De réelles évolutions de carrière dans la restauration rapide

En pleine expansion, le marché de la restauration rapide génère de nombreuses créations d’emploi. Et les enseignes facilitent la promotion interne. Des emplois pour des étudiants qui peuvent ensuite servir de carte d’entrée dans la restauration.

De réelles évolutions de carrière dans la restauration rapide

    Diminution du temps moyen consacré au déjeuner (une heure trente-huit en 1975, trente et une minutes aujourd’hui), apparition du repas nomade, conjoncture économique favorable au «manger pas cher», horaires des repas de moins en moins délimités… Les modes de consommation alimentaire des Français évoluent.

    Logiquement, l’offre s’est adaptée, au point que le marché de la restauration rapide croît de manière exponentielle. Aujourd’hui, plus d’un établissement de restauration sur six est un fast-food.

    Restauration rapide : un secteur en pleine ébullition

    Et plus de deux milliards de sandwichs ont été consommés par les Français en 2011. Si bien que la vente au comptoir (rayons snacking de la grande distribution, boulangeries proposant des sandwichs, cafétérias, self-services…), forte de ses 32 milliards d’euros d’activité en 2011, pèse désormais 40% du chiffre d’affaires global de la consommation alimentaire hors domicile.

    "Le développement de ce marché, dont l'activité reste propre au déjeuner, est en partie dû à la crise économique. Le fast-food jouit toujours de son image bon marché, ce qui est pourtant de moins en moins vrai. Ensuite, le client n'est pas prisonnier de l'espace et peut librement surfer sur son ordinateur portable. C'est beaucoup plus dur à imaginer dans un resto routier»", explique Jean-Pierre Corbeau, sociologue de l'alimentation.

    Face à la demande, les grosses chaînes du secteur continuent à étendre leur réseau de manière spectaculaire

    : Subway prévoit de porter son nombre de restaurants de 320 à 470 en 2012, pendant que Quick a annoncé dix ouvertures en propre avant la fin de l’année. L’enseigne anglo-saxonne Prêt à Manger débarque même en France avec l’ouverture de 2 restaurants à Paris.

    Conséquence, le nombre actuel de 100 000 salariés dans la restauration rapide devrait grimper rapidement.

    Ainsi, McDonald’s, qui recrute déjà chaque année 40000 personnes au titre du renouvellement de ses équipes, va créer 9000 postes d’ici trois ans, alors que Quick entend engager 4000 équipiers, une centaine de manageurs et une dizaine de directeurs au cours des douze prochains mois.

    Environ 1200 embauches sont planifiées chez Subway, dont beaucoup de postes d’encadrement.

    Restauration rapide : des promotions internes facilitées

    "L’avantage, c’est qu’il n’y a pas besoin d’un diplôme hôtelier pour accéder à l’emploi, qui plus est dans un secteur qui facilite la promotion interne. Les opportunités d’évolution sont nombreuses"

    , précise Bertrand Milinaire, organisateur du salon LHR emploi destiné aux professionnels de l’hôtellerie restauration.

    Pascale Vincent, responsable recrutement du groupe Quick, confirme : «Chaque année, entre 50 et 70 personnes évoluent en interne vers des postes à responsabilité. 63% des manageurs sont d'anciens équipiers, et 73% de nos directeurs de restaurant ont été manageurs auparavant.»

    A partir de bac + 2, la possibilité de faire carrière dans la restauration rapide est donc bien réelle, d’autant que les postulants ne se bousculent pas au portillon.

    «Si nous enregistrons beaucoup de candidats à la franchise, nous avons en effet du mal à trouver du personnel qualifié. Dans l’esprit des gens, fast-food rime encore avec boulot de saisonnier ou d’étudiant. On nous réclame même des CDD»

    , regrette Hakim Benotmane, fondateur et gérant de la chaîne Nabab Kebab (une cinquantaine de points de vente en France, une vingtaine en cours d’ouverture), qui ambitionne la création d’une cinquantaine d’emplois. Avis aux amateurs.

