Bac : la tentation de la triche

A une semaine de la première épreuve, l'écrit de philosophie, les élèves parlent de révisions… mais surtout de fraude ! Beaucoup ne vont pas hésiter alors qu'ils risquent gros.

Bac : la tentation de la triche

    A une semaine de la première épreuve, l’écrit de philosophie, les élèves parlent de révisions… mais surtout de fraude ! Après le scandale de l'épreuve de l'an dernier qui avait entaché les épreuves... beaucoup ne vont pas hésiter alors qu’ils risquent gros.

    La triche taraude pas mal d'élèves et fait frémir leurs parents : « J'ai supplié mon fils de ne pas faire cette bêtise, de ne pas tricher. Je préfère qu'il n'ait pas son bac », raconte Catherine. Cette tentation de la fraude, il suffit d'aller à la sortie d'un lycée et de parler avec les jeunes pour la sentir. La diffusion l'an dernier d'un sujet de maths du bac S sur Internet a donné des idées : « Je vais régulièrement sur la Toile pour regarder si les sujets ne filtrent pas. On ne sait jamais », sourit Ludo. Cet élève plutôt moyen l'avoue : « Je vais écrire des formules sur mon corps car on n'est pas sûr d'avoir la calculatrice pendant l'examen. Je mettrai des chaussettes montantes. »

    Les filles ne sont pas en reste : « Elles écrivent dans leur décolleté, dans leur robe ou sous leurs collants, explique Nathalie. De toute façon, on n’a pas le droit d’être fouillé. »

    Ludo est bien décidé à franchir la ligne rouge : « Ça peut aider, c’est un renfort. » Toute sa troupe d’amis est d’accord : ce ne sont pas les moins bons qui tentent le coup.

    Pourquoi prendre un tel risque ?

    « C’est un manque de confiance en soi, lâchent-ils en chœur. Les mauvais savent que ça ne leur suffira pas. Quand on est bon, on se dit que l’on peut avoir une mention. » Pas du tout effrayé, Ludo est persuadé de ne pas se faire repérer : « Là où je le passe, il y aura deux surveillants pour trente élèves. » Et les sanctions ? « Elles sont appliquées une fois sur cent. »

    antisèche ou téléphone portable...

    Paul, lui, ne compte pas jouer les kamikazes : « Si on se fait prendre, on n'a pas le droit de passer des concours pendant cinq ans. Ça ne vaut pas le coup. » Marie est du même avis : « J'aurais trop peur! Les surveillants sont plus vigilants. » Tous ont néanmoins chargé leur calculatrice en formules, au cas où elle serait autorisée. La plupart de ces jeunes ont déjà fraudé à un DST ou un bac blanc, que ce soit avec les « anciennes » techniques, en parlant ou bien grâce à leur smartphone : « C'est génial, on a accès à tout en quelques secondes : des formules, des cartes… » assure Nathalie.

    Les portables sont censés être inaccessibles pendant l’examen. En avoir un dans sa poche suffit à être suspecté. Clément en a fait l’amère expérience en juin dernier lors du bac de français : « Quand je suis allé aux toilettes, la prof s’en est aperçue. Je n’avais aucune intention de tricher, mais elle a fait un rapport. J’ai été convoqué deux fois à la rentrée. J’ai vraiment eu peur. Heureusement, je n’ai rien eu. » Il en a tiré une leçon pour lundi prochain : « Le portable, je le mettrai dans mon sac. »

    Les chiffres et sanctions de la fraude au BAC

    400 tentatives de tricherie ont été dénombrées l’an dernier parmi les 650000 candidats en France.

    250 candidats ont été convaincus de fraude.

    En Ile-de-France, 207 dossiers (sur 240000 candidats) ont été transmis aux commissions de discipline.

    55% de ces cas ont donné lieu à une sanction. La plus importante : deux ans d’interdiction de passer tout examen et annulation du bac. Sur les 207 cas recensés, 93 (45%) concernaient une tricherie impliquant un téléphone portable et 72 (35%) une fraude à l’antisèche.

    Des sanctions renforcées

    La sécurité des locaux et des systèmes informatiques a été renforcée cette année, et une charte de déontologie a été instaurée pour les personnes intervenant dans le processus du bac.

    Un décret vient de modifier la procédure disciplinaire, qui est désormais confiée à une commission de discipline du baccalauréat dans chaque académie et dont les membres sont nommés par le recteur. Avant, elle était composée à parité d’enseignants et d’étudiants, ce qui n’est plus le cas. But principal : que les décisions interviennent si possible dès juillet et non plus en septembre.

    Les sanctions prévues sont diverses : annulation de l’épreuve ou de l’examen, blâme avec inscription au livret scolaire, privation de toute mention, interdiction de passer tout examen conduisant à l’obtention du bac pendant cinq ans.

    Le tricheur peut même être empêché de s’inscrire dans un établissement public dispensant des formations post-bac pour une durée maximale de cinq ans. Pour les cas les plus graves, le candidat et ses éventuels complices risquent une peine d’emprisonnement de trois ans et/ou une amende de 9000 €.

    Anne-Laure Abraham

    Article issu du Parisien / Aujourd'hui en France du 11 juin 2012

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