Enjeux climatiques, diversité, sexisme... les étudiants et écoles face aux défis de la société

Illustration. Campus de Montpellier Business School

Et si le sujet le plus brûlant des écoles de commerce devenait la société ? Sur fond d’urgence climatique et de scandales – à commencer par les multiples révélations de harcèlement et de violences sexuelles dans l’enseignement supérieur – les initiatives abondent.

Jouer collectif

« La RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) engage nos étudiants mais aussi nos collaborateurs, nos process de recrutement, de formation. » C'est la définition de Benjamin Ferran, responsable diversité et RSE de Montpellier BS qui a vu, cette année, le renforcement de la cellule d'écoute s'élargir à de nombreuses formes d'agressivités et à « l'accompagnement des étudiants face à la crise », précise-t-il. À ses côtés, une étudiante, Shana Krief, fondatrice de l'association Care about us. Ses sujets ? « Il y en a ! Lutte contre le sexisme, les violences, la précarité menstruelle, le harcèlement scolaire… » énumère-t-elle. Trente étudiants travaillent à Care about us. Face aux contraintes sanitaires, « nous avons multiplié les supports : interviews vidéo, micro- trottoir sur TikTok, courts- métrages, conférences en visio », poursuit Shana Krief. Un travail qui s'articule bien avec l'accompagnement de l'école, selon Benjamin Ferran : « Parfois, l'étudiant décide de se rendre chez le psychologue ou chez un avocat. Mais le plus souvent, parler aux autres jeunes est le plus naturel. »

Diversité sociale

C'est un sujet majeur : l'ouverture est même une mission quand l'établissement est public. « Nous avons vocation à assumer un rôle d'ascenseur social », acquiesce Denis Guibard, directeur d'IMT BS, l'une des deux seules business schools publiques, avec EM Strasbourg. Ici, les frais de scolarité sont de 7 750 euros annuels, c'est la moins chère sur le marché. De plus, « 40 % de nos étudiants sont boursiers, avec une exonération totale des frais », affirme Denis Guibard. En ajoutant à cela ces différentes bourses (séjour à l'étranger, logement), l'école consacre 17 % de son budget à l'ouverture sociale. Un effort qui ne nuit pas à sa performance, puisqu'IMT BS affiche un niveau d'insertion professionnelle au-dessus de la moyenne. « La conjugaison de ces deux réussites paie », se félicite le directeur de l'établissement.

Discriminations

Du côté de l'Inseec, on étudie l'égalité des chances. « Cela peut prendre la forme de conférences, comme celle de janvier sur la diversité et l'employabilité, ou celle de mars sur la différence comme levier de réussite en entreprise », énumère Sylvie Faucheux, directrice Recherche, relations institutionnelles et RSE d'Inseec U. Là aussi, l'école peut s'appuyer sur ses associations étudiantes, comme Hugo ! qui lutte contre le harcèlement et toutes les formes de discrimination.

Together

Le nouvel axe stratégique de l'Essec BS prend le nom de Together : « Une transformation écologique et sociale complète de nos enseignements, notre recherche et notre vie sur le campus », explique Anne-Claire Pache, doyenne associée de l'école. Côté social, la business school a d'ailleurs lancé plusieurs initiatives pour intégrer les jeunes issus de milieux modestes. « Aujourd'hui, ils représentent 22 %, nous visons 27 % dans les années à venir. Cela peut paraître peu, mais c'est un challenge », souligne-t-elle. Parmi les dispositifs, Cap Essec, destiné à aider les étudiants de milieu modeste à intégrer l'école en admission parallèle, ou Cap Prépa qui utilise le même principe pour les préparer au concours d'entrée. Les deux ayant un but commun : « Aider ces jeunes à nous rejoindre, car notre pays a besoin de leaders qui lui ressemblent. »

« Intégrer la prise en compte des défis de société »

Eloïc Peyrache, DG de HEC

Lors de votre arrivée, les étudiants ont « exigé » des engagements forts du nouveau patron de HEC en matière d’enjeux sociétaux. Comment avez-vous pris en compte cette dimension ?

Ils ont raison ! Et je soutiens pleinement cette initiative. Notre engagement sur la question de l’innovation sociale et du développement durable date de près de 20 ans : nous avons été la première école à lancer un master Développement durable. Mais il faut accélérer les choses pour que le défi de l’urgence sociale et climatique transcende les différentes formations proposées.

Nous avons pris en ce sens des engagements forts auprès de « Global compact », structure des Nations unies qui propose un cadre simple et structurant et, plus récemment, en étant l’une des premières écoles de commerce à signer l’Accord de Grenoble dans le cadre de la COP2.

Ensuite, l’un des premiers chantiers a été d’entamer, avec nos professeurs, nos élèves et de nombreuses parties prenantes, une refonte du curriculum de la Grande École pour intégrer plus fortement encore la prise en compte des défis de société (transition écologique, innovation sociale, technologies, sens, créativité ou encore l’IA et des données sur les grandes disciplines du management). Seul ou, quand cela faisait sens, en partenariat avec nos écoles partenaires telles que l’Institut polytechnique de Paris. Nos professeurs et nos centres d’excellence jouent un rôle capital dans ce processus.

Quelle influence peut justement avoir HEC et plus largement les écoles de commerce ?

La mission de HEC Paris est de faire grandir les idées, les talents, nos étudiants mais aussi les organisations en leur permettant d’exprimer tout leur potentiel pour avoir un véritable impact. C’est grâce à la recherche produite sur le campus, l’acquisition de nouvelles connaissances autour des grands enjeux de société, qu’il s’agisse d’ouverture sociale, de digital ou de transition écologique, mais aussi un savoir-être et des compétences interpersonnelles, que nos futurs diplômés créeront et transformeront de l’intérieur les entreprises de demain pour avoir un écho positif sur la société.

Les nouvelles générations se sentent concernées : quelles relations imaginent-elles avec les recruteurs ?

La question du sens anime nos élèves beaucoup plus tôt dans leur parcours. HEC a d’ailleurs monté un centre d’excellence sur la question du « leadership avec sens » afin notamment de les accompagner dans cette transformation. Nos jeunes diplômés veulent travailler dans des entreprises ambitieuses, engagées, sincères et conscientes que l’avenir de nos sociétés est grandement entre leurs mains. Ils/Elles valorisent l’autonomie qui leur est laissée, la perspective d’ouverture internationale et la performance financière comme extra-financière de l’entreprise.

L’entrepreneuriat est également une lame de fond qui leur donne envie de créer beaucoup plus tôt que leurs aînés et d’apporter directement des solutions aux problèmes qu’ils/elles identifient. Ils/elles n’ont plus peur de se lancer et le font avec brio. Cet esprit entrepreneurial est aussi au cœur de l’ADN de l’École HEC.

→ Engagement étudiant : « L'écoresponsabilité n'est pas négociable »

→ emlyon - L'école deviendra "société à mission" en juillet