Une petite équipe. L’un est plutôt bon en design, l’autre en code, le troisième en business. Dans 24 heures, ils devront présenter à un jury leur projet, appli ou site. Et convaincre ! Qu’on l’appelle piscine (terme plutôt réservé aux codeurs), hackathon ou simplement projet, le learning by doing est la pédagogie phare des écoles digitales.
« Notre entreprise avait beau être fictive, elle était surveillée de près », se souvient Laura Bidaut, étudiante à EM Normandie, l’école qui a mis en place un dispositif appelé Orange Innovation Academy avec l’opérateur du même nom.
Créatifs ensemble
Pendant cinq mois, elle se rend chaque mercredi dans le laboratoire du groupe. Elle y rejoint deux étudiants ingénieurs de l’EnsiCaen voisine pour plancher sur une application de leur cru. « Il faut comprendre le métier de chacun, ses idées, débattre et, à la fin, prendre des décisions. C’est vraiment formateur », explique Laura Bidaut. À ses partenaires, les aspects techniques, à elle la dimension commerciale du projet : montage du plan business, études de marché, marketing… « Il faut être très débrouillard et trouver des solutions soi-même. »
Ce type d’enseignement a gagné ses galons. « L’enjeu est de rendre les étudiants acteurs dans le développement de leurs compétences et de connaissances, décrypte Damien Richard, enseignant-chercheur à l’Inseec School of Business and Economics, du groupe Inseec U. Cette pédagogie repose sur le fait que l’apprenant n’est pas une « table rase », mais qu’il est porteur de connaissances, de savoir. » Confronté à un problème, il doit identifier quelle compétence lui manque pour l’acquérir et régler le tout.
Ma vie en équipe
Certaines écoles poussent le principe encore plus loin. Le nouveau master 2 de la Sports Management School (SMS), à Paris, consacré au e-sport, prévoit de recruter 16 étudiants. Un chiffre qui ne doit rien au hasard : « Notre promotion ne sera pas une classe à proprement parler, mais une équipe de gaming », explique David Mignot, directeur académique de l’école. Leur formation sera on ne peut plus concrète : préparation, entraînements, coaching, quête de financements, plan de communication, e-réputation… Avec, en ligne de mire, l’objectif de toute équipe de e-sport : participer à des tournois (et les gagner).
« Nous nous adressons à deux types de profils pour créer la SMS e-sport Team. Ceux qui connaissent déjà la communication et veulent mieux maîtriser le e-sport et ceux qui jouent beaucoup et veulent acquérir des compétences marketing », précise David Mignot. Les inscriptions sont ouvertes, pour une première rentrée en janvier.
600 postes en 3 ans
Ces nouvelles pédagogies ne sont pas déconnectées de la réalité. Car lorsqu’ils entreront sur le marché du travail, les jeunes diplômés auront de fortes chances de retrouver ce type de fonctionnement dans leur entreprise.
À Crédit Agricole Technologies et Services (CATS, filiale du groupe bancaire), on a franchi le cap. Cherchez un département, vous trouverez des squads
(littéralement équipe, tribu) : « Chaque squad est responsable d’un produit et pluridisciplinaire (business analyst, développeurs, profils UX/UI, etc.) auxquels s’ajoutent des expertises ponctuelles », détaille Anissa Khentous, responsable du recrutement de CATS, qui vient d’ouvrir une cellule data et prévoit 600 recrutements ces trois prochaines années, à Nantes et Paris.
« J’ai énormément appris, en seulement 48 heures »
Témoignage de Laurianne L. étudiante en master 1 UX à l’ECV Digital, Paris
En choisissant votre école, saviez-vous que le mode projet était de rigueur ?
Oui, j’étais bien renseignée. Après le lycée, j’étais partie pour intégrer une école d’ingénieurs, mais j’ai découvert que des établissements spécialisés dans le digital utilisaient cette pédagogie. C’est un aspect qui m’a attiré, car personnellement, j’apprends beaucoup mieux en pratiquant.
Avez-vous un exemple de projet mené ?
L’an dernier, nous avons participé à un hackathon, en partenariat avec la fondation GoodPlanet. L’enjeu : des groupes de cinq étudiants, quel que soit leur niveau, ont 48 heures pour créer un projet viable. C’est un sprint… Dans une équipe, il y a toujours des profils différents, mais on se rend vite compte d’une chose : chacun doit travailler sur tout !
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
J’ai adoré y participer, d’autant plus que notre défi était passionnant : créer une appli pour aider les agriculteurs du Botswana à surveiller les déplacements des éléphants. Une technologie qui sera réellement mise en place cette année. Notre équipe n’a pas gagné mais nous avons pu analyser pourquoi et en tirer les conclusions. J’ai énormément appris, en seulement 48 heures !
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