Test de langue : Do you speak Cambridge english ?

80 000 jeunes Français et 4,5 millions de personnes dans le monde passent chaque année des tests élaborés par la prestigieuse fac anglaise. Nous avons pu entrer dans les coulisses de cette énorme machine.

Test de langue : Do you speak Cambridge english ?

    80 000 jeunes Français et 4,5 millions de personnes dans le monde passent chaque année des tests élaborés par la prestigieuse fac anglaise. Nous avons pu entrer dans les coulisses de cette énorme machine.

    Une forte odeur de papier flotte dans l'air. La porte d'entrée est barrée d'avertissements : « interdit aux téléphones portables », « gilet réfléchissant obligatoire ». Les allées et venues sont surveillées par 180 caméras à l'intérieur de DC10, l'entrepôt ultra-sécurisé de l'université britannique de Cambridge. Un bâtiment de stockage grand comme trois terrains de football.

    C'est ici, au milieu de la campagne anglaise, à quelques kilomètres de la ville, pour éviter les risques de fuites, que sont imprimés et envoyés l'ensemble des examens de Cambridge English Language Assessment, des tests d'anglais élaborés par la faculté la plus prestigieuse du pays. « Ces examens permettent de certifier le niveau d'anglais d'une personne qui parle une autre langue maternelle. Le plus facile est destiné aux écoliers qui savent lire. Le plus dur s'adresse aux bilingues », décrit Sarah Unsworth, chef de projet évaluation à l'université.

    Dans un des milliers de cartons entreposés à DC10 s’entassent des enveloppes d’examens prêtes à s’envoler pour le Brésil, la Corée du Sud ou l’Espagne. Chaque année, plus de 4,5 millions de candidats passent l’un des tests de Cambridge à travers le monde.

    Cambridge (Royaume-Uni). L’université de renom possède de nombreux bâtiments comme le King’s College ou un édifice moderne du centre-ville dans lequel sont élaborés les fameux tests

    En France, la majorité concerne des élèves de troisième scolarisés dans des établissements privés ou des secondes du public en section européenne. Soit plus de 80 000 jeunes par an. « Nous avons signé un partenariat avec l’Education nationale. Nous attendons d’ailleurs de voir s’il sera renouvelé l’an prochain », explique Cécile Loyer, responsable marketing et communication des examens en France. Quel que soit leur pays de passage, les copies sont toujours renvoyées à l’entrepôt DC10 et corrigées sur place, par des ordinateurs pour les QCM ou par des correcteurs formés par la faculté pour les épreuves comportant de la rédaction écrite.

    Ces tests demandent deux ans de travail

    Pour comprendre comment ces examens sont conçus, il faut revenir au cœur de la ville de Cambridge dans l'un des rares bâtiments neufs de la cité, dont les vieilles ruelles et le style « so british » aux briques rouges ferait fantasmer n'importe quel fan de « Harry Potter ». Dans des open spaces curieusement silencieux, des dizaines de personnes élaborent ces tests, qui demandent deux ans de travail. Les concepteurs préparent quatre épreuves : l'expression écrite et orale, et la compréhension écrite et orale. Pour créer un examen, ils regroupent des dizaines d'exercices et effectuent entre eux plusieurs relectures avant de trouver la version finale qui sera pré-testée sur 200 personnes — dont Cambridge connaît le niveau — pour s'assurer qu'elle correspond bien au niveau passé par les candidats, dont 70 % en moyenne obtiennent leur diplôme.

    « Chaque test est composé d’exercices, que l’on pioche dans une banque virtuelle. Ils peuvent être utilisés plusieurs fois, mais jamais dans la même configuration, pour éviter les risques de tricherie », précise Sarah Unsworth. Même à l’intérieur de DC10, les employés n’ont pas le droit d’ouvrir les copies pour qu’ils ne voient pas les questions qui y figurent. N’importe quel scandale de tricherie risquerait en effet d’entamer la réputation de la faculté… pour le plus grand plaisir de son concurrent américain — l’Educational Testing Service — créateur des tests TOEFL et TOEIC.

    TEMOIN

    « Sur la bande, les gens parlaient très vite… »

    Margot, collégienne qui a passé un examen créé par l’université britannique

    Des instructions en anglais s’échappent des enceintes de la salle de classe. Les élèves de 3 e du collège Jeanne-d’Arc de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) n’en perdent pas une miette. « Posez vos questions maintenant, car vous n’aurez pas le droit de parler durant l’examen », avertit l’enregistrement dans un anglais presque un peu trop articulé. Une jeune fille lève la main. C’est bon signe : elle a compris les consignes. Le 15 mai, 17 collégiens de cet établissement privé ont passé, sur la base du volontariat, le Preliminary for Schools, un des examens créés par l’université de Cambridge pour évaluer leur niveau d’anglais. Si ce test est gratuit dans le public, il reste payant (145 €) dans le privé.

    Quatre épreuves

    « Cet examen correspond au niveau B1 qu’ils sont censés acquérir en fin de 2 de. Cela ne servait à rien de leur faire passer le niveau en dessous — l’A2 — car ils sont déjà supposés le valider grâce à leur brevet », explique leur professeur d’anglais. En théorie. En pratique, seuls 29 % des Français détiennent réellement le niveau A2 en fin de 3 e, selon une étude du Conseil de l’Europe en 2012.

    Pour le préparer, ces élèves ont suivi dix-huit heures de cours d’anglais supplémentaires. L’examen de Cambridge comporte quatre épreuves, dont celle de compréhension orale. Ce jour-là, sur la bande sonore, un jeune Anglais explique comment il s’est rendu à l’école. Sur leur feuille, les candidats doivent choisir entre trois options : bus, vélo ou voiture. L’acteur leur tend des pièges en racontant des anecdotes sur chaque mode de transport. Ils ont intérêt à suivre pour ne rien mélanger ! Chaque dialogue est répété deux fois. Les exercices s’enchaînent durant trente minutes. « Je n’ai pas tout compris, certains parlaient très vite. Il y a quelques questions auxquelles j’ai répondu au hasard », avoue à la sortie Margot, 13 de moyenne en anglais. Raphaël, bon élève, est confiant : « J’ai réalisé que cette langue était indispensable lors de mon stage d’entreprise dans une banque. J’espère que ce diplôme me permettra d’étoffer mon petit CV.»

    Cambridge English Language Assessment

    Les tests élaborés par le Cambridge English Language Assessment ont été créés en 1913 par l’université de Cambridge pour permettre aux étrangers d’obtenir un diplôme validant leur niveau d’anglais. Ces examens, valables à vie, sont divisés en 7 niveaux. Le premier, Young Learners Starters, est destiné aux enfants des classes élémentaires. Le Young Learners Movers (A1) équivaut au niveau d’anglais CM 2. Viennent ensuite le Young Learners Flyers (A2), niveau 3 e ; le Preliminary (B1), niveau 2 de ; le First (B2), niveau bac. Le C1 est nécessaire pour entrer dans de nombreuses facultés anglophones. Le C2 prouve un bilinguisme. Ces tests comprennent quatre épreuves : expression écrite (1 heure) et orale (11 à 14 minutes face à un interlocuteur), compréhension écrite (1 heure) et orale (30 minutes). Pour le passer en dehors du système scolaire, les candidats doivent se rendre dans l’un des 64 centres accrédités par l’université en France, dont le British Council à Paris. L’examen C1, par exemple, y coûte 211 €, préparation non comprise.

    Hélène Haus

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