Etudiants / Parents : comment ne pas s'écharper sur les choix d'orientation ?

Les choix d’orientation scolaire peuvent être, à tout âge, source de sacrées tensions familiales. Nos conseils pour surmonter l’épreuve ensemble.

Il est parfois difficile de ne pas braquer son enfant lors des discussions sur le choix de son orientation
Il est parfois difficile de ne pas braquer son enfant lors des discussions sur le choix de son orientation

    À 12 ans, c’est latin ou pas latin ? A 15 ans à peine, l’aiguillage crucial entre voie générale et technologique ou professionnelle. A 16, il faut se décider : matheux ou pas. Première année de fac ratée, concours manqué, tout est à redécider… Et la nervosité peut s’inviter à table, l’angoisse empoisonner la vie de famille et les bonnes décisions en pâtir.

    Surtout en ce moment, pendant les premières inscriptions sur APB (admissions post-bac). Comment concilier les deux visions de la "meilleure voie" d'orientation ? Comment conseiller sans imposer ? Réfléchir ensemble sans s'écharper ?

    Les parents ne doivent pas décider à votre place

    « Tu aimes bien Maupassant, certes, mais pour être aviateur comme ton grand-père, tu dois faire S ! » En décidant pour vous ou en tentant de vous influencer, les parents prennent deux risques. « Soit il se braquera et refusera toute discussion, soit il sera docile et se débrouillera inconsciemment pour échouer ! » avertit Béatrice Copper-Royer, psychologue de la famille. Dans les deux cas, le danger est que vous perdiez du temps à devoir vous réorienter par la suite, ce qui n’est pas dramatique en soi mais peut lui faire courir le risque de perdre confiance en soi, en vos envies et en vos capacités. « Dernièrement, je me suis occupée d’une jeune fille qui, pour faire plaisir à son père, venait de terminer un master de droit international », cite ainsi en exemple Monique Gilles, conseillère d’orientation et psychologue au centre d’information et d’orientation (COI) de Paris (XI e). « Elle se réoriente maintenant vers un CAP cuisine, ce qu’elle voulait faire depuis qu’elle était toute petite. Et c’est quand même un revirement bouleversant. »

    Les parents et étudiants doivent se libérer de toute pression extérieure

    « Les parents doivent se détacher au maximum de la pression familiale et de celle de leur environnement social », recommande Isabelle Le Quillec, conseillère d’orientation à « l’Etudiant ». Le but est d’accepter que votre jeune n’emprunte pas le chemin souhaité « dans une famille où l’on est par exemple entrepreneur dans le bâtiment de père en fils ou médecin depuis des générations »;. Béatrice Copper-Royer conseille aux parents de « réfléchir aux projections qu’ils peuvent mettre sur le dos de leur enfant. Il s’agit du métier de leur rejeton et non pas de celui qu’ils auraient aimé faire ». Epoque différente, débouchés différents, même les niveaux demandés et les concours d’entrée sont différents. Autant éviter de tout ramener à sa propre expérience. Il était impossible d’imaginer, il y a trente ans, la future réussite du concepteur de jeux vidéo ou de la prothésiste ongulaire…

    Plus vos parents vous soutiendrons, mieux vous choisirez

    « Essayer de ne pas faire preuve d’autoritarisme et jugement de valeur du type tu veux faire du cinéma mais tu n’y connais rien et il n’y a pas de boulot dans ce milieu-là ! » Pour Béatrice Copper-Royer, vous devez écouter votre enfant avec bienveillance et préférer les « pourquoi pas, explique-moi, parlons-en… » Le but est de « le regonfler afin qu’il soit dans les meilleures conditions pour décider ». Et si vous devez un peu le ramener les pieds sur terre, n’oubliez pas de positiver, d’explorer l’ensemble de ses envies et de ses talents. Y compris, insiste Isabelle Le Quillec, « ses activités extrascolaires ». La musique, le sport, le cinéma, la cuisine…

    Tout ce qui constitue son identité. « Certains enfants nous disent qu'ils n'aiment rien en particulier. Mais c'est faux, tout le monde aime quelque chose plus qu'une autre. C'est souvent le manque de confiance en soi qui empêche le jeune de s'affirmer. » Aidez-le à lutter contre l'influence de son collège, lycée ou université. « Parce qu'un professeur trouve qu'un élève est bon en maths, il peut essayer de l'envoyer en filière scientifique. S'il considère que l'élève n'est pas fait pour des études générales, il peut tout faire pour l'orienter vers une voie technologique ou professionnelle, avertit la conseillère de l'Etudiant. Soutenez votre enfant et aidez-le à croire en lui. »

    S’informer et relativiser

    Se renseigner en famille est un moyen d'apaiser les tensions. Un grand nombre de parents ne connaissent que ce qui existait à leur époque. Il y a maintenant plus d'offres d'orientation qu'il y a vingt ou trente ans. C'est aussi l'occasion pour le jeune de s'assurer de son choix. « Il faut aller ensemble aux portes ouvertes et aux salons des universités, des écoles et des professionnels. » Un moyen pour Isabelle Le Quillec de « faire tomber les idées reçues » et surtout… de relativiser l'importance du choix de l'orientation. « On se rend compte qu'un CAP offre d'énormes avantages et que ce n'est pas un déclassement professionnel. » Apprentissage d'une technique, travail valorisant parce qu'utile et assurance de trouver un emploi à la fin de sa formation. La sérénité, elle, viendra aussi en évitant la précipitation. On est moins paniqué à l'ouverture de la procédure d'admission post-bac quand on se renseigne et écume les salons et les forums depuis la classe de 1 re. Et puis, la vie est longue… Prenez soin de laisser cette porte ouverte dans la tête de votre jeune angoissé : « Rien n'est définitif dans la vie. Quoi que tu choisisses aujourd'hui, rien ne dit que tu ne recommenceras pas une formation pour faire totalement autre chose… Alors avance et détends-toi ! »

    Jean-Baptiste Cantillon, Florence Deguen

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