C’est l’un des chantiers majeurs des grandes écoles de commerce. Impossible d’imaginer leur avenir sans le numérique, le collaboratif, les réseaux et une mobilité totale. Nous avons d’ailleurs intégré pour la première fois un critère digital dans notre palmarès. Petit tour de piste des initiatives des établissements… connectés.
S'il y a bien un domaine où les grandes écoles devront investir massivement, c'est bien le numérique. Des cours collaboratifs, des ressources pédagogiques en ligne, des enseignants en réseau, des solutions technologiques de pointe… Les étudiants sont plus exigeants que jamais et la concurrence entre Business School plus rude. «Tous les étudiants ont un ordinateur portable et un smartphone dans la poche : il faut donc leur offrir une accessibilité totale des cours et des services », explique Armand Derhy, Directeur de l'ESG Management School. « Nous devons être en mesure de leur apporter une expérience unique durant toute la scolarité ».Fini le temps du cours à l'ancienne avec un prof qui parle devant une salle silencieuse. Toutes les études démontrent que les étudiants s'ennuient vite et que leur attention est limitée : l'interactivité est la norme et la technologie permet justement de changer d'époque.
MOOC or not ?
La mode est aux MOOC et toutes les écoles se sont positionnées… ou ont suivi le mouvement. ICN Business School Nancy-Metz, HEC Paris, ESCP Europe, l’Edhec ou encore EMLyon Business School et son fameux MOOC sur l’entrepreneuriat… nos Business School françaises s’avèrent plutôt performantes. « Je dois dire que nous avions commencé bien avant que l’on parle de ce sujet, assure Alice Guilhon, DG de Skema Business School. Avec nos campus situés sur plusieurs continents, nous avons très vite compris que le recours aux technologies éducatives les plus pointues étaient indispensables ». Même son de cloche à Audencia Nantes École de management où la création de MOOC n’est au fond qu’un aboutissement d’investissements importants dans le digital.
« Toute notre organisation a été repensée autour du numérique : la pédagogie, la formation continue, la gestion, les relations entreprises, les anciens…
Il est fondamental de rendre interconnectés tous les différents éléments de notre organisation », confirme Frank Vidal, le patron de l’école nantaise.
Aujourd’hui, la quasi-totalité de nos écoles disposent de leurs propres MOOC ouverts à tous. Signe des temps, le PDG de Numéricable a même fait un don de 10 millions d’euros à la Fondation Télécom (dont Télécom École de management est membre) pour développer ce type d’enseignements à distance ! « Il est d’ailleurs indispensable à l’avenir que la plupart des cours soient filmés pour donner accès aux contenus à tout moment », estime Olivier Lépinette, l’heureux directeur de la formation de cet établissement.
Smart École
Le sujet du digital est d’autant plus crucial que les écoles doivent désormais être connectées H24 et offrir des conditions d’apprentissage modernes. C’est le cœur du projet de France Business School où l’on considère que les écoles ne sont plus des lieux de transmission de savoir mais des lieux de développement des personnes et de projets. « Le numérique est au centre de notre fonctionnement avec des formations totalement hybrides en présence et à distance. Le rôle du prof se transforme : il devient un facilitateur et on ne parle plus de face à face mais de côte à côte ! », complète Patrick Molle, DG de France Business School.
Même approche à l’EM Normandie où l’on a inventé le concept de Smart École
. Une véritable révolution avec des salles équipées d’outils digitaux favorisant la créativité, l’audace et le travail collaboratif. « Nos étudiants peuvent enrichir les cours en direct tout en communiquant avec leur enseignant et chercher des documents, raconte Jean-Guy Bernard, DG de l’EM Normandie. Pour favoriser tout cela, nous avons choisi d’équiper nos élèves de tablettes ». Au programme : gestion de projets, simulations, études de cas, création de contenus, cycles de conférences en ligne…
La situation évolue d’autant plus vite que la mobilité devient la norme. Tous les étudiants partent loin et sont désormais demandeurs de cours ou d’échanges où qu’ils soient sur la planète. Couper toutes relations sous prétexte d’éloignement serait totalement anachronique et ferait passer n’importe quelle école pour une “ringarde”. Effet désastreux garanti.
Entrer dans une grande école de commerce, c'est profiter d'un environnement digital où le jeune poursuit son apprentissage en toute liberté et à son rythme. Ce qui oblige, au passage, à revoir l'organisation car sur le web on échange à toute heure… et on attend un retour rapide. On travaille volontiers ATWAD : anytime, anywhere, any device. Bref, on bosse un peu à la carte.
En imaginant l’école de demain, Grenoble École de Management a fixé le chemin à suivre, détaillé ainsi dans Portraits de l’École du Futur : « Notre conviction est claire : épaulé par la machine, le rôle du professeur n’est plus uniquement celui de détenteur du savoir et enseigner dans l’école du
futur n’aura pas grand-chose à voir avec l’enseignement tel que nous le connaissons aujourd’hui et depuis des siècles ». Autant le dire, la révolution est en route !
Avis d'Expert
« L'enjeu est de créer du lien avec les candidats »
Sébastien Lardez, fondateur du site ecoles2commerce.com, analyse l'importance du digital pour les grandes écoles de commerce
Pourquoi le numérique est devenu un enjeu capital pour les écoles ?
C’est clairement devenu un moyen d’attirer et de recruter des étudiants. Grâce aux réseaux sociaux et aux applications mobiles, l’enjeu est de créer du lien avec les candidats, de communiquer d’une manière différente et finalement de séduire les jeunes, au même titre qu’une entreprise qui promeut sa “marque” sur internet.
Comment juger l'e-réputation des écoles ?
Pour les étudiants, il est intéressant de se pencher sur l’e-réputation de l’école pour avoir une image plus fidèle de celle véhiculée par les plaquettes. Ainsi, vous pouvez jeter un oeil aux avis sur Google, les pages Facebook, les comptes Twitter, les profils Instagram, les vidéos sur Youtube, les blogs étudiants... Cependant, il faut faire attention à certains messages anonymes postés sur les forums. Ils reflètent parfois des commentaires très subjectifs ou des cas isolés. Il faut donc savoir prendre du recul et garder un esprit critique concernant les informations que l’on trouve sur le web.
Est-ce important pour choisir son école ?
Je pense que c’est un critère parmi tant d’autres comme les spécialités, les frais de scolarité, les innovations pédagogiques, la vie étudiante…
Et chacun décide au final ce qui est le plus important pour son choix d’école. À mon sens, une école qui fédère et anime son réseau des diplômés sur Linkedin ou Viadeo dispose aujourd’hui d’un
avantage certain pour les années à venir.
À bon entendeur.
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