Etudiant-ingénieur et... instituteur !

Des élèves-ingénieurs interviennent auprès d’enfants, de la maternelle au CM2, pour leur enseigner les sciences expérimentales dans le cadre du programme la Main à la pâte.

Etudiant-ingénieur et... instituteur !

    La Main à la pâte (Lamap) est un programme éducatif de sciences créé en 1996 par le Prix Nobel de physique Georges Charpak. « Il met en place la démarche d’investigation, de questionnement scientifique grâce à des expériences auprès d’enfants, explique Aline Chaillou, coordinatrice nationale de l’Astep (Accompagnement en sciences et technologie à l’école primaire) de Lamap.

    L’idée est d’apprendre en s’appuyant sur le fait que les enfants ont plaisir à jouer, à manipuler, à poser des questions. » Depuis cinq ans, le dispositif est institutionnalisé par les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Des étudiants en sciences interviennent dans des classes de primaire dans le cadre de l’Astep. En 2013, 1 300 étudiants de 18 grandes écoles et de 32 centres universitaires sont impliqués auprès de 1 200 classes en France.

    Eveil scientifique des enfants…

    Lamap est devenue une fondation en 2011 cofondée par l'Académie des sciences, l'ENS Ulm et l'ENS de Lyon. « Lamap a pour objectif de former des enseignants à la démonstration expérimentale afin qu'eux-mêmes sensibilisent leurs élèves, résume Jacques Samarut, président de l'ENS de Lyon. La formation des enseignants fait partie de nos missions et c'est très jeune que l'on sensibilise à la pratique des sciences et à l'intérêt de la découverte et de l'innovation. »

    … et des professeurs des écoles

    80% des enseignants du primaire n'ont pas suivi de formation en sciences. « L'Astep les accompagne vers l'autonomie dans ces enseignements et ils apprennent la démarche scientifique avec les étudiants », précise Aline Chaillou. Pour Hélène Elleboode, professeur de CM 2 à l'école Littré de Lille, « c'est une chance d'être choisi pour intégrer Lamap. Les étudiants nous aident à créer la démarche d'investigation et d'expérimentation, à gérer le matériel ».

    Les étudiants participent à 5 ou 6 séances avec une classe sur des thèmes comme l’eau, l’électricité, l’énergie, les déchets ou encore les engrenages. Lamap prépare également une extension de l’Astep aux mathématiques.

    Une formation humaine pour les étudiants

    Parmi les 18 grandes écoles impliquées, on trouve l'Ecole des mines de Nantes, la pionnière, les écoles de la région de Nancy, de Toulouse ou encore l'Ecole polytechnique. Le plus difficile pour les étudiants est d'adapter leur démonstration à des enfants. « J'en ai vu un écrire une équation à trois inconnues au tableau ! » raconte en souriant Hélène Elleboode. Ils font surtout l'apprentissage de la communication. « Savoir expliquer ce qu'il fait est une compétence de l'ingénieur qui doit vendre ses projets dans son entreprise, à ses clients », confirme Aline Chaillou.

    D’autres initiatives

    D'autres écoles incitent leurs étudiants à faire de l'éveil scientifique. Ainsi, le programme Kids and ITI (Enfants, informatique et technologie) d'In'Tech Info (groupe ESIEA) existe depuis six ans. Au travers de cours d'initiation à l'informatique, les étudiants apprennent notamment que l'informaticien n'est pas cantonné derrière son ordinateur. Il est à l'écoute des utilisateurs. S'adapter au niveau de connaissance de l'autre, c'est ce qu'apprécie Martin Finkel, élève à In'Tech Info, lorsqu'il intervient à l'école de l'hôpital du Kremlin-Bicêtre. « Nous avons une approche ludique et concrète. J'utilise des analogies pour faire comprendre les concepts informatiques. Le disque dur devient une armoire où l'on range ses dossiers. »

    Pour postuler comme étudiant volontaire : www.fondation-lamap.org/astep.

