De l'aide alimentaire pour les étudiants sur les campus

Dépannage alimentaire ou vestimentaire... les associations caritatives, comme le Secours catholique, investissent les campus. A Lyon, Rouen, Corte, des premiers centres ont ouvert... un coup de pouce indispensable pour certains jeunes.

De l'aide alimentaire pour les étudiants sur les campus

    Ils débarquent le matin dans l’amphi le ventre vide, éteignent le chauffage pour faire des économies, n’ont pas les moyens d’aller chez le dentiste… A un âge où ils devraient vivre dans l’insouciance, des milliers d’étudiants doivent faire face à la précarité.

    Au Secours catholique, qui rend public ce matin son rapport annuel consacré au thème « Jeunes, une génération précaire », on en aide de plus en plus, pas moins de 600 en 2010 alors qu’un tiers des étudiants bénéficient aujourd’hui de bourses. « Aujourd’hui, il y a davantage d’étudiants issus des milieux populaires et qui n’ont pas un réseau d’amis, de relations sociales, une famille pour les épauler financièrement. Beaucoup commencent un cursus et l’abandonnent au bout de quelques mois car ils ne peuvent pas tout faire : étudier et enchaîner les petits boulots », analyse François Soulage, président de l’ONG.

    Du dépannage vestimentaire aussi

    Au sein d’autres associations caritatives, on rencontre aussi de plus en plus cette population qui demande un coup de pouce. Alors, pour être au plus près de ces galériens, elles ont décidé de s’installer sur les campus. A Paris, Lille et Albi, le Secours populaire a ainsi ouvert une antenne universitaire avec « dépannage alimentaire et vestimentaire ». « Nos horaires de permanence d’accueil traditionnelles ne correspondent pas forcément à la disponibilité des jeunes, alors on vient à eux », explique Pascal Rodier, son secrétaire national.

    Sur le campus de Rouen, le Secours catholique distribue chaque semaine un colis alimentaire aux élèves sans le sou. « Notre période de pointe, c’est en février quand tout l’argent des jobs d’été a été dépensé », observe Pierre Babault, retraité bénévole qui orchestre cette bonne action. Des associations d’étudiants, elles, se lancent dans la création d’épiceries sociales. La première a été inaugurée à l’université de Lyon-I il y a deux semaines (lire ci-dessous). Une deuxième vient de voir le jour à l’université de Corte (Haute-Corse). Signes d’immenses besoins, d’autres doivent suivre à Nice, Brest, Strasbourg ou Lille.

    Aurélie,

    19 ans, bénéficiaire de l'épicerie solidaire ouverte à Lyon-I

    "Ça permet d'avoir l'esprit plus libre "

    Même les « promos » les plus folles des hypermarchés ne peuvent rivaliser. Ici, les quatre yaourts nature coûtent 4 centimes, le camembert vaut 34 centimes, la barquette de tomates cerises 50 centimes ou le tube de dentifrice 40 centimes.

    Bienvenue dans la première épicerie solidaire réservée aux étudiants fauchés. Elle vient d’ouvrir ses rayons sur le campus de l’université Lyon-Ià Villeurbanne, au sein de la Maison des étudiants.

    Ce projet baptisé Agoraé a été orchestré par Gaelis, fédération d’associations étudiantes lyonnaises. Soutenu, notamment, par les collectivités locales mais aussi l’Andes (Association nationale de développement des épiceries sociales), il dispose d’un budget de 50 000 € pour donner un coup de pouce à 10 étudiants aujourd’hui, 40 dans quelques jours et quelque 150 à terme.

    De qualité, les produits proviennent de la Banque alimentaire ou sont achetés auprès de grandes surfaces, à tarifs réduits. Pour qu’un étudiant puisse faire ses courses ici, il faut que son budget alimentation quotidien soit en dessous de 7€, soit le prix de deux repas au resto U et d’un petit déjeuner évalué à 1€. Il est nécessaire aussi que son dossier soit retenu lors d’une commission regroupant, entre autres, des assistantes sociales du Crous. Le montant des achats par bénéficiaire est limité et représente, chaque mois, un panier qui vaudrait 100€ dans un magasin «ordinaire».

    A l’origine de cette idée, les réponses à un questionnaire remis l’année dernière à 500 étudiants pour mesurer leur précarité.

    «On a découvert qu’il y en avait pas mal qui sautaient des repas »

    , souligne Jillian Chazalette, 21 ans, président de Gaelis. Parmi les premiers clients sélectionnés, il y a Aurélie, 19 ans, en deuxième année d’études de sport (Staps).

    « Quand j’ai vu les prix, j’ai demandé si c’était les vrais tellement c’était bon marché, c’était surréaliste ! Cette initiative, ça permet de moins calculer, d’avoir l’esprit plus libre »

    , confie la demoiselle, qui a déjà rempli son sac à dos de yaourts, de tranches de jambon, de viande ou de courgettes.

    « Ça me change du riz et des pâtes »

    , sourit-elle. Cette fille d’un fonctionnaire et d’une employée n’est pas boursière.

    « Je suis juste au-dessus des critères »

    , regrette-t-elle. Pourtant, ses parents n’ont pas les moyens de financer son cursus.Alors, pour payer son loyer mensuel de 400 €, celle qui « vit en coloc» collectionne les petits jobs. Jusque-là, elle gagnait, à raison d’une trentaine d’heures par semaine, environ 600 € par mois.

    « Mais grâce à l’épicerie solidaire, je peux me permettre de bosser vingt-deux heures. Je gagne donc huit heures pour étudier »

    , se félicite- t-elle.

    Crédit photo : Villeurbanne (rhône), le 4 novembre. Une épicerie solidaire exclusivement réservée aux étudiants vient d’ouvrir ses portes sur le campus de l’université Lyon-I. (lp/nicolas foray.)

    Article issu du Parisien / Aujourd'hui en France du mardi 8 novembre 2011

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