Des métiers en tension dans les collectivités territoriales

Non-remplacement de départs à la retraite, réorganisations internes… La tendance est aux économies dans les collectivités territoriales, et les agents qui y travaillent, soit un peu plus de 1,8 million, n’échappent pas à cette réalité.

A la mairie de Breuil-le-Vert (Oise), Grégory Boulais suit le budget, la gestion des ressources humaines et les importants dossiers de la commune.
A la mairie de Breuil-le-Vert (Oise), Grégory Boulais suit le budget, la gestion des ressources humaines et les importants dossiers de la commune.

    Non-remplacement de départs à la retraite, réorganisations internes… La tendance est aux économies dans les collectivités territoriales, et les agents qui y travaillent, soit un peu plus de 1,8 million, n’échappent pas à cette réalité.

    Dans ce contexte, les recrutements perdurent tout de même pour renouveler des métiers à fort effectif ou trouver des compétences rares. La société d’intérim et de recrutement Randstad établissait ainsi début septembre, dans son baromètre ressources humaines (RH) 2013 des collectivités locales, un top5 des métiers en tension.

    Les fonctions ou catégories d’emplois citées sont, dans l’ordre, les agents techniques, les puéricultrices, les agents administratifs, les éducateurs et les métiers de la finance

    . « On peut ajouter les métiers d’accueil dans la petite enfance, auxiliaires de puériculture, agents périscolaires et de restauration, les animateurs, les intervenants dans les enseignements artistiques, le travailleur social dans les conseils généraux », détaille Olivier Aymar, directeur général de la Fédération nationale des centres de gestion. Selon le directeur, les difficultés de recrutement ne sont pas toujours liées à un manque de candidats ou de formations adéquates, mais parfois au problème d’attractivité de certains territoires. D’autant que, « d

    epuis deux ans, nous constatons tout de même un attrait pour les services publics

    en raison du resserrement des opportunités dans le privé, il y a un effet balancier. Sauf pour certains métiers, comme les médecins, recherchés aussi dans le secteur libéral ou privé », reprend Olivier Aymar.

    Les centres de gestion ont publié, en 2012, 53000 offres d'emploi à pourvoir. Les villes, départements et régions se retrouvent en concurrence avec le privé, qui offre de meilleurs salaires en moyenne, pour des postes techniques ou des postes d'ingénieurs. En revanche, « dans la filière administrative, il y a également des métiers en tension, beaucoup de candidats se présentent aux concours, mais il manque des personnes qualifiées, maîtrisant les règles de la fonction publique pour des postes en comptabilité-finance ou dans des fonctions RH. Par exemple, pour ces derniers, le seul statut de fonctionnaire renvoie à une dizaine de milliers de textes ! » illustre Jean-Laurent Nguyen Khac, président de l'Association nationale des directeurs et directeurs adjoints des centres de gestion.

    Les centres de gestion ont publié, en 2012, 53000 offres d’emploi

    D'une collectivité à l'autre, les besoins diffèrent. « Il nous est difficile de trouver des auxiliaires de soins et nous recherchons régulièrement des postes administratifs ou des agents polyvalents, car nous avons un important tissu d'établissements pour personnes âgées. En revanche, nous ne recrutons quasiment pas pour les métiers de la petite enfance, contrairement au département proche d'Ille-et-Vilaine », explique Nathalie Prigent, responsable du service mobilité au centre de gestion (CDG) du Finistère.

    Dans ce contexte, les centres de gestion par lesquels transitent les offres s'organisent pour répondre aux tensions rapportées par les collectivités. « Chaque centre s'adapte à son bassin local. Pour la grande couronne parisienne, nous avons par exemple créé un stage pour former de nouveaux secrétaires de mairie, que certaines collectivités n'arrivaient pas à recruter depuis des années. Nous avons aussi mis en place un diplôme universitaire de responsable de marchés publics avec l'université de Versailles (Yvelines), et nous envisageons de développer une formation sur les métiers financiers », précise Jean-Laurent Nguyen Khac. Autant de débouchés en plus pour les candidats à la fonction publique territoriale.

    TEMOIN

    « Mes missions sont variées avec des responsabilités »

    Grégory BOULAIS, 29 ans, secrétaire général de la mairie de Breuil­le­Vert (Oise)

    Dans la fonction publique territoriale, l'obtention d'un concours n'aboutit pas à l'attribution automatique d'un poste. Grégory Boulais le savait lorsqu'il a décroché son concours d'attaché territorial en 2010, après une licence de géographie, un master en relations internationales et un an de préparation à l'agrégation. « J'ai découvert la France ! » sourit le jeune homme qui a, pendant presque un an, passé de nombreux entretiens dans différentes villes et postulé en tout à près de 250 annonces. « Les employeurs me demandaient toujours une première expérience du monde territorial, que je n'avais pas. Avec le recul, peut-être que je ne savais pas suffisamment me vendre non plus », raconte Grégory Boulais.

    En 2011, il est contacté par le centre de gestion de l'Oise. « Ils m'ont convoqué pour un entretien très intéressant, qui m'a permis de faire le point sur mes expériences, mes envies, mon profil. La personne avait aussi un poste de directeur général des services (DGS) à me proposer, également appelé secrétaire général dans les communes de moins de 3 500 habitants. Je ne m'étais jamais projeté sur un poste comme celui-ci, qui me semblait surdimensionné, mais j'ai saisi ma chance. » Le courant passe avec le maire de Noailles (Oise), commune de 2 800 habitants où il occupe son premier emploi. « Cet aspect est très important, maire et secrétaire ou DGS fonctionnent comme un binôme. » L'immersion a été totale pour Grégory Boulais, alors âgé de 26 ans : se plonger dans les dossiers en cours, rencontrer les élus, se faire accepter comme supérieur hiérarchique par la trentaine de personnels. Un baptême du feu particulièrement bien vécu pour le jeune secrétaire, qui est parti au bout d'un an afin de pouvoir effectuer son année de stage dans la fonction publique. « J'ai répondu à une annonce dans la Gazette des communes, et il m'a suffi d'un seul CV pour être embauché. »

    « Aller à la rencontre des habitants est un aspect du travail qui me plaît beaucoup »

    Même démarche pour trouver le poste qu'il occupe actuellement à Breuil-le-Vert, pour lequel il n'a pas perdu son enthousiasme. « Je suis le budget, la gestion des ressources humaines, les importants dossiers de la commune, comme actuellement la restauration de l'église ou des travaux de voirie. Il m'incombe aussi un important travail de veille juridique car le droit est mouvant. Je vais également à la rencontre des habitants, je suis à l'écoute de leurs problèmes, c'est un aspect du travail qui me plaît beaucoup et dont j'apprends beaucoup aussi. »

    Son salaire, composé du régime indiciaire et indemnitaire, se situe entre 2300 et 2500 € net par mois. « Si on veut exercer un métier passionnant et varié, avec des responsabilités, il faut choisir celui-là ! » conseille Grégory Boulais.

    Dossier réalisé par Coralie Donas

    Article paru dans le supplément éco du Parisien

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