. Michaut.

    Devant le portail de son lycée dans le Val-de-Marne, Virginie, qui passe un bac ST2S (sciences et technologies de la santé et du social), l’avoue. « Si je vois que je ne suis pas prête du tout pour une épreuve, que je n’ai pas eu le temps de réviser, je serai tentée de tricher avec mon smartphone, évidemment en mode silencieux, pas en mode vibreur ! Il suffit d’aller dans les toilettes et de regarder sur l’écran les cours photographiés », confie la lycéenne. « Si je me fais choper, je pleure un bon coup et peut-être qu’ils me laisseront une chance », se dit-elle. Ses camarades la désapprouvent totalement. Eux ont, certes, l’habitude de frauder en classe tout au long de l’année mais refusent de s’aventurer sur ce terrain-là pour le bac.

    Son appareil Nokia est dissimulé dans la trousse, Virginie s’en est déjà servie lors de devoirs de biologie. Et de nous montrer, sur l’écran, un croquis savant d’hypophyse. « Regardez, on peut zoomer », s’enthousiasme-t-elle. Dans sa main, elle tient une feuille double, celle d’un DST (devoir sur table) en anglais. La note est plus qu’honorable : 14/20. Elle peut dire merci à son « appli traduction » qui a échappé à l’œil de sa prof.

    Trop de pression selon les élèves

    Si Virginie, qui se considère comme « une bonne élève », resquille en classe comme la plupart de ses amis, c’est parce que « la dose de travail est énorme » et qu’il y a « trop de pression ». « La solution, pour ne plus être tentée, ça serait d’alléger les programmes », suggère-t-elle.

    En terminale ES (économique et social) dans un lycée de la capitale, Karim, lui non plus, n'exclut pas de filouter, notamment lors des épreuves d'économie et d'histoire-géo. « La vérité, je suis le meilleur en tricherie », prévient-il. « Durant le bac blanc, j'ai récupéré des feuilles de brouillon de toutes les couleurs. Je vais toutes les remplir de dates, de chiffres, de définitions… Je les plierai, je les cacherai dans ma poche. Et si je venais à en avoir besoin, je prendrais l'antisèche de la même couleur que la feuille de brouillon du vrai bac », révèle l'ado. Pas question pour lui de dégainer son smartphone. Trop risqué. « Durant le bac blanc, une meuf (NDLR : fille) s'est fait choper avec », raconte-t-il. A ses côtés, une demoiselle n'est pas convaincue. « Moi, en classe, lors d'un contrôle, je me mets au 1er rang et je peux mater tranquille mon portable dans ma trousse. Les méthodes de triche que l'on croit les plus visibles sont celles qui se voient, en fait, le moins », constate-t-elle.

    V. Md

    (Les prénoms ont été changés.)

    Triche au Bac : des moyens supplémentaires et des sanctions alourdies

    Depuis 2011, les sanctions ne cessent de s’alourdir et Vincent Peillon va aujourd’hui muscler l’arsenal antifraudeurs.

    Détection des téléphones portables

    Pour une meilleure dissuasion, toutes les académies (contre cinq en 2012) seront équipées de détecteurs de téléphones portables qui circuleront de façon aléatoire entre les centres d'examen tout au long des épreuves. Seule exception : le lycée Evariste-Galois en sera équipé.

    Le brouillage des téléphones portables pose un problème technique et juridique et la fouille des personnes est interdite.

    Sanctions

    L’inscription au livret scolaire, pendant un an, de toute sanction pour fraude ou tentative de fraude. C’est une nouveauté du décret Peillon de cette année. Jusqu’ici, seul le blâme y figurait systématiquement.

    Privé de bac après coup. Pour faire peur à ceux qui seraient tentés de s’en vanter après coup, bac en poche, le décret Peillon prévoit aussi que la sanction peut aussi être prononcée a posteriori : le candidat se voit privé de son bac et un jury délibère à nouveau sur son sort.

    De un a cinq ans d’interdiction de passer un examen, quel qu’il soit, permis de conduire compris. C’est la peine « scolaire » maximale, qui va très rarement jusqu’à cinq ans d’interdiction. Depuis le décret pris par Luc Chatel en mai 2012, ce n’est plus un conseil de discipline universitaire qui tranche — et se prononçait trop longtemps après les faits — mais une commission de discipline spécial bac instituée dans chaque académie.

    La nullité de l’épreuve, pour laquelle la fraude a été constatée. Le candidat est réputé avoir été présent, mais c’est comme s’il n’avait pas passé l’épreuve. La commission peut décider d’étendre cette nullité à un groupe d’épreuves ou à tout l’examen.

    Des suites pénales sont possibles.

    Un certain nombre de fraudes, comme l’usurpation d’identité, peuvent mener jusqu’au tribunal correctionnel pour escroquerie, faux et usage de faux, et entraîner des peines de prison de un à dix ans et des amendes de dizaines de milliers d’euros.

    Lire le témoignage de Victor : 18 ans, tricheur repenti (Premium)

    5 juillet 2013 : les résultats du bac sur notre site

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    EDC Paris Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Courbevoie
    EM Normandie
    Marketing / Communication
    Clichy