Fiche Métier : concepteur de jeu vidéo

A la fois architecte et chef d'équipe, le « game designer » doit se montrer polyvalent… et posséder une bonne culture générale pour bâtir des mondes virtuels.

Fiche Métier : concepteur de jeu vidéo

    A la fois architecte et chef d’équipe, le « game designer » doit se montrer polyvalent… et posséder une bonne culture générale pour bâtir des mondes virtuels.

    En un peu moins d'un demi-siècle, le jeu vidéo est devenu le divertissement préféré des Français. Le « dixième art » est ainsi une industrie en forte croissance, y compris en France, aujourd'hui septième producteur vidéo-ludique mondial. « Le secteur regroupe 5000 salariés. Une vingtaine d'entreprises ont vu le jour au premier semestre 2011, ce qui porte leur nombre à environ 250 sur le territoire », avance Nicolas Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV). Les 2,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires prévus pour 2011 placent le jeu vidéo comme première industrie culturelle hexagonale.

    Et qui dit industrie florissante, dit emploi, dont le taux de croissance atteint 15% par an, à l’image de l’éditeur français Ubisoft, qui, créé dans les années 1990 avec une cinquantaine de salariés, occupe désormais le quatrième rang mondial avec plus de 9000 collaborateurs.

    Bonne maîtrise de l’anglais

    Considéré comme l'architecte d'un jeu, le concepteur de jeu vidéo, plus formellement appelé game designer, est devenu le métier de référence. « Il a la charge d'une équipe de programmeurs et est tenu de veiller au bon déroulement du projet, tout en étant fidèle au cahier des charges et en respectant les délais fixés par la direction », explique Raphaël Sautron, game designer pour une PME nantaise.

    « C’est un métier de passionné, qui relève plus du côté créatif que de la technologie pure, où il est primordial de maîtriser l’anglais et de savoir travailler en équipe »

    , complète Stéphane Natkin, directeur de l’Ecole nationale du jeu et des médias interactifs numériques (ENJMIN), qui intègre chaque année 45 étudiants à bac + 3 (pour 250 postulants environ) sur concours.

    Si, historiquement, le métier s'apprenait sur le tas, de plus en plus d'établissements prétendent former de futurs concepteurs, au point de provoquer le flou chez les candidats. « C'est pourquoi le SNJV veut mettre au point un label récompensant les établissements les plus sérieux dans les prochaines semaines, afin que les parents ne se ruinent plus dans des formations coûteuses et sans réels débouchés », note Nicolas Gaume.

    Bien choisir son école est donc essentiel, tout comme le fait de ne pas s'orienter directement vers le jeu vidéo une fois le bac en poche, si l'on en croit Stéphane Natkin : « Il est préférable d'avoir déjà un background plus général avant d'intégrer une formation, peu importe le domaine : l'informatique, l'audiovisuel, les langues, ou même la physique. »

    Si le salaire d’un game designer varie entre 30000 et 50000 € brut annuels selon le talent, l’expérience et l’employeur, et si cinq ans d’expérience à peine suffisent souvent à gravir les échelons, il ne faut toutefois pas s’imaginer prendre en charge la conception d’un « blockbuster » (grosse production) pour consoles de salon dès la sortie de l’école. 75% des entreprises du secteur comptent moins de 20 salariés, et développent principalement des social ou serious games.

    Bonne nouvelle, le métier n’est pas centralisé : à chaque région son lot de studios de développement. Les concepteurs les plus brillants auront la possibilité de monnayer leurs talents à l’étranger, en Asie ou au Canada, nouvel eldorado du jeu vidéo.

    31 ans, lead game designer chez Ubisoft, Paris

    "Chaque année, on doit se renouveler"

    Cela peut surprendre, mais avant d'entrer à l'Ecole nationale du jeu et des médias interactifs numériques (ENJMIN) pour y apprendre le métier de game designer, Matthew Tomkinson a cumulé maîtrise de cinéma et maîtrise de… philosophie! « Dans le game design, il n'est pas nécessaire d'avoir des connaissances techniques très pointues. Il faut surtout être polyvalent et posséder une bonne culture générale. La philo n'était donc pas inutile », se justifie le jeune homme de 31 ans.

    C'est lors de la deuxième année de son master qu'il a intégré le géant français du jeu vidéo Ubisoft, d'abord en stage, avant d'être embauché, il y a cinq ans. Trois années de pratique lui ont suffi pour se voir promu lead game designer. « Mon rôle est de manager une équipe de 12 personnes, composée de game designers et de level designers, aussi appelés concepteurs de niveaux. Mon emploi du temps se constitue principalement de réunions avec les différents corps de métier, afin de voir comment les équipes avancent », relate-t-il.

    C’est à lui qu’incombe la tâche d’intégrer le dosage de la difficulté et de maximiser l’ergonomie du jeu, le tout en se pliant aux contraintes techniques rencontrées par les graphistes et programmeurs, sans oublier d’anticiper les exigences des joueurs.

    Le principal plaisir qu’il retire de son activité? Constater la satisfaction des consommateurs une fois le jeu en rayon, comme ce devrait de nouveau être le cas avec le jeu de danse Just Dance 3, son dernier bébé, qui sortira le 8 décembre, auquel il a exclusivement consacré ses douze derniers mois de travail.

    S'estimant de son propre aveu « chanceux » d'occuper un tel poste à responsabilités malgré son jeune âge et son expérience relative, Matthew Tomkinson ne compte cependant pas se reposer sur ses lauriers. « Chaque année, on se doit de pondre des idées, proposer de nouveaux concepts. Il faut constamment se remettre en question. Pour cela, avoir la passion est primordial. » Son prochain projet? « Je ne peux pas en parler pour le moment. » Rendez-vous donc dans un an.

    EN SAVOIR PLUS

    A lire

    - "Les Métiers des jeux vidéo", de Jean-Michel Oullion, Ed. L'Etudiant, 190 p.12 €.

    - "Concevoir un jeu vidéo, les méthodes et les outils des professionnels expliqués à tous", de Marc Albinet, Ed. Fyp, 236p. 23,90€.

    A consulter

    - École nationale du jeu et des médias interactifs numériques : www.enjmin.fr/index.php

    - Syndicat national du jeu vidéo :www.snjv.org

    - L'Agence française pour le jeu vidéo propose des offres d'emploi à consulter en ligne à l'adresse suivante : www.afjv.com/index.php

    - Institut supérieur de l'image et du son : isisparis.fr

    - Ecole Supinfogame, à Valenciennes : www.supinfogame.fr

    A visiter

    - Le salon (professionnel) Game Connection Europe permet de rencontrer éditeurs et professionnels du jeu vidéo. Les6,7 et8décembre de 10 heures à18 heures,Grande Arche

    de La Défense (Hauts de Seine).

    www.gameconnection.com

    - Portes ouvertes de l'ENJMIN, le 11 février 2012 à Angoulême (Charente).

    Article paru dans Le Parisien Économie du lundi 5 décembre 2011

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