Blocage des facs : le «10/20 pour tous» aux examens c'est possible ?

Les étudiants grévistes demandent une note de 10/20 au moins aux futurs partiels... un «semestre gratuit» pour tous les étudiants. La revendication pourrait prêter à sourire, elle n'a pourtant rien de farfelue.

Blocage des facs : le «10/20 pour tous» aux examens c'est possible ?

    Les étudiants de plusieurs universités réclament l’obtention automatique de leur semestre, alors que leur université est bloquée par le mouvement de contestation de la « sélection à l’entrée » à la fac.

    A Paris, une étudiante sort de l’« AG » au sein de laquelle vient d’être décrété un blocage « illimité » du site de Tolbiac. Comme dans d’autres facs françaises, les élèves de cette annexe de l’université Panthéon Sorbonne (Paris-I) protestent contre la « loi Vidal », accusée d’instaurer une sélection parmi les candidats. « On va continuer de bloquer jusqu’au retrait du projet de loi, annonce l’étudiante. Et on demande à la direction de mettre 10 sur 20 à tout le monde aux partiels. »

    La revendication pourrait prêter à sourire. Elle n’a pourtant rien de farfelue

    . D’abord, parce qu’elle est bien accordée par certaines universités lors de mouvements étudiants d’ampleur. « De manière exceptionnelle », tempère-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur, où l’on refuse d’envisager ce scénario pour le moment.

    Gwendoline, diplômée en sociologie, se rappelle ainsi avoir reçu la moyenne d'office à ses partiels au cours de sa licence à l'université Paris VIII. En 2007, ce site basé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) avait été bloqué en contestation de la « loi Pécresse », censée favoriser l'autonomie des universités.

    Contactée, l’Union nationale des étudiants de France (Unef) assure de son côté que de nombreux étudiants auraient bénéficié de ce traitement en 2016, à la suite des mouvements contre la loi Travail. Le syndicat étudiant n’a pas encore décidé s’il soutenait ou non la revendication actuelle, évoquée au cours des assemblées générales tenues au sein de différentes universités.

    « Il faut que les diplômes gardent leur valeur »

    En principe, la décision de valider automatiquement un semestre peut notamment être prise par la Commission de la formation et de la vie universitaire de chaque faculté. Celle-ci, composée d’enseignants et de représentants d’élèves, fixe d’une part les règles relatives aux examens et garantit, d’autre part, les libertés politiques et syndicales des étudiants.

    Mercredi 4 avril, la ministre Frédérique Vidal a toutefois écarté ce scénario sur France 2.

    « On ne va pas à l’université pour avoir des notes, on va à l’université pour apprendre des choses, a-t-elle fait valoir. Il faut que les diplômes gardent leur valeur, donc évidemment, si ces étudiants ne vont pas aux examens, ils n’auront pas 10 ».

    Là où les élèves n’ont pas eu de cours, « les examens seront adaptés, précise l’entourage de la ministre. Nous donnerons des consignes pour qu’ils ne portent pas sur des points qui n’ont pas fait l’objet de cours. Mais les partiels auront lieu ». Et d’évoquer l’autorité des présidents d’université, qui « ont toutes les prérogatives sur leur campus ». Or, le premier d’entre eux, Gilles Roussel, à la tête de la Conférence des présidents d’université, a déjà exprimé son soutien au gouvernement.

    « Les étudiants ne peuvent être victimes de leur mobilisation »

    Interrogé par Le Parisien, Hervé Christofol, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup) n’en démord pas. « Les étudiants ne peuvent pas être victimes de leur mobilisation », plaide-t-il. Avant d’ajouter : « Et encore faut-il, de toute façon, que les examens puissent se tenir ! ». Frédéric Vidal, Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. a bien confirmé jeudi 5 avril que les examens auraient bien lieu.

    Quoi qu’il en soit, les validations automatiques sont aussi, parfois, le fait d’actions plus individuelles… Ex-étudiant en histoire à l’université de Jussieu (Paris VII), Christian se souvient d’un enseignant qui, au début des années 2000, avait décidé de ne pas attribuer à ses copies de notes inférieures à 10/20, à la suite de quelques semaines de perturbations dans la fac. « Il était proche de ses étudiants et soutenait tout simplement notre mouvement », confie Christian. Qui s’était évité toute révision pour l’obtention de cette matière, pourtant nécessaire à la validation de son DEUG.

    R.K. (@robinkorda) avec Ch.B.

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