Dragons, de Marie Desplechin

les vrais et seuls cracheurs, ce sont les personnages de cette histoire, dévastateurs de vie et de cette réalité qu'un des protagonistes comparer

Dragons, de Marie Desplechin

    Les genoux cagneux et le morceau de robe orange de la fille en couverture de l'ouvrage, pourraient très bien être ceux de Pascale.

    Pascale, personnage frêle et magique mais non central, comme on pourrait d'abord le croire, du dernier roman de Marie Desplechin. Il y a aussi ce titre, sous ces jambes aux longues chaussettes remontées, qui fait sourire et cligner les yeux, bref qui intrigue, Dragons.

    Alors on les attend, les dragons que la « légende » de Paul Aurélien narrée au début du roman nous invite à imaginer, on les guette, ligne après ligne, page après page, on frissonne doucement à l'évocation toute proche de ces monstres cracheurs de feu.

    Mais il y a autant de dragons que d'individus.

    Parce que les vrais et seuls cracheurs, ce sont les personnages de cette histoire, dévastateurs de vie et de cette réalité qu'un des protagonistes comparera à une écharpe pliée en accordéon, chacun de ses plis étant une dimension de l'existence, le danger, le mal, ce que l'homme ne maîtrise décidément pas, étant de passer de l'un à l'autre de ces plis.

    C'est au sein de cet univers replié que se débattent avec plus ou moins de zèle, 3 couples, Pascale et Georges, Damien et Vanessa, Mélanie et Lucien, avec enfants, Aurèlie, Patrick et Benoît et la petite Véronique, inattendue mais finalement pas tant que ça. C'est entre les trouées de l'écharpe que leur âmes se déploient ou se froissent avec une vitalité retrouvée au bout de chaque vertige. Ca laisse des cicatrices très laides sur la jambe, Vanessa vous le dira. Le mal est fait, c'est la phrase de ce roman, et il faut seulement continuer, en sabrant gracieusement et consciencieusement ce qui empêcherait d'avancer, sans plus d'inquiétude qu'il n'en faut dans ces cas là.

    « Est ce que ça t'arrive de n'être pas très sur de la réalité ?

    Quelle réalité mon chéri ? »

    Même pas de la folie, « ce serait trop simple» mais une manière troublante car différente d'agencer les éléments du réel(s), c'est ce que représentent à eux seuls ces personnages, poupées qu'on aurait cruellement mis dans une petite boite et qu'on aurait à peine secoué, asphyxiés. Ces hommes et femmes qui se connaissent à peine, et qui, a priori, n'auraient rien à faire ensemble, mais que la plume de Marie Desplechin à réuni pour une délicieuse mise en abîme.

    A la fin tout rentre, heureusement, dans l'ordre.

    Mais est-ce bien raisonnable de même le souhaiter ?

    Dragons

    , de Marie Desplechin,

    Paru aux Editions de l'Olivier, 309 pages

    Article par Zouhour BARROUTA "auteur invité" par

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