Six idées reçues sur les écoles de commerce post prépa

La scolarité est trop chère, la prépa ne fait plus la différence pour les DRH, une bonne école est une école de grande taille... 6 idées reçues décryptées et analysées sur les écoles de commerce avec prépa.

Six idées reçues sur les écoles de commerce post prépa

    Pour les candidats et leurs parents, il n’est pas toujours simple de comprendre les orientations stratégiques des écoles. Labels internationaux, fusions ou alliances, pédagogie, recherche, coût des études… Les directeurs s’expliquent sur les principales évolutions du monde des grandes

    écoles et les défis qui les attendent,à travers six idées reçues.

    LES LABELS INTERNATIONAUX
    SONT INDISPENSABLES

    Depuis plus d’une dizaine d’années, les grandes écoles s’impliquent dans des démarches d’accréditation par des organismes internationaux. En garantissant la qualité de leurs modèles

    académiques, elles permettent aux écoles de se positionner au niveau national et de renforcer leur

    visibilité dans les autres pays.

    Parmi les principaux labels, on peut citer Equis (European quality improvement system), l'américain AACsB (Association for the Advancement of Collegiate schools of Business) ou l'européen AMBA (Associations of MBAs). La triple accréditation concerne déjà une dizaine d'écoles françaises, dont HEC, première école de management à l'avoir obtenu en 2000, l'ESCP Europe ou l'ESC Grenoble. Preuve de la montée en puissance des établissements français, de plus en plus d'écoles obtiennent une ou plusieurs accréditations, délivrées pour une durée précise à l'issue d'un audit approfondi. L'ESC Dijon vient par exemple d'être ré-accréditée EPAs, délivrée par l'EFMD (European Foundation for Management Development), pour la durée maximale de 5 ans.

    Coûteuses en énergie et en ressources humaines, poussant les écoles à des efforts importants en matière d’investissements, les démarches d’accréditation sont-elles si importantes ?

    Le jeu en vaut-il la chandelle ? Pour la plupart des directeurs d’école, la réponse est incontestablement positive. Didier Jourdan, directeur de l’ ESC Montpellier , explique pourquoi les labels sont si importants :

    « Le monde de l’enseignement supérieur s’est mondialisé, nous devons disposer d’une visibilité au-delà de nos frontières.La démarche de labellisation permet aussi d’amorcer des changements organisationnels et structurels profonds.

    Une accréditation garantit également une continuité de qualité et impose de maintenir le niveau d’excellence.

    Enfin, elle favorise "les relations internationales et la recherche de partenaires de haut niveau." Un avis partagé par Andrés Atenza, directeur de l'ISC Paris, pour qui « une accréditation révèle surtout la dynamique de progrès d'une école. » Mais certains dirigeants,même en bénéficiant de plusieurs accréditations, se révèlent plus nuancés sur leur impact. Ainsi, Olivier Oger, directeur général du Groupe EDHEC, estime que l'effet d'entraînement est excessif : « Dès qu'une école parmi les leaders en obtient deux, elle instaure un niveau que les autres écoles cherchent à atteindre. Il ne faut pas tomber dans le travers de confondre stratégie et critères d'accréditation. Les écoles ont surtout intérêt à se différencier tout en montant en qualité. » Pour Richard Perrin, directeur international et marketing de l'EDHEC, « les certifications sont utiles car elles donnent de l'information au marché de l'enseignement supérieur. Mais ce même marché s'est hyper standardisé, du fait des accréditations et des classements qui renforcent la logique de modèle unique d'école. »

    UNE BONNE ÉCOLE EST UNE ÉCOLE DE GRANDE TAILLE

    Pour peser dans la compétition internationale et surtout avoir les moyens de ses ambitions, des business schools ont fait le choix de s'agrandir. Premier moyen, la fusion de deux écoles, comme le CERAM et l'ESC Lille qui ont donné naissance à SKEMA en 2009. Cette opération a notamment permis de renforcer leur présence à l'étranger avec, entre autres, l'ouverture d'un campus aux États-Unis, et de développer une stratégie d'école globale, présente sur tous les continents.

    Consultez la carte du Monde des campus à l'étranger

    « L'installation de campus à Londres et à Monaco est une conséquence directe de la taille critique, complète Edgard Girard, directeur de l'INSEEC. Sans elle, il est très difficile de s'implanter à l'étranger. Or cette stratégie est au bénéfice des parcours de nos étudiants et du recrutement