    Les nouvelles enseignes veulent séduire les jeunes

    Ce sont les nouvelles stars de la restauration rapide. Bars à pâtes, à sushis, à salades et sandwicheries bio fleurissent un peu partout dans l’Hexagone. Ils constituent un bon compromis entre la diminution du temps de déjeuner et la qualité gustative à petit prix auprès des personnels de bureaux, des jeunes et des chalands.

    «La restauration rapide haut de gamme est une frange qui se développe depuis moins de dix ans, et qui est donc difficile à quantifier par rapport à l’ensemble du secteur. Cela dit, le marché est en train de mûrir, on voit de plus en plus de nouvelles enseignes très urbaines s’ouvrir », assure Paul Fedèle, rédacteur en chef du magazine professionnel « Snacking France».

    Sandwicherie haut de gamme et pâtes fraîches

    Et qui dit ouverture dit recrutement. C'est le cas de la chaîne de sandwicherie-pâtisserie Lina's qui emploie déjà 120 salariés, hors franchisés, et inaugurera dix nouveaux établissements en 2012 dans des grandes villes comme Paris, Lyon, Marseille ou Bordeaux. "Nous recruterons une soixantaine de personnes cette année. Chez nous, 95% des employés sont en CDI, dont 74% à temps complet. On commence au smic avec de réelles perspectives d'évolution. La première augmentation salariale, de vendeur à chef d'équipe, est de 15%", assure Olivier Hays, son directeur général. Ainsi, une majorité du personnel d'encadrement est issu de la promotion interne.

    «L’actuelle responsable des opérations du groupe a débuté comme responsable de site»

    , illustre Olivier Hays.

    Même son de cloche chez Mezzo Di Pasta, leader français des pâtes fraîches, qui compte 22 succursales en France et prévoit entre 50 et 100 nouvelles embauches pour satisfaire une vingtaine d’ouvertures sur le territoire.

    «Nous sommes une enseigne dynamique, dans une phase de développement assez forte. Nous recherchons principalement des jeunes, des étudiants, en contrat à temps partiel avec possibilité d’aménager les horaires, pour des postes d’équipiers ou de responsables d’ouverture et fermeture»

    , détaille Stéphanie Léger, responsable des ressources humaines chez Mezzo Di Pasta.

    Des emplois qui, à défaut d’être mirobolants, peuvent servir de carte d’entrée dans la restauration.

    TEMOIGNAGE

    Il est un peu plus de 10 heures quand Cannelle Poivre ouvre le restaurant Planet Sushi situé à Puteaux (Hauts-de-Seine) et minuit quand elle rentre chez elle, avec une pause entre 15 et 18 heures.

    A 22 ans, elle travaille à temps plein depuis deux ans pour la célèbre enseigne de cuisine japonaise. «J'avais déjà eu une première expérience chez Planet Sushi, à l'âge de 16 ans, pour un job d'été afin de gagner un peu d'argent», précise-telle.

    A la recherche d’un emploi à la sortie de son BTS management des unités commerciales, elle décroche d’abord un contrat en alternance et signe, six mois plus tard, un CDI de quarante heures par semaine, six jours sur sept, en tant qu’assistante manageur, pour un salaire d’environ 1 280 € net par mois, hors primes et heures supplémentaires une trentaine par mois en moyenne.

    Energique, accueillante et relativement à l’aise avec la clientèle, Cannelle évolue au sein d’une équipe d’une quinzaine de personnes et remplit des missions variées : ouverture du restaurant, mise en place de la salle, nettoyage, vérification des produits, contrôle des réfrigérateurs, contrôle propreté, accueil clients, prises de commandes.

    «J’ai plus appris sur le tas que pendant mes études, que ce soit pour la mise en place du restaurant, la gestion des produits ou la communication avec les fournisseurs. Ça m’apporte de la maturité, le sens du travail et l’esprit d’équipe.»

    A l’avenir, elle aimerait conjuguer son travail avec la reprise de ses études, en école de commerce probablement. En attendant, dans le cadre de l’ouverture d’un Planet Sushi àCannes (Alpes- Maritimes), Cannelle pourrait bénéficier, fin mai, d’une mutation ponctuelle de deux à trois mois pour apporter son expérience aux équipes sur place.

    Dossier réalisé par Marc HERVEZ et Pierre MATURANA

    Article paru dans le Parisien Economie le mardi 10 avril 2012

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