Emploi : La banque de détail veut rajeunir ses troupes

Parmi les 10 000 recrutements prévus cette année, 9 sur 10 concernent des profils avec moins de cinq ans d’expérience. Pour recruter, les banques de détail communiquent de plus en plus sur les réseaux sociaux.

Conseillère financière et un couple de clients (Challenges-REA/Bruno Delessard.)
Conseillère financière et un couple de clients (Challenges-REA/Bruno Delessard.)

    Pour recruter de jeunes collaborateurs, les banques de détail ne peuvent plus se reposer seulement sur les candidatures spontanées : elles communiquent de plus en plus sur les réseaux sociaux.

    Connaissez-vous Anthony ? Ambassadeur de « bonnes expériences professionnelles » pour le Crédit agricole, ce personnage virtuel partage les offres d’emploi de la banque verte sur une page Facebook décalée. Pendant ce temps, la Société générale anime une page estampillée Société générale careers pour communiquer sur son offre. « Les banques de détail ne peuvent plus se reposer que sur les candidatures spontanées, observe Thierry Mageux, directeur spécialisé dans la banque au cabinet Robert Half. Elles essaient de communiquer de plus en plus sur les réseaux sociaux. Les jeunes sont aujourd’hui leur cible privilégiée. »

    Malgré un certain repli, la banque de détail continue de recruter près de 10 000 candidats par an selon le cabinet.

    « Avec la crise, l’évolution des pratiques des consommateurs et l’impact des changements de réglementation, le volume a été divisé par trois en trente ans, note Thierry Mageux. Malgré tout, l’offre reste soutenue et 90 % des recrutements en banque de détail sont destinés à des jeunes avec moins de cinq ans d’expérience professionnelle. » Cette orientation nécessaire tient à la pyramide des âges et à la structuration du secteur. « La banque reste un milieu très hiérarchisé avec beaucoup d’échelons et une forte mobilité interne. Tous les deux ou trois ans, des salariés sont susceptibles d’évoluer, d’où un appel d’air sur les postes d’entrée comme les chargés de clientèle ou des emplois de conseillers en gestion de patrimoine. »

    Caroline Cohen-Vilain, responsable recrutement chez LCL, confirme la tendance. Pour pourvoir ses offres, la banque privilégie une méthode éprouvée. « L’alternance reste vraiment notre sourcing phare », explique-t-elle. Avec 800 alternants par an, la banque forme des chargés de clientèle de niveau bac + 2, mais aussi des conseillers en gestion de patrimoine de niveau bac + 3 à bac + 5 plus difficiles à capter.

    « Au final, c’est la personnalité qui fera la différence »

    « On vient de nouer par exemple un partenariat avec l'ESG management school à Paris qui a monté une formation exprès pour nous. Nous prenons une vingtaine d'étudiants en master 1 et 2 en alternance pour les préparer aux postes de conseillers en gestion de patrimoine. Ils ont adapté le cursus et le rythme de l'alternance à nos besoins. »

    Encore faut-il séduire suffisamment de jeunes. « A part les BTS banques insuffisants en nombre, aucune formation ne prépare complètement aux métiers de la banque, d'où la nécessaire ouverture d'esprit des recruteurs », note Thierry Mageux.

    Ce recruteur souligne l’intérêt des banques pour les BTS action commerciale ainsi que les formations en droit, comptabilité, voire plus généralistes. « Au final, c’est la personnalité qui fera la différence. » Caroline Cohen-Vilain acquiesce. « On recherche des candidats qui ont le sens du client… »

    377 100 Salariés dans la banque en France selon la dernière étude de l’Observatoire des métiers de la banque (2013).

    Une rémunération avec ou sans les commissions

    Combien gagne-t-on dans la banque ?

    Selon la dernière étude du cabinet Robert Half, un chargé de clientèle de particuliers débutant peut espérer gagner entre 22 000 € et 26 000 € bruts (entre 30 000 € et 33 000 € pour une clientèle de professionnels) avec une variable entre 0 et 3 000 €.