    d'étudiants locaux. » Pour lui, la taille critique est favorable au renforcement de la recherche et aux innovations pédagogiques, qui réclament de lourds investissements. Une autre stratégie consiste à nouer une alliance stratégique avec un partenaire international, dans une logique de coopération et de complémentarité. C'est l'orientation privilégiée par l'ESC Dijon avec la business school d'Oxford Brookes University. Initiée en 2007, cette alliance a permis des partages d'équipes pédagogiques, des collaborations de recherche et la création de programmes. «Notre objectif est de constituer une école globale au niveau européen et mondial, avec une gouvernance commune et le développement de projets ambitieux », précise Stéphan Bourcieu, directeur de l'ESC Dijon. L'ESC Grenoble, pionnière dans cette démarche, a développé des alliances stratégiques avec dix universités du Moyen-Orient, de Chine, d'Europe et des États-Unis. Pour Jean-François Fiorina,

    son directeur, « elles permettent de renforcer notre positionnement international et d'élargir les opportunités d'étude pour nos élèves. » Les possibilités d'alliance peuvent concerner d'autres établissements, comme AUDENCIA qui envisage un rapprochement avec l'École Centrale

    de Nantes. Pour Jean Charroin, directeur général adjoint, « ce projet permettrait des développements communs, en profitant de nos forces respectives. La coopération se

    nourrit d’idées réciproques ! »

    LA PÉDAGOGIE ET LES PROGRAMMES SONT LES MÊMES PARTOUT

    S'il est bien un secteur dans lequel les écoles post prépa ne cessent d'innover et d'évoluer, c'est bien celui de la pédagogie et de l'offre de programmes. Filières, spécialisations, apprentissage, année de césure, stages, périodes d'études à l'étranger... L'individualisation des parcours s'impose comme la principale stratégie des écoles post prépa. « Avec 15 parcours de formation et 16 majeures de spécialisation, ce sont en tout 600 combinaisons qui s'offrent aux étudiants, précise Olivier Aptel, directeur de l'ESC Rennes. L'essentiel est de proposer des parcours encadrés et des opportunités pour choisir en fonction des goûts et attentes de chacun. » L'ESC Toulouse, pionnière dans l'individualisation des parcours de formation, s'est lancée dans une vaste réforme pédagogique. Pour Hervé Gasiglia, son directeur, « il est important de proposer des profils variés aux entreprises. Les futurs managers doivent devenir des pilotes du changement, innovants, proactifs et attachés au respect de valeurs humaines. » L'ESCEM propose également une diversité d'options à ses étudiants, par exemple un séjour académique ou un stage en entreprise pour l'expérience internationale, ou le choix du campus anglophone de Poitiers ou du campus classique de Tours. « Notre objectif aujourd'hui est de proposer des parcours de mieux en mieux adaptés, avec la possibilité de changer de spécialisation parmi les vingt proposées », précise François Duvergé, directeur de l'école. À chaque école son positionnement. Le projet éducatif de l'EM Lyon est de préparer des "entrepreneurs pour le monde", en mettant l'accent dans tous ses programmes sur trois dimensions fortes : le développement des qualités entrepreneuriales, le sens de la responsabilité sociale et environnementale et de l'éthique dans les affaires, et la prise en compte des différents contextes du système économique mondial. Du côté de l'ESC Amiens, la pédagogie privilégie les comportements professionnels, ou soft skills.

    L'orientation de Rouen Business School repose sur la mise en situation, par exemple en marketing ou en contrôle de gestion, complétée par des séminaires (interculturel, créativité, management de projet, etc.). Autre exemple, l'ESC La Rochelle qui propose une mission "Humacités" de trois mois, pour former au sens de l'engagement et des responsabilités. Pour Marc Gibiat, son directeur, « cette mission développe l'écoute, la solidarité, l'humilité, la capacité d'adaptation. Autant de compétences qui ont un impact sur l'employabilité. » HEC propose de son côté, depuis cette année, les "Académies", qui permettent la mise en pratique de talents cachés (réalisation d'un court-métrage, concours d'éloquence, etc.). Qui a dit que les écoles post prépa n'innovaient pas dans leur pédagogie ?

    LES ÉCOLES INVESTISSENT TROP DANS LA RECHERCHE

    La démarche d'accréditation reposant en partie sur la qualité de la recherche, les écoles se sont impliquées dans son développement. Dans ce registre, les mieux cotées ont une longueur d'avance, comme l'ESSEC qui s'appuie sur 17 chaires d'enseignement et de recherche, spécialisées dans un secteur d'activité ou une discipline. L'EDHEC en a fait un axe fort de différenciation, en portant ses efforts sur cinq secteurs, dont la recherche en finance et en économie qui est aujourd'hui très reconnue. De son côté, HEC s'appuie sur un corps professoral de 109 enseignants-chercheurs permanents. L'école a d'ailleurs créé, en 2004, un laboratoire de recherche CNRS, qui a été classé 3e centre de recherche européen en gestion dans le dernier classement du Financial Times. « Nous renforçons nos thèmes de recherche historiques tout en créant de nouveaux pôles, sur l'entrepreneuriat ou le développement durable, précise Bernard Ramanantsoa, son directeur.