    TEMOIGNAGE

    « Ça ressemble à un jeu, car nous faisons des expériences »

    Pascaline et Axel respectivement 10 et 11 ans, élèves en CM2 à l'école Littré de Lille (Nord)

    Avez-vous aimé travailler avec des étudiants ?

    Pascaline : Ils nous aident à améliorer nos expériences scientifiques. Je me suis bien amusée. Ce qui est drôle, c'est que parfois ils ne savent pas très bien expliquer les choses à des enfants !

    Axel : Ce qu’on nous demande est un peu comme un cours mais plus comme un jeu, car nous faisons des expériences. Les étudiants sont jeunes, donc ça se passe autrement qu’avec la maîtresse. Par exemple, ils nous donnent plus rapidement la réponse !

    « Le métier d’ingénieur, c’est de créer des choses »

    Quelle expérience avez-vous préférée ?

    P. : J'ai aimé travailler sur les engrenages. Il fallait construire une tête de monstre dont les yeux et la bouche tournaient ensemble grâce aux engrenages. Nous avons dû recommencer pour que ça fonctionne et, la première fois, une poulie s'est même cassée.

    A. : Ce que j’ai préféré, c’est imaginer et construire un moulin à vent avec des Lego. J’ai aussi aimé l’expérience sur le cycle de l’eau. Je n’ai pas réussi à la purifier. Mais je pense qu’on apprend aussi de ses erreurs dans la vie !

    Ces rencontres vous ont-elles donné envie de devenir scientifiques ?

    P. : Pour l’instant, moi je suis plus intéressée par l’histoire.

    A. : J’ai aimé toutes les activités, mais je pense que je ne suis pas fait pour être ingénieur, je ne suis ni bricoleur ni constructeur! Je pense que le métier d’ingénieur, c’est de créer des choses comme des voitures, d’inventer.

    TEMOIGNAGE « Le défi est de trouver les mots justes »

    Martin BLONDIAUX, 19 ans, élève au centre de Lille des Arts et métiers ParisTech. Il est intervenu à l'école Littré de Lille (Nord)

    Pourquoi avoir choisi de participer à la Main à la pâte ?

    Lorsqu'on nous a présenté le dispositif à l'école, j'ai tout de suite adhéré au concept : transmettre nos connaissances et notre goût des sciences à des enfants. J'avais aussi envie de relever le défi d'expliquer avec des mots simples des choses qui sont pour nous des connaissances basiques. Le responsable a insisté sur le fait que nous n'étions pas là pour « ramener notre science » mais pour accompagner l'enseignant et les enfants dans leur démarche scientifique de manière ludique.

    Comment se déroulent les séances en classe ?

    Avec des CM1, nous avons conçu et fabriqué un spiromètre pour créer le mécanisme de la respiration à partir d’un ballon, d’une bouteille et d’une bassine d’eau. En CM2, nous avons construit des moulins à vent à partir de Lego, des monstres en engrenages. J’ai apprécié de travailler avec les enfants. Ils sont drôles, animés. J’étais à leur place il y a seulement dix ans !

    « Ce que j’aime avec les enfants, c’est que s’ils ne comprennent pas ou ne sont pas intéressés, on le sait tout de suite »

    Qu’est-ce que cela vous apporte en tant que futur ingénieur ?

    Le défi est de trouver les mots justes, de ne pas s’embarquer dans des explications complexes. C’est un exercice de clarté intéressant et très dur au début ! Ce que j’aime avec les enfants, c’est qu’il n’y a pas de langue de bois. S’ils ne comprennent pas ou ne sont pas intéressés, on le sait tout de suite. Il faut donc s’adapter en permanence. En outre, la méthode est éprouvée, il y a une préparation, un retour d’expérience.

    Dossier réalisé par Ariane Despierres-Féry

    en partenariat avec Le Journal des Grandes Ecoles

    Article paru dans le supplément éco du Parisien daté du lundi 13 mai 2013

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