    Mais cette moyenne tient compte de la question des commissions, plus ou moins maintenues selon les établissements. « Le système des commissionnements est en train d'être revu dans les banques, analyse Marie-Hélène Agard, directrice de la division banque & assurance au cabinet Page Personnel. Il y a un mouvement de fond. Certaines banques, comme le Crédit mutuel, font le choix de ne plus donner de commission et communiquent sur cette politique pour regagner la confiance de certains clients et d'autres y réfléchissent sérieusement. » Le sujet offre parfois une marge de négociation aux candidats. « Il y a donc une réflexion à mener en termes de ressources humaines. Les nouvelles rétributions passeront peut-être par plus de congés, un meilleur bien-être au travail et certainement une rémunération revalorisée. »

    TEMOIN

    « Nous avons lancé un recrutement inspiré de The Voice »

    Martine LOTA, directrice des ressources humaines de la Banque populaire des Alpes, à Grenoble (Isère)

    De mémoire de DRH, elle n'avait jamais fait ça. Le 16 juin prochain, Martine Lota sélectionnera quasiment en direct 10 jeunes talents promis à une belle carrière. « Nous avons lancé un processus de recrutement décoiffant inspiré d'émissions comme The Voice », explique la directrice des ressources humaines de la Banque populaire des Alpes. Cette banque coopérative du réseau BPCE, présente sur 8 départements avec un portefeuille de 400 000 clients, veut innover. Son but : dépoussiérer l'image de la banque. « On voulait vraiment faire quelque chose d'original pour attirer des nouveaux profils. On touche naturellement les licences pro banque et les masters 2, mais on fait le constat que les bac + 5 s'intéressent peu à la banque de détail, ce qui est dommage, car nous accueillons volontiers des profils plus variés sur de beaux postes. »

    La règle du jeu est simple. Pour participer, il suffit de présenter un CV avec le niveau d’études suffisant, mais surtout de poster une lettre de motivation non traditionnelle sur un site baptisé "Parcours Alp’In".

    « On ne s’interdit rien, poursuit Martine Lota. On peut retenir des littéraires ou des ingénieurs avec des profils plus techniques.

    Nos clients ont aussi besoin d’interlocuteurs divers avec qui ils peuvent discuter. »

    Mission accomplie

    : au terme de la première étape, le 16 mai, près de 200 candidats s’étaient pris au jeu. « La deuxième étape sera aussi ludique, promet la DRH. Elle consistera en un exercice de CV vidéo et différents tests en ligne pour sélectionner 40 talents. » Le mois prochain, des recruteurs accueilleront les candidats retenus pendant une journée. « Et en fin d’après-midi, dix jeunes se verront proposer un CDI avec une formation complémentaire à la clé. »

    Ils EMBAUCHENT

    Le groupe BPCE

    prévoit d’intégrer 3 000 CDI en 2014, principalement les métiers commerciaux :

    http://recrutement.bpce.fr/

    LCL

    prévoit de recruter 1 000 collaborateurs, surtout sur des postes de conseillers clientèle : www.lcl.com

    www.lcl.com

    BNP Paribas

    prévoit 1 000 recrutements en CDI, avec une forte dominante de postes d’entrée dans la banque :

    www.bnpparibas.com

    Le groupe Crédit agricole

    proposera 4 000 CDI dont 3 000 en caisses régionales :

    www.mycreditagricole.jobs

    La Banque postale

    table sur plus de 800 recrutements de conseillers bancaires et de commerciaux :

    www.labanquepostale.fr

    Le groupe Crédit du Nord

    proposera pour ses 8 banques régionales 350 CDI :

    https://recrut.credit-du-nord.fr

    Céline Chaudeau

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    SUP de V
    Commerce / Gestion / Management
    Saint-germain-en-laye
    Montpellier Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Montpellier