Les écoles de commerce post-bac dans la cour des grandes

Tout en restant sur leur fondamentaux : la professionnalisation, les écoles post bac ont su se réinventer, longtemps précédées d'une réputation de choix par défaut, les écoles post bac montent en puissance !

Les écoles de commerce post-bac dans la cour des grandes

    Longtemps précédées d’une réputation de choix par défaut, les écoles post bac ont su monter en puissance sur plusieurs domaines,dont la recherche, et renforcer leurs atouts initiaux.

    Innovantes, réactives,elles préfèrent jouer leurs cartes plutôt que de singer les stratégies des écoles postprépa.

    On est bien loin de l’image du fils de bonne famille n’ayant pas les moyens intellectuels de suivre une prépa. Les écoles de commerce recrutant après le bac sont de plus en plus sélectives. »

    Pour Guillaume Bigot, directeur de l'IPAG, rien d'étonnant à cela : « Nous offrons une formation pratique et opérationnelle, dès la première année. Les diplômés sont bien préparés aux différents métiers de l'entreprise. »

    Un avis partagé par Benoît Herbert, directeur de l'ISTEC : « Le grand public comprend de mieux en mieux les qualités des écoles postbac. Les étudiants sont plus autonomes dans leurs choix, ils ont accès à beaucoup d'informations et peuvent se faire une idée plus précise. Avec des atouts comme l'offre de parcours et la préparation professionnelle, les jeunes s'intéressent davantage à nous. »

    Cette dynamique s’explique notamment par le système d’accréditation, qui décerne des labels reconnus sur la scène internationale.

    Délivrés par des organismes spécialisés (EEMD, AACSB, pour citer les principaux), ils sont très recherchés par les écoles, qui voient reconnu leur niveau d’excellence.

    L’attribution du grade master par la commission nationale dédiée, la CEFDG, et surtout la durée d’obtention, sont également des indicateurs précieux pour s’assurer que l’établissement remplit bien ses missions.

    « Les écoles ont gagné du terrain sur la solidité des projets pédagogiques et l’internationalisation des programmes, juge Martine Bronner, directrice du BBA ESSEC. Les accréditations et les visas ont favorisé leur progression. Il y a eu à la fois des investissements et des réflexions pédagogiques, qui portent aujourd’hui leurs fruits. »

    Si toutes les écoles post bac se différencient dans leur stratégie, le mouvement général est au développement de la qualité dans tous les secteurs.

    C’est sans doute la recherche qui en a le plus bénéficié, alors qu’elle a longtemps été un point faible. « Les écoles postbac avaient des atouts, comme la proximité avec les entreprises, l’expérience internationale durant le parcours et l’accompagnement, estime Catherine Leblanc, directrice de l’ ESSCA . Elles ont porté leurs efforts sur le renforcement de la recherche, comme à l’ESSCA où le nombre de docteurs est passé d’une petite dizaine en 2001 à 55 aujourd’hui, au service de publications appliquée. »

    Autre exemple, l'IDRAC Lyon,dont le laboratoire de recherche ICAR (IDRAC Center for Applied Research in Management) se focalise sur l'anticipation des grands mouvements des pratiques managériales. L'école prévoit d'ailleurs une augmentation de 30% de son activité de recherche dans les prochaines années.

    Au-delà de la contribution à la connaissance, les résultats des études ont des impacts plus directs :

    ils peuvent être intégrés aux enseignements et servir de base à la création d’outils pour les entreprises. De son côté, l’IESEG est, avec HEC, la seule école de management dont le centre de recherche est intégré à un laboratoire du CNRS.

    RECHERCHE ET INTERNATIONAL

    Un autre domaine où les écoles post bac ont progressé concerne l’international. La qualité et la quantité d’offres sont souvent comparables à celles des écoles postprépa. BBA ESSEC prévoit dorénavant deux séjours académiques obligatoires dans le cursus, dans deux pays différents. Dans certaines écoles, comme l’IECG, deux années se déroulent à l’étranger, par exemple une année académique et deux stages de six mois.

    « Au cours des deux dernières années, nous avons noué des partenariats avec une vingtaine d’institutions étrangères, qui ouvrent sur des doubles diplômes, des échanges d’étudiants et d’enseignants, des coopérations de recherche»,

    explique Denis de Bénazé, directeur de l’IDRAC Lyon. Autre exemple, le CESEM , qui offre une immersion de deux ans à l’étranger à tous ses étudiants, dont un stage de longue durée en entreprise.

    Si tous les partenariats ne se valent pas, les écoles postbac arrivent à attirer des partenaires prestigieux, par exemple l'ESG avec la London School of Economics (comme BBA ESSEC). Autre atout des partenariats, la possibilité de décrocher un double diplôme. De nombreuses écoles privilégient cette formule, comme l'IPAG ou l'IECG, qui propose 16 doubles diplômes, dont trois signés en 2011 avec l'université de Via au Danemark, l'université de Lodz en Pologne et l'université de Chester en Grande Bretagne.

