Dans les écoles, l'heure est à la réflexion et aux retours d'expérience : « Enfin l'occasion de regarder avec pragmatisme ce qui a fonctionné, ou non, depuis un an ! » se réjouit Emmanuel Métais, directeur général de l'Edhec. Le distanciel a explosé, c'est certain. « En la matière, nous avons déjà atteint l'objectif fixé pour 2025 », explique-t-il. Une somme de travail et d'investissements qu'il s'agit d'analyser « le plus finement possible, pour trouver la meilleure pédagogie à l'avenir », ajoute-t-il. L'Edhec a ainsi créé une équipe de travail baptisée « Vie normale » pour plancher sur ces sujets.
Distanciel, stop en encore ?
« Maintenant, on le sait : la technologie ne se substituera pas à l'expérience vécue sur un campus », explique Léon Laulusa, directeur général adjoint d'ESCP Business School. L'école optera pour un 20/40 : « Au minimum 20 % de distanciel et 40 % de présentiel », les 40 % restants demeurant flexibles, selon les préférences de l'enseignant et sa discipline.
L'établissement a un nouveau maître-mot, le phygital, mélange de présences physique et digitale, et y a investi 4 millions d'euros : « La nouvelle normalité sera hybride, y compris en entreprise, prévoit Léon Laulusa. Nos étudiants doivent acquérir ces réflexes et se sentir à l'aise dans le monde à venir. » Du côté de Rennes School of Business, on mise aussi sur le hyflex, comprenez l'hybride : « Nous avons l'objectif d'équiper 50 salles », précise Thomas Froehlicher, directeur général de Rennes SB. Barres de son, écrans et autres caméras pivotantes transforment les cours en plateaux de tournage. « Nous travaillons même avec des professionnels de production TV pour améliorer la captation de l'image, l'ergonomie des salles… », détaille Thomas Froehlicher.
L’humain, une priorité absolue
L'autre grand sujet est loin des débats technologiques. « Ce qui ressort, c'est la tristesse que nos jeunes n'aient pas pu vivre leur vie d'étudiant. Ma priorité absolue est de rattraper cela », annonce Stéphanie Lavigne, directrice générale de Toulouse BS. Dorénavant, on traquera la moindre occasion « d'être ensemble et de proposer aux étudiants les expériences qu'ils sont en droit d'attendre de leur école ». Ici, l'innovation bat aussi son plein, poursuivant un autre objectif : « Éviter tout ce qui peut déshumaniser l'enseignement », insiste Stéphanie Lavigne. Il décèle chez ses étudiants beaucoup de réflexions mêlées : « De la frustration mais beaucoup d'idées, l'envie de donner du sens à leur carrière, d'imaginer le business différemment… » De bonnes pistes pour redémarrer.
Le chiffre
64,5 % des étudiants ont le sentiment d’avoir moins appris en distanciel
Source : OUF (Observatoire des usages numériques dans l’activité enseignante à des fins de formation), 2021
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« Couvrir toutes les dimensions de la vie d'un étudiant »
3 questions à Delphine Manceau - Directrice générale de Neoma BS
Quelles leçons tirez-vous de cette année ?
Ce qui ressort d’emblée est combien le présentiel est important. Nous avons fait des progrès considérables dans l’enseignement à distance, à une vitesse que personne n’aurait soupçonnée. Nous en sommes fiers. Néanmoins, voir nos étudiants sur nos campus est un plaisir sans égal. Pour eux comme pour nous, c’est le véritable enseignement de cette crise.
Quelles sont les évolutions possibles ?
Je crois que nous assistons à un tournant, celui de l’accompagnement, qui doit aller bien au-delà de l’aspect carrière et couvrir toutes les dimensions de la vie d’un étudiant. À Neoma, nous avons créé depuis plusieurs années un centre Wellness qui répond à une panoplie de besoins : médical, développement personnel, mais aussi loisir, détente… Cette année, l’importance du bien-être a sauté aux yeux de tous. Notre centre Wellness est amené à devenir un élément central de l’école.
Sur le plan technologique, quelle est votre approche ?
Jusqu’ici, notre politique a été de maintenir le présentiel chaque fois que c’était possible. Mais le distanciel aura forcément un rôle à jouer, variable selon les cursus et publics concernés. Nous avons découvert une grande diversité d’outils qui permettent un enseignement en ligne de qualité et avons été l’une des premières écoles à ouvrir notre campus virtuel. Les étudiants peuvent d’ores et déjà y circuler, discuter, travailler, déposer leurs documents à l’administration… Le futur est là, mais l’analyse de cette année est loin d’être terminée.
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