MBA/Masters - Choix de formation : valeurs sûres ou nouvelles tendances ?

Dans l'offre pléthorique des écoles, il n'est pas toujours simple de s'orienter en tenant compte à la fois de ses aspirations et des perspectives d'emploi.

MBA/Masters - Choix de formation : valeurs sûres ou nouvelles tendances ?

    Dans l’offre pléthorique des écoles, il n’est pas toujours simple de s’orienter en tenant compte à la fois de ses aspirations et des perspectives d’emploi. Vaut-il mieux opter pour la sécurité ou privilégier les domaines émergeants ? Éléments de réponse avec les secteurs et fonctions les plus porteurs pour les jeunes diplômés.

    Pour les recruteurs comme pour les responsables d’école, il est toujours compliqué de faire une photographie juste des secteurs d’emploi les plus porteurs. Les aléas conjoncturels ne facilitent pas leur tâche. Malgré la crise et les incertitudes sur l’évolution du marché de l’emploi, plusieurs indicateurs permettent d’y voir plus clair.

    En 2010, le Centre d'analyse stratégique a identifié plusieurs domaines porteurs à l'horizon 2015. Les secteurs fortement technologiques – aéronautique, aérospatiale, pharmacie, défense – disposent ainsi d'un fort potentiel de croissance. Les activités haut de gamme, qu'il s'agisse du luxe, des cosmétiques, de la publicité et de l'audiovisuel, poursuivent leur développement, tout comme les secteurs dits "de proximité à la demande finale", soit la distribution, les télécommunications, les agences bancaires, la logistique et les services à la personne.

    Chaque secteur d’activité, pour répondre à l’évolution de ses besoins, s’appuie sur la création de métiers adaptés. Le cabinet Michael Page, dans son guide des nouveaux métiers, met en avant plusieurs fonctions qui montent. Par exemple, responsable achats ou consultant en développement durable, auditeur interne, community manager, responsable e-business, responsable sécurité et risques des systèmes d’information, etc.

    Des débouchés pas toujours à la hauteur des attentes

    L'apparition de nouveaux métiers suscite souvent des vocations, mais elle n'est pas toujours associée à des volumes importants de recrutement. « Le développement durable est en partie victime d'un effet d'annonce, estime François Collineau, président de l'Institut Léonard de Vinci. De nombreux programmes ont été lancés par les écoles, renforçant la concurrence entre diplômés. Si les entreprises ont des attentes de formation pour leurs cadres, par exemple sur les achats responsables, elles recrutent peu de juniors sur ces thématiques.» Les jeunes diplômés trouvent ainsi davantage d'opportunités d'emploi dans les sociétés de conseil.

    Le secteur de la santé, moins connu des étudiants, offre aujourd'hui de belles perspectives en management des établissements ou en marketing et communication. S'il n'a pas vocation à attirer des flux importants de diplômés, les programmes des écoles sont aujourd'hui adaptés à la fois aux besoins des entreprises et au volume de leurs offres d'emploi. «Nous formons chaque année 70 étudiants, qui trouvent facilement à s'insérer », confirme Laurent Bergeruc. Un autre secteur draine des perspectives professionnelles de plus en plus fortes : les technologies de l'information et de la communication. «On constate une pénurie de talents dans les fonctions d'e-marketing, note François Collineau. Les offres d'emploi sont plus nombreuses que les compétences disponibles.» Le marché des formations, encore jeune sur le e-commerce, peine à combler les attentes des entreprises. Pour Olivier Epinette, « le besoin de qualifications pointues se renforce chaque année. Notre priorité est de proposer des programmes correspondant aux besoins du marché.» Les spécialisations en management des systèmes d'information sont très recherchées, tout comme le marketing numérique qui intéresse particulièrement des PME innovantes.

    Miser sur les secteurs méconnus

    Malgré la crise, des secteurs plus traditionnels peinent à trouver suffisamment de jeunes diplômés. Dans un entretien à AEF en octobre, Françoise Marié, directrice du recrutement de Generali, expliquait les difficultés des compagnies d’assurance à trouver des jeunes diplômés. La faute à une image peu valorisée de leurs métiers, par rapport à la banque notamment.

    Une même méconnaissance limite la présence des diplômés dans un secteur qui offre pourtant des débouchés : le management des collectivités locales, en lien avec l'activité des grands groupes. «Les métiers sont peu connus, alors que les missions sont passionnantes, estime Françoise Rey, directrice de l'ESSEC Grande École. Les compétences managériales sont pourtant recherchées par les collectivités, par exemple quand elles embauchent un responsable de développement économique.» De la même façon, certaines fonctions restent boudées par les étudiants dans leur choix de spécialisation, par exemple la logistique ou les achats. Pour Françoise Rey, « les diplômés n'identifient pas ces fonctions comme stratégiques, alors qu'elles sont essentielles et ouvrent à de belles perspectives de carrière internationale. Les offres d'emploi sont supérieures à la demande, ces profils sont donc très recherchés et obtiennent parmi les meilleurs salaires !»

    Le secteur bancaire constitue toujours le premier secteur d’emploi pour les jeunes diplômés. Après un tassement dans la banque d’investissement et la finance, l’activité est repartie à la hausse. Mais ce domaine d’activité reste très sensible aux variations conjoncturelles, et les rebonds de la crise impactent directement les recrutements. Quant à la banque de détail, elle offre de nombreuses perspectives d’emploi et de carrière.

    Audit, contrôle de gestion, banque : toujours en tête

    D'une façon plus générale, la crise a très peu modifié les grands secteurs et fonctions qui embauchent le plus. Une école comme SKEMA place un tiers de ses diplômés dans le marketing ou la communication, un tiers dans des fonctions managériales, et un dernier tiers en audit et en finance. «On note aussi une demande croissante de spécialistes de la gestion des risques», signale Franck Moreau. Pour François Collineau, « l'audit et le contrôle de gestion restent des valeurs sûres, surtout dans les grandes PME.»

    Pour les étudiants des écoles de commerce et des IAE, qui s'intéressent aux évolutions du marché de l'emploi et réfléchissent aussi à leur employabilité à long terme, une question revient souvent. Faut-il opter pour une spécialisation qui reste assez généraliste, ou au contraire privilégier un programme orienté sur un secteur – luxe, sport, santé, vin, etc. ? Pour Christine Pochet, «l'hyperspécialisation peut être un pari risqué. Nous préférons former des généralistes de la finance ou du contrôle de gestion, qui résistent mieux aux aléas conjoncturels.» Laurent Bergeruc, de son côté, insiste sur l'intérêt d'une spécialisation sectorielle, à condition d'avoir de solides bases fonctionnelles : «Plus on est pointu, plus le potentiel d'attractivité augmente mais il reste cantonné au secteur. Il faut donc être très sûr de son choix. Lorsque ces profils souhaitent changer de domaine d'activité au bout de quelques années, mieux vaut opter alors pour une formation de quelques mois, type executive MBA. Les recruteurs restent très conservateurs...»

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    Dossier réalisé par Gilles MARCHAND

    Article paru dans Le Parisien Économie du lundi 12 décembre 2011

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