    DES CAMPUS À L’ÉTRANGER

    En dehors des périodes d'études dans une université partenaire, de plus en plus d'écoles se dotent d'un campus en propre. Si l'EBS peut bénéficier d'un réseau de 11 écoles EBS dans le monde, et ainsi offrir une expatriation d'un an et demi, le choix d'implantation appelle une décision mûrement réfléchie.

    L’ICD a ainsi décidé d’installer son campus à Dublin. « C’est une ville à la fois internationale et multiculturelle, tout en étant proche de Paris, justifie Erwan Poiraud, directeur de l’école. C’est l’occasion, au cours d’un semestre en 1re année, d’apprendre l’autonomie tout en améliorant fortement son anglais. »

    D'autres écoles, comme l'ECE, offrent la possibilité d'un parcours académique multi-sites (France, Londres et Monaco pour cet établissement du groupe Inseec). L'ESCE, de son côté, est la seule école à donner l'opportunité de cinq départs dans cinq pays différents, soit un stage ou un semestre d'études chaque année. Mais l'immersion internationale se déroule aussi au sein même de l'école, par le biais d'une filière spécifique, de cours de langues et d'enseignements donnés en anglais. La plupart des écoles exigent l'apprentissage de deux ou trois langues, avec une offre très variée (japonais, russe, chinois, arabe, etc.), et augmentent progressivement la

    part de cours délivrés en anglais.

    C'est par exemple le cas pour plus de 50 % des enseignements de dernière année à l'ESTA. Parmi les écoles les plus orientées sur l'international, l'IESEG délivre le programme des trois dernières années en anglais et dispose d'un corps professoral composé à 72 % d'enseignants étrangers. La mise en situation est privilégiée par d'autres écoles, avec par exemple la mission internationale proposée aux étudiants de 3e année de l'IFI.

    Durant un an, ils collaborent avec des entreprises de la région rencontrant des problématiques à l’export.

    CAP SUR LA PÉDAGOGIE DE L’ACTION

    Le troisième secteur qui stimule l'innovation des écoles post bac touche au cœur de ses missions : la pédagogie. Le modèle traditionnel de la transmission des connaissances est largement remis en question, au profit de méthodes plus actives.

    En clair, l’étudiant devient acteur de sa formation, tout en bénéficiant d’un accompagnement soutenu. Chacune à sa manière, les écoles s’attachent à lui apprendre à apprendre, à agir, à s’adapter.

    ADVANCIA privilégie ainsi une pédagogie centrée sur la conduite de projets et les mises en situation : études de cas réels, création d’entreprises fictives, réalisation de missions pour des entreprises, implication dans des projets associatifs...

    L’ESG vise le savoir-être, en multipliant les expériences pour développer ses compétences.

    L’école s’appuie sur le parcours U-Discover, basé sur des actions pédagogiques dans sept directions : découverte de soi, des autres, des métiers, découverte internationale et culturelle, etc. « Le développement personnel est un des objectifs de notre pédagogie », confirme Armand Derhy.

    La même logique anime l’innovation pédagogique de l’ICD, articulée autour de quatre dimensions : professionnelle, personnelle, internationale et responsable

    .

    Le modèle du "learning by doing" d'Euromed est intégré à la pédagogie du programme CeseMed, avec la pédagogie Projet Action : de la mise en place du projet à sa réalisation. La pédagogie de l'action, qui se répand dans l'univers des écoles postbac, vise également la professionnalisation en proposant des exercices liés au monde de l'entreprise. L'EM Normandie a adapté le modèle pédagogique d'HEC Entrepreneurs pour soumettre des missions à ses étudiants tout au long de leur cursus. « En proposant des exercices professionnels, on permet aux élèves de se confronter à des problématiques réelles d'entreprise, en travaillant en équipe, explique Jean-Guy Bernard, directeur de l'EM Normandie. Au cours de son parcours, chacun découvre toutes les fonctions de l'entreprise. Certaines missions donnent d'ailleurs lieu à des cas pédagogiques utilisés par les enseignants dans leurs cours, ou à des travaux de recherche appliquée qui nourrissent les programmes de l'école. »

    L’EXCELLENCE DE L’ACCOMPAGNEMENT

    Autre tendance forte, la stimulation de l’ouverture d’esprit. De nombreuses écoles, dont l’ESDES, offre une large gamme de cours sans lien direct avec les sciences de gestion (philosophie, théâtre, histoire des sciences ou art contemporain). Le même objectif anime les écoles qui intègrent une dimension sociale dans les projets. Par exemple BBA ESSEC propose à la fin de la 2e année une expérience de 4 à 6 semaines dans un domaine éducatif ou humanitaire.

