Covid-19 et cours à distance. Comment transmettre efficacement des connaissances ?

L’enseignement en ébullition. La crise sanitaire et l’avènement du digital remet au premier plan la question essentielle de la transmission des connaissances.

Covid-19 et cours à distance. Comment transmettre efficacement des connaissances ?

    par Nicolas Chalon.

    Selon une idée répandue, le public le plus difficile à former est celui des professeurs. « Ce n’est pas tout à fait faux, sourit Elian Pilvin, directeur général d’EM Normandie. Mais cette année, il faut reconnaître qu’ils ont été extraordinaires. » Même son de cloche dans la plu-part des formations, où l’on applaudit ces profs qui ont dû passer du jour au lendemain d’une classe pleine d’étudiants à un face-caméra sur Teams et s’en sont tout de même sortis.

    En première ligne

    Le e-learning est donc maîtrisé ? Cela serait trop simple. « Un cours à distance n’est pas un cours classique retransmis sur Zoom ! » pointe Haïthem Marzouki, directeur Pédagogie Innovante à Neoma Business School. Depuis le confinement et jusqu’à la rentrée, les enseignants ont dû passer par des dizaines d’heures de formation, aux outils de plus en plus nombreux (logiciels, applications, tableaux interactifs, plate-formes d’échanges) et à des pratiques pédagogiques loin d’être innées.

    « En France, nous avions un grand retard sur la manière d’enseigner à distance, développée depuis longtemps dans des pays tels que le Vietnam ou la Corée du Sud », explique Elian Pilvin. Aux États-Unis aussi, les universités conçoivent leur enseignement en deux parties, la théorie étant accessible en ligne à tout moment, la pratique se faisant physiquement, en petits groupes, « où le professeur joue un rôle d’animateur, qui accompagne les étudiants dans la résolution de cas concrets », analyse Elian Pilvin. En France, la montée en qualité du distanciel prendra du temps.

    Stimuler les élèves

    Pour maintenir la concentration et l’engagement en ligne, impossible de délivrer un cours en parlant durant trois heures, deux heures… ni même une heure : « Le découpage des cours doit être revu et s’articuler autour de séquences d’une vingtaine de minutes », résume Haïthem Marzouki, dont l’équipe, encore renforcée cet été, compte plusieurs ingénieurs pédagogiques, une fonction devenue essentielle. « Il est là pour accompagner le professeur, lui montrer la palette d’outils dont il dispose et pour l’aider à mettre cela au service de son cours. »

    Le maître mot pour « garder » les étudiants avec soi étant l’interactivité, il faut stimuler la participation avec, par exemple, des sondages lancés entre deux parties d’un cours, des cold calls (où le professeur s’adresse à un étudiant en particulier), des travaux en petits groupes avant une présentation en direct, des quiz, etc. Le tout entrecoupé de contenus multimédia. Une panoplie très large de pratiques et de technologies, que « le professeur est libre d’utiliser ou non, car il ne faut pas oublier que dans une classe, il reste le seul maître à bord », précise Haïthem Marzouki.

    « Un cours à distance n’est pas un cours classique retransmis sur Zoom » - Haïthem Marzouki, Neoma Business School

    Interaction constante

    Autre clé pour aider l’enseignant à performer en ligne, le retour d’expérience permanent des étudiants. « Un professeur habitué à la classe lit instinctivement dans les yeux et le comportement de ses élèves. Il sent quand s’attarder sur un sujet, quand passer à un autre, quand faire preuve d’autorité ou de souplesse », résume Elian Pilvin. En ligne, c’est une tout autre affaire. Sans regards à scruter, place aux réactions et aux réponses en ligne. Mais cela suppose de poser constamment des questions à son auditoire, de tenir un tableau de bord précis pour évaluer les avancées de chaque élève, etc. « Chaque fois que nous utilisons un nouveau dispositif, nous demandons aux étudiants ce qu’ils en pensent. C’est avec la finesse de ce retour d’expérience que nous pourrons approcher l’excellence », explique Haïthem Marzouki.

    Demain, l’intelligence artificielle

    La seule chose certaine, c’est que « l’enseignement vit une période charnière et passionnante », se réjouit le directeur général d’EM Normandie. La personnalisation des enseignements aux besoins de chacun est une tendance de fond, poussée par l’avènement attendu de l’intelligence artificielle et des EdTechs (technologies de l'information). « Dès son plus jeune âge, chaque individu a un temps cognitif et une manière d’assimiler les informations qui lui sont propres. Le temps d’un même enseignement pour tous semble vraiment derrière nous… », estime Elian Pilvin.

    Les outils phare du e-learning

    Parmi les dizaines d’applications et logiciels qui font leur apparition dans les cours :

    Zoom

    En milieu professionnel ou étudiant, la plate-forme de visioconférence a connu une explosion. Entre 2019 et 2020, le nombre de réunions sur Zoom a augmenté de 3 000 %.

    Teams

    Concurrente du premier, version Microsoft.

    Wooclap, Pear Deck, Kahoot

    Des EdTechs qui poursuivent un même objectif : rendre le cours dynamique grâce à des expériences ludiques, sondages, etc.

    « Développer des produits qui répondent aux problématiques éducatives »

    Kristine Naltchadjian - Directrice Éducation et recherche chez Microsoft France.

    Que propose Microsoft aux établissements ?

    Microsoft conçoit et développe plusieurs choses pour eux : d’un côté, du matériel hardware comme le Surface Hub [tableau blanc interactif, ndlr], de l’autre, des softwares comme Teams et l’ensemble d’applications que nous y intégrons en permanence. Nous sommes à l’écoute des professionnels de l’enseignement pour développer des produits qui répondent à leurs problématiques. Avec certains, nous allons plus loin en nouant des partenariats. C’est le cas de Skema, Arts et Métiers, l’Université Paris-Dauphine, celle de Bourgogne et bien d’autres.

    Quel a été votre rôle au cours du confinement ?

    Nous sommes simplement dans une position d’accompagnement et d’écoute. Au début de la période Covid-19, il s’agissait d’aider les formations à répondre à l’urgence, assurer leurs cours du mieux possible. Songez que la plupart d’entre elles ont dû passer de 0 ou 5 % de cours en ligne à 100 %, parfois en une seule journée. En cela, c’est à eux qu’il faut dire bravo.

    Et depuis ?

    En mars, nous avions mis en place un numéro vert qui a si bien fonctionné que nous avons décidé de le maintenir. Depuis, nous recevons des appels de professeurs, directeurs ou étudiants, qui nous demandent des conseils pour utiliser nos services. Nous avons constaté une implication incroyable de nos équipes sur ce sujet. Ce qui montre une chose, si jamais nous l’avions oublié : l’éducation est l’affaire de tous !

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