École Hôtelière. Comment le groupe VATEL exporte son modèle français à l'international

Rencontre avec Alain Sebban le fondateur du groupe VATEL qui compte une cinquantaine d'écoles de management hôtelier et touristique dans le monde.

Alain Sebban (à gauche) fondateur du groupe Vatel, ici au Rwanda aux côtés de Nicole Bamukunde, directrice de Vatel Kigali
Alain Sebban (à gauche) fondateur du groupe Vatel, ici au Rwanda aux côtés de Nicole Bamukunde, directrice de Vatel Kigali

    Déjà présent dans une trentaine de pays, le groupe Vatel poursuit son déploiement, basé sur un audacieux système de franchise, le savoir-faire hôtelier français et le flair imparable de son fondateur, Alain Sebban. Portrait.

    « Vous vous rendez compte, je suis allé à peu près partout mais c’est ma première fois en Afrique subsaharienne », songe Alain Sebban, Président fondateur du groupe Vatel, en posant le pied à Johannesburg pour une longue escale. Un voyage qui le mène, à 73 ans, de Maurice, dont il est venu fêter les 10 ans de l’école, au Rwanda, où Vatel Kigali a ouvert en 2017, en passant par Rodrigues, une île au lagon insolent au cœur de l’océan Indien, où la plus petite école du groupe est née l’an dernier.

    L’Afrique, ce Lyonnais d’adoption la regarde avec admiration et lucidité : « Pas évident de trouver le bon modèle de développement ici, confie-t-il. Pour chaque école, nous devons identifier le bon partenaire, celui qui saura l’accompagner pendant ses premières années. »

    Une famille mondiale

    Vatel est « sortie » de France en 1995, avec une idée à contre-courant de la tendance de l’époque. Les écoles tentaient alors d’attirer le maximum d’internationaux sur leurs campus, et Vatel avec elles. Cela ne durera pas : « Je voyais de très jeunes étudiants pleurer tant ils se sentaient seuls et loin de chez eux. Cela me déplaisait outrageusement ! Imaginez, si c’était votre fille… »

    Une dernière phrase qui pourrait être une clé pour comprendre l’esprit qui anime Vatel, un groupe qui enseigne un secteur particulier, l’hôtellerie, où sens du service rime avec sacrifice, rendant les relations humaines plus précieuses encore. « Un jour, une grande entreprise cherchait le meilleur partenaire pour fonder une école hôtelière à Kuala Lumpur, se souvient Alain Sebban. Après avoir visité tous les établissements, sa DRH a choisi Vatel. Je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu : ‘Parce que je veux les mêmes étudiants que chez vous !’ » Un compliment que pourraient faire des parents, en somme. De ceux qui, pour lui, comptent vraiment.

    Le nouveau modèle est lancé. Vatel accompagnera l’essor du tourisme mondial autrement, au sein de chaque pays, pour répondre à ses besoins de managers hôteliers. « J’ai vite compris que nous tenions la bonne stratégie. Un pays doit garder son authenticité. Lorsqu’ils s’y rendent, les gens veulent rencontrer des professionnels locaux. Or, de 18 à 25 ans, on est tellement influencé qu’il y a un grand risque de rompre nos liens avec notre territoire. »

    De rencontre en rencontre et par un audacieux modèle de franchise qu’il a été le premier (le seul ?) à utiliser dans l’enseignement, le groupe Vatel est aujourd’hui déployé dans 33 pays et compte plus de 9 000 étudiants, ainsi qu’un réseau de 35 000 vatéliens en poste dans des hôtels et resorts du monde entier.

    A la française

    Ce système de franchise suppose un équilibre fin : s’adapter au pays, certes, mais aussi préserver une marque qui se veut l’ambassadrice d’une histoire bien française. Tradition d’abord véhiculée par ce nom, Vatel, porteur de notions… contrastées. Pour rappel, François Vatel, intendant sous le règne de Louis XIV, s’était donné la mort un jour de réception, parce que ses poissons n’arrivaient à temps. Une histoire que, de toute évidence, personne ne souhaiterait à sa fille... Alors pourquoi l’avoir choisi ? « Ce nom, c’est un don de Dieu, affirme, reconnaissant, cet homme de foi, président du Consistoire de la région Rhône-Alpes. Il suffit d’entendre un Chinois le prononcer pour le comprendre. Avec sa sonorité et les valeurs qu’il transmet, je suis convaincu qu’il nous a beaucoup aidés. »

    Alain Sebban visite la dernière-née des écoles Vatel à Rodrigues, au coeur de l'océan Indien.

    Génération Z

    Nous sommes maintenant au Rwanda, en visite d’une école fondée il y a 2 ans par une vatélienne, Nicole Bamukunde. Un pays vert et plein de projets, à la croissance économique impressionnante, francophone et anglophone, en plein centre de l’Afrique… Les ingrédients semblent réunis. Mais plus que sur les tableaux de bord, c’est sur les visages que le président lira les informations qui l’intéressent. « Voilà, c’est pour ça que notre travail a du sens », murmure-t-il en observant son ancienne protégée lui présenter des étudiants en uniformes impeccables, à la fois fiers, intimidés et subjugués de le rencontrer « en vrai. »

    Tenue, rigueur, concentration, sens du service, des valeurs désuètes pour une génération Z supposée ingérable ? « Qu’on critique une nouvelle génération, c’est normal. Moi, je les adore », tranche Alain Sebban, convaincu que c’est aussi aux écoles de s’adapter aux nouvelles mentalités et qui instaure d’ailleurs un système de classes inversées dans ses MBA l’an prochain. En cette jeunesse soi-disant rétive à la hiérarchie, Alain Sebban voit autre chose : « Et le fait que beaucoup d’entre eux veuillent devenir entrepreneurs, ça ne compte pas ? Depuis quand n’avons-nous pas eu une grande et belle génération d’entrepreneurs ? Cela devrait tous nous réjouir ! »

    Au menu de ce périple rwandais : visite de l’école, de la capitale Kigali, de son bouleversant mémorial du génocide où il ne manquera pas de déposer une gerbe, rencontres d’officiels... Au sortir d’un déjeuner avec les représentants du tourisme, la délégation Vatel se retire. Le président cache mal sa satisfaction ; son petit œil s’allume : « Je crois que j’ai trouvé », chuchote-t-il. Devant l’incompréhension de son auditoire, il sourit : « Notre modèle de développement pour l’Afrique ! Et bien, je crois que je l’ai trouvé…» Cela tombe à point, il repart à Lyon dans une heure.

    Nicolas Chalon

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