Des étudiants mobilisés pour sauver une toile du XVIIe siècle

" L'adoration des bergers ", un tableau dont la déliquescence s'est substituée à " l'adoration" mais cette dernière n'est pas perdue puisqu'un groupe d'étudiant de Science-Po fait le tour des villages pour donner une deuxième vie à cette œuvre.

Des étudiants mobilisés pour sauver une toile du XVIIe siècle

    " L'adoration des bergers ", un tableau dont la déliquescence s'est substituée à " l'adoration" mais cette dernière n'est pas perdue puisqu'un groupe d'étudiant de Science-Po fait le tour des villages pour donner une deuxième vie à cette œuvre.

    Ils ont sillonné les villages d’Ile-de-France jusqu’à dénicher « l’Adoration des bergers », entreposé plus qu’exposé dans l’église Saint-Martin de Favières (Seine-et-Marne). Ce tableau du patrimoine religieux est, comme des milliers en France, en totale déliquescence. Mais il pourrait bientôt retrouver sa splendeur grâce à un groupe d’étudiants de Sciences-po Paris. Dans le cadre de leurs études, ils participent à l’opération « Le plus grand musée de France », lancée par la Sauvegarde de l’art français (lire l’interview d’Olivier de Rohan-Chabot). Comme six autres équipes réparties dans l’Hexagone, l’équipe francilienne s’est mise en tête de restaurer un objet d’art en mauvais état.

    14 000 euros à réunir !

    « On a longtemps cherché l'œuvre dont on s'occuperait, se souvient Zelda Borgia, 21 ans. Mais l'Adoration des bergers nous a tous mis d'accord. Ça a été immédiat tellement le tableau est en mauvais état. » Pourtant, il est encore possible de sauver cette immense toile. Une restauration estimée à 14 000 € permettrait de remettre en état l'œuvre datant du XVII e siècle pour qu'elle continue à traverser les âges. Mais elle est bien trop coûteuse pour la commune de Favières, sa propriétaire. « Ce n'est pas ma priorité, reconnaît Jean-Claude Martinez, maire (PS) de Favières. J'ai refait le toit et les vitraux de l'église, c'est déjà beaucoup. »

    On va y arriver...

    Les étudiants se sont donc mis en quête de subventions et de dons pour réunir l’argent nécessaire. Déjà 1 000 € ont été récupérés grâce à une campagne de financement en ligne, et la direction régionale des affaires culturelles devrait verser 7 000 € pour la restauration car « l’Adoration des bergers » est inscrite au patrimoine historique. Reste à trouver encore 6 000 €. Plusieurs réunions publiques ont permis d’informer les habitants des environs, qui ont déjà fait plusieurs milliers d’euros de dons. « On démarche aussi les entreprises et les particuliers des environs de Favières, indique Miléna Planche. Ça prend du temps mais c’est très enrichissant pour nos études. On voit comment les choses sur le terrain. Et une chose est sûre : on va y arriver ! »

    Dons et informations sur www. leplusgrandmuseedefrance.com/favieres-ladoration-des-bergers/La campagne se termine fin mai.

    « L’Adoration des bergers » aurait été peinte à Séville

    La couleur est tellement passée qu’il est difficile d’en distinguer le dessin. La toile se détache du cadre, la peinture est craquelée. Mais en s’approchant de « l’Adoration des bergers » exposée dans l’église Saint-Martin de Favières (77), on finit par distinguer l’enfant Jésus entouré de ses parents et des bergers de Bethléem, premiers à avoir été prévenus de sa naissance. On savait jusqu’ici que ce tableau de 2,35 m sur 1,85 m avait été offert à la paroisse en 1859 par Monsieur Moïana, propriétaire du domaine d’Hermières, situé à Favières. Il l’avait acquis en 1852 lors de la dissolution de la collection de Jean-de-Dieu Soult. Mais l’œuvre n’étant pas signée, on n’en savait pas plus jusqu’à ce que la commission scientifique du Plus grand musée de France s’y intéresse. Car ce Maréchal de Napoléon Bonaparte mena des guerres en Espagne où de très nombreuses églises furent pillées. Et selon les experts, cette œuvre pourrait provenir de ces vols. Elle est maintenant attribuée à Juan de Roelas, artiste qui travailla à Séville au début du XVII e siècle. Les analyses effectuées une fois la restauration du tableau entamée permettront de le confirmer.

    « Aidez-nous à sauver les trésors de nos communes » Olivier de Rohan Chabot, président de la Sauvegarde de l’art français

    Plus de 200 000 pièces classées, au moins autant qui n’ont pas été répertoriées. « Le patrimoine religieux conservé dans les églises est sans doute le plus important de France, souligne Olivier de Rohan Chabot, président de la Sauvegarde de l’art français. Mais il est méconnu et les villes qui en sont propriétaires ont rarement les moyens de s’en occuper. » C’est pourquoi son association a lancé en 2013 l’opération « Le plus grand musée de France ». Son but : charger des étudiants de dénicher des pièces rares en mauvais état et de tout faire pour les restaurer. « Nous espérons faire passer ce message : Aidez-nous à sauver votre patrimoine, insiste Olivier de Rohan Chabot. Et il était très important d’incorporer des jeunes car c’est eux qui se chargeront de le faire connaître demain. »

    La première édition avait permis de rassembler 120 000 € et de restaurer 10 œuvres. Comme, « la Victoire et les Néréides » du peintre Jean-Jacques Henner, exposée à la mairie de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). Ou encore une tapisserie reproduisant une illustration de Mucha qui avait appartenue à Sarah Bernhardt, conservée à la maison de retraite des artistes de Couilly-Pont-aux-Dames (Seine-et-Marne).

    « Ce n’est qu’une goutte d’eau, reconnaît Olivier de Rohan Chabot. Mais il y a des gouttes d’eau de grande valeur. Les gens doivent comprendre que le patrimoine qui se trouve dans les églises est le leur. L’Etat fait ce qu’il peut, mais ce sont les Français qui doivent se charger de le protéger. »

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