    Il n’est pas question de créer un axe pédagogique sans le support de la recherche, et réciproquement. Les deux dimensions se nourrissent mutuellement. » C’est en effet un des principaux intérêts de la recherche dans les business schools : alimenter les programmes d’études, en s’assurant d’une actualisation constante. Les écoles profitent, quand elles le peuvent, d’un

    environnement propice. Par exemple l'EM Strasbourg, qui dépend de l'université de Strasbourg, bénéficie de deux laboratoires de recherche et de 94 enseignants-chercheurs. « Leur principale plus-value,pour les étudiants, est le transfert de connaissances et de compétences, estime Michel Kalika, directeur de l'école. La recherche permet aussi d'ouvrir des réflexions critiques sur le management et d'apporter des réponses aux évolutions des entreprises. » L'ESC Troyes a créé une chaire Innovation and entrepreneurial Management avec la Technopole de l'Aube en Champagne : « Ce que j'ai initialement ressenti comme une contrainte imposée s'est finalement révélé un atout précieux, explique Francis Bécard, directeur de l'école. Nous avons une bonne équipe de recherche qui s'intègre dans les réseaux internationaux. » L'ESC Clermont a initié dès les années 1980des travaux de recherche dans le champ des PME et TPE, profitant ainsi des spécificités du tissu économique tout en lui apportant des réponses à ses problématiques.

    LA SCOLARITÉ EST TROP CHÈRE

    Les frais de scolarité annuels, compris entre 5 000 et 9 000 euros, sont un vrai investissement pour les familles. Pour autant, la qualité de services proposés par les écoles post bac explique facilement ce coût très largement supérieur à l'université : diversité des parcours, recherche, encadrement, accompagnement personnalisé, etc. « L'enseignement en France repose sur une culture de la gratuité, et souvent les parents nous questionnent sur les raisons d'un tel coût, précise Andrés Atenza. Il s'explique par le "service client" intellectuel de qualité que les écoles offrent aux étudiants, à travers la formation et l'accompagnement au cours de la carrière. » Pour autant, les écoles s'attachent à une politique sociale, notamment par le biais de l'apprentissage et des bourses (sur critères sociaux et au mérite). Parmi les écoles en pointe sur ce sujet, l'ESC Montpellier offre des bourses d'excellence qui financent la scolarité de plus de 30 étudiants sélectionnés sur des critères sociaux et scolaires, ainsi que des bourses au mérite. Elle propose également le cursus "job alterné" qui permet d'étudier 15 jours et de travailler 15 jours en dehors du cadre de l'apprentissage. De nombreuses écoles ont également noué des partenariats avec des établissements bancaires, pour des prêts d'étude à taux zéro. La voie de l'alternance est aussi un bon moyen pour suivre des études, avec l'exonération totale des droits de scolarité et un salaire moyen correspondant au SMIC. 130 places d'apprentissage par promotion sont disponibles à L'ESC Pau. « Ce sont donc 45 % des étudiants de 2e et de 3e années qui sont concernés, précise Jean-Pierre Lahille. Nous avons également 24 % de boursiers, qui pourront bénéficier dès la prochaine rentrée de 10 mois de loyer pris en charge par l'école. »

    LA PRÉPA NE FAIT PLUS LA DIFFÉRENCE POUR LES DRH

    À l'image de Jean-Noël Thiollier, les responsables de recrutement évoluent dans leurs perceptions des écoles post prépa et post bac. Une étude de 2010, menée par le groupe OBEA et Infra forces, porte sur les pratiques de recrutement dans les entreprises de plus de 500 salariés. Les résultats sont éclairants ! Que ce soit pour des profils confirmés ou débutants, les recruteurs estiment à une très grande majorité qu'il n'existe pas de différences marquées entre les écoles de commerce. Concernant la qualité de l'enseignement, les écoles post prépa sont jugées légèrement supérieurs aux post bac. Surtout, 76 % des recruteurs ne font pas la différence entre les deux types d'école pour décider d'une embauche. Seules les très grandes entreprises font une distinction plus marquée. Pour Olivier Oger, « les DRH gardent en tête que le passage par une prépa garantit une capacité de travail et une rapidité d'exécution. Sur le marché international, c'est surtout les qualités personnelles et le parcours qui priment. » Un avis complété par Jean Charroin, qui estime que « le rang des écoles compte davantage que le passage par une classe prépa. Les DRH apprécient surtout les profils opérationnels et variés, c'est pourquoi les étudiants de philosophie ou de droit admis sur titres peuvent faire la différence. » .

    Nouveauté 2011:

    Un site internet dédié à 28 grandes écoles de management vient d’être lancé par les Chambres de Commerce et de l’Industrie. L’occasion de découvrir ce qu’elles proposent !

    Rendez-vous sur : www.cci.fr/web/portail-esc

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