Dis-moi comment tu t’appelles, je te dirai quel bac tu passes ! C’est, en résumé, la leçon à tirer de l’enquête que vient de publier sur son blog le sociologue spécialiste des prénoms Baptiste Coulmont.
Ce maître de conférences à l’université Paris-VIII s’est focalisé sur les prénoms de quelque 360 000 candidats au bac général et technologique du cru 2012. Et il en ressort que certains ont une fréquence plus forte selon les séries.
Par exemple, les Aliénor représentent au total 2 candidates sur 100 000 mais elles sont trois fois plus nombreuses à tenter le bac L (littéraire). Les noms masculins sont surreprésentés dans les filières S (scientifique) et STI (industriel). Mais « ce ne sont pas les mêmes » : plutôt bourgeois ou bobo, au charme désuet, en S (Augustin ou Marin) et plus populaire en STI (Teddy ou Alain).
Dans les séries L, ES (économique et social) et ST2S (santé et social), les prénoms féminins tiennent le haut du pavé. Avec une histoire ancienne, parfois noble et un usage assez rare pour les L (Orane ou Marguerite) comme les ES (Sixtine ou Anouk) et une influence anglo-saxonne pour les ST2S (Prescillia ou Allison). Enfin, en STG (gestion), les prénoms arabes comme Ahmed ou Amel sont plus fréquents.
L’analyse vient confirmer des tendances observées par l’Education nationale. D’abord sur le clivage entre filles et garçons, les premières littéraires, les seconds scientifiques. Ensuite, sur le lien entre les filières et l’origine sociale des candidats.
Pas de lien avec les résultats
« On sait que les prénoms anglo-saxons sont davantage attribués aux enfants d’ouvriers et d’employés », souligne Baptiste Coulmont. Même conclusion pour les prénoms d’origine arabe. La proportion de ces élèves issus de milieux modestes, avec un petit nom venu du pays d’origine ou d’une série américaine, sera plus importante dans les sections technologiques. A l’inverse, la part de ceux ayant un prénom évocateur d’un niveau socioculturel élevé (Capucine ou Henri) sautera aux yeux dans les filières générales. « Mais, attention, il n’y a pas de lien direct entre le prénom et les résultats scolaires », rappelle l’expert. Autrement dit, on peut tout à fait s’appeler Brandon et décrocher une mention TB ou se prénommer Pierre-Louis et être recalé au « bachot ».
La liste ne concerne pas les prénoms les plus fréquents par série du Bac, mais les prénoms surreprésentés relativement à l’ensemble de la population des candidats au bac (pour lesquels l'auteur dispose de résultats... candidats ayant autorisés la publication de leurs résultats)
Les résultats du bac pour chaque candidat, académie par académie
Article publié dans Le Parisien / Aujourd'hui en France du 4 avril 2013