    « Les étudiants collaborent par exemple avec Emmaüs ou le SAMU

    , explique Martine Bronner. C’est l’occasion, pour ces jeunes, de se confronter à d’autres facettes de la vie, une posture indispensable au futur exercice managérial qui nécessite de l’ouverture et de la capacité à s’adapter. »

    Apprentissage, semestres d’études à l’étranger, doubles diplômes, choix de parcours

    : les cursus deviennent de plus en plus individualisés. Pour Erwan Poiraud, « les écoles post bac sont montées en puissance en termes d’excellence académique, mais la qualité se joue également ailleurs. Pour permettre aux étudiants de construire le parcours qui leur est le mieux adapté, l’école doit s’assurer de l’excellence de l’encadrement et de l’accompagnement. » L’IDC propose ainsi le “Pass’pro”, dans lequel chaque élève collecte les preuves du développement de ses compétences tout au long de sa formation.

    L’IPAG, de son côté, s’est doté d’un système de coaching pour faciliter l’orientation des étudiants et la construction de leur projet professionnel. En plus d’un bilan d’orientation chaque année, l’école propose le test PerformanSe, utilisé par de grandes entreprises, dont l’objectif est de permettre à l’élève de s’auto-évaluer et d’être évalué par son maître de stage. L’EM Normandie propose un double coaching individualisé. Le premier est assuré par des consultants en gestion des compétences et ressources humaines, afin d’aider les étudiants

    à définir leur projet personnel et professionnel. En complément, des diplômés de l’école apportent leur soutien aux étudiants dans leurs démarches de recherche de stage et d’emploi.

    DES PROFILS INTÉRESSANTS AUX YEUX DES DRH

    Tout en restant sur leurs fondamentaux, notamment la professionnalisation, les écoles post bac ont su se réinventer. Les recruteurs prennent acte de leurs évolutions, en marquant de moins en moins la distinction entre les diplômés sortant d’écoles post prépa et post bac

    .

    « Certains DRH ont des grilles de poste et de salaire qui différencient les deux types d'école, reconnaît Jean-Guy Bernard.Mais les choses sont en train de changer, grâce à une nouvelle génération de DRH qui s'assurent toujours de la qualité du diplôme, mais prennent en comptent les points forts du parcours, les expériences, les compétences comportementales. » Martine Bronner met en avant la perception des recruteurs sur les diplômés d'écoles post bac : « Ils sont reconnus comme très professionnels, adaptables, amateurs de challenge et sachant travailler en équipe. » Pour la directrice du BBA ESSEC, les cabinets de conseil, la banque ou la finance privilégient toujours les profils post prépa, « une différenciation qui se justifie. Mais après une école post bac, l'éventail de secteurs d'activité est plus large. » Elle estime également qu'entre les écoles post bac du haut du tableau et les établissements post prépa de milieu de tableau, il n'existe que peu de différences en termes de niveau de fonction et de rémunération.

    Bref, les écoles post bac ont changé, tout comme le regard que les entreprises portent sur elles.

    Pour Armand Derhy, elles ont surtout une vraie valeur ajoutée : la formation en cinq ans, « un atout énorme qui permet de baliser efficacement le parcours dans toutes les directions, professionnalisation, international, etc. » Un avis partagé par Catherine Leblanc, qui rappelle que le format 3 + 2 (soit les niveaux bachelor et master) bénéficie d’une vraie lisibilité dans le monde, car il est adapté au standard international LMD. Pour la directrice de l’ESSCA, « les écoles post bac

    ont gagné leurs lettres de noblesse. » Plusieurs défis les attendent encore,notamment la recherche de collaborations plus poussées avec des institutions étrangères ou avec des écoles formant à d’autres disciplines. La question du financement est également indissociable de leurs ambitions de développement.

    Pour Guillaume Bigot, des faiblesses doivent encore être compensées : « Les élèves n’ont pas la même capacité de travail et d’analyse, le même goût de l’effort, la même méthodologie que des étudiants passés par une classe prépa. » Il note également un effet réseau d’anciens beaucoup plus marqué dans les écoles post prépa. « Une école qui réussit est une école qui se remet en question en permanence, estime Benoît Herbert. Elle doit être réactive et innovante, et plutôt que de singer les écoles post prépa, développer une approche spécifique, adaptée aux besoins des étudiants et des entreprises.

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    L'Ecole Européenne des Métiers de l'Internet
    Commerce / Gestion / Management
    Paris
    Institut Lyfe (ex Institut Paul Bocuse)
    Tourisme / Hôtellerie / Restauration
    Écully
    L'Ecole Multimedia
    Informatique / Numérique
    Paris