Convaincre avec un diplôme de sciences humaines

Philo, lettres, sociologie... Les humanités, plutôt prisées des étudiants, ont parfois du mal à trouver leur place dans l'entreprise. Mais les préjugés tombent progressivement...

Convaincre avec un diplôme de sciences humaines

    LES DIPLÔMÉS des sciences humaines et sociales seraient-ils les mal-aimés de l'entreprise...?
    Selon l'enquête insertion 2009 de l'Apec sur les diplômés de 2008, le taux d'insertion des universitaires est de 69% (67% pour les diplômés de sciences humaines, hors IUFM), contre respectivement 79 et 82% pour les sortants d'écoles d'ingénieur et de commerce. Mais les choses changent. « Dès que les recruteurs et les étudiants de sciences humaines se rencontrent, les premiers découvrent des profils convaincants, et les seconds s'ouvrent à de nouvelles perspectives », souligne Julie Coudry, directrice générale de la Manu, une association qui rapproche les étudiants et les sociétés.

    La prise de conscience s'est faite progressivement. D'un côté, les entreprises confrontées au papy-boom doivent renouveler leurs sources de recrutement. Les universités, quant à elles, ont désormais l'obligation d'accompagner la professionnalisation de leurs étudiants, et renforcent aussi la participation des sociétés dans les cursus, ou encore l'apprentissage.

    Emblématique de cette mutation, l'opération Phénix tient cette année sa quatrième édition. Dix grandes entreprises, parmi lesquelles Eiffage, Renault, Axa ou HSBC, recrutent dans dix universités de la région parisienne, des étudiants ou jeunes diplômés d'un master 2 recherche en sciences humaines, pour des postes de chargé d'affaires, consultant, ou encore chef de produits. Depuis 2007, 92 bacs + 5 ont ainsi été recrutés. « Il faut convaincre en interne, explique Serge Villepelet, président de Price Waterhouse Coopers, qui a lancé l'opération et écrit un livre sur le sujet. Ensuite, ces recrues s'intègrent aussi bien à nos métiers que les diplômés d'écoles. »

    Car les compétences acquises au cours d'un master, fût-il de philosophie, sont transférables à l'entreprise, à condition de savoir les valoriser. « Un cursus en sciences humaines apporte un bon niveau de formation, note Marie-Christine Combes, responsable du bureau d'aide à l'insertion professionnelle de l'université de Marne-la-Vallée. Les qualités de raisonnement, ou de rédaction, permettent aux jeunes d'intégrer les compétences techniques nécessaires. »

    Reste pour les entreprises et les étudiants, à multiplier les rencontres afin de mieux se connaître...

    Valoriser les compétences des docteurs

    :

    Plus d'un tiers des doctorants inscrits en 2008-2009 l'étaient en lettres, langues et sciences humaines. Tous ne pourront pas continuer dans la recherche ou enseigner à l'université, aussi se tournent-ils vers l'entreprise, qui entrouvre doucement ses portes. "La concurrence dans le monde économique se fait sur la recherche et l'innovation, qui nécessitent des docteurs, toutes disciplines confondues", souligne Martine Pretceille, directrice de l'association Bernard-Grégory, qui tisse le lien entre les entreprises et les docteurs.

    Des sociologues, des philosophes ou encore des sémiologues sont peu à peu sollicités pour apporter conseils et études sur le management, la perception d'un service ou d'un produit... "Il faut être fier de sa thèse, être conscient que les qualités qu'elle implique -esprit critique, capacité de synthèse, bon sens- sont toujours utiles dans le monde économique, conseille Benjamin Berut, 29 ans, chargé de communication au rectorat de Créteil, titulaire d'un doctorat de sciences politiques de Paris I. Des financements sur projet ou la convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE), permettent au doctorant de se rapprocher plus tôt du monde privé.

    Quelques atouts pour s'insérer

    :

    Connaître le monde du travail

    : les grands groupes, mais aussi les PME-PMI, les associations, les ONG, les collectivités, l'État, ont besoin de compétences... Il faut identifier les marchés et les métiers porteurs. Bien cerner ses compétences : capacité de communication, d'analyse, de synthèse, esprit critique, habilité de la rédaction, curiosité... Il est important d'identifier les compétences acquises au cours d'un cursus en sciences humaines et de savoir les présenter efficacement à un recruteur.

    Construire son réseau

    : il n'est pas uniquement réservé aux étudiants d'école! Il débute avec les professionnels de son entourages, les confrères d'études, les professeurs, les personnes rencontrées lors d'un stage... Se rendre au bureau d'insertion professionnelle : vous y trouverez des conseils et des ateliers sur le CV, la lettre de motivation, l'entretien d'embauche, la recherche de stage...

    Multiplier les rencontres

    : forums, salons, toutes les occasions sont bonnes pour rencontrer des professionnels, et ainsi aiguiser son projet. Suivre une formation complémentaire : une dernière année, orientée double compétence, peut aider à convaincre les entreprises.

    Coralie Donas - Article paru dans Le Parisien supplément économie, du 17 mai 2010

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