Fiche Métier : dans les coulisses de la grande distribution

Un hypermarché ne serait rien sans les centaines de salariés qui oeuvrent dans les entrepôts, au siège ou dans les centrales d'achat pour que les rayons soient remplis. Coup de projecteur sur ces métiers supports.

Fiche Métier : dans les coulisses de la grande distribution

    Un hypermarché ne serait rien sans les centaines de salariés qui œuvrent dans les entrepôts, au siège ou dans les centrales d’achat pour que les rayons soient remplis. Coup de projecteur sur ces métiers supports.

    - Dossier réalisé par Robin Carcan

    « Les chaussettes ont été livrées mais par carton de douze. Ce n’est pas ce qui était prévu! Rappelle le fournisseur! »

    Dans cet entrepôt Monoprix de Combs-la-Ville (Seine-et-Marne), Patricia Blin n’arrête pas une minute. De sept heures du matin à seize heures, cette correspondante « approvisionnement » enchaîne sans relâche vérifications, contrôles et appels téléphoniques. Un fournisseur qui se trompe sur un conditionnement, cela veut dire ensuite des magasins non approvisionnés, des stocks mal ajustés, etc.

    D’une enseigne à l’autre, les plates-formes logistiques fonctionnent comme des PME spécialisées, avec leurs métiers, leurs quais où sont chargées les marchandises, et leur jargon aussi. Elles sont un maillon indispensable entre le siège, où officient la plupart des services centraux — comme le marketing, la communication, les ressources humaines — et les différents types de points de vente (super, hyper, moyenne surface) de la grande distribution.

    L’ascenseur social fonctionne encore

    Bien que les chefs de rayon fassent encore partie des profils les plus recrutés dans le secteur, ils ne sont que la partie émergée d'un vivier d'emplois variés : environ 150 métiers recensés chez Auchan, 120 chez Carrefour et 50 rien qu'au sein d'Easydis, filiale logistique du groupe Casino. Au manageur de catégorie par exemple de détecter de nouvelles tendances. « Ce spécialiste en marketing travaille en étroite collaboration avec les services études d'un côté et le service marketing des fournisseurs que nous référençons de l'autre », explique Catherine Saby, responsable des ressources humaines de la centrale d'achat du groupe Auchan. C'est à lui qu'on doit la présence de produits bio dans les supermarchés aujourd'hui, rayons dont il a préparé l'essor au début des années 2000.

    « Le secteur de la grande distribution conserve un atout important pour ceux qui ne sont pas — ou peu — diplômés, explique Guillaume Paris, fondateur de JP Consultant, cabinet de recrutement spécialisé dans le secteur de la grande distribution. Le turnover, quoi qu’en disent les enseignes, y reste élevé. C’est ce qui permet à de nombreux candidats d’y rentrer chaque année. »

    Et vu le niveau des besoins, les enseignes n’ont d’autres choix que de faire régulièrement des opérations spéciales.

    Auchan a mené l’an dernier un recrutement sans CV alors que Casino effectue en région des sessions d’embauche suivant la méthode des habiletés, où le CV n’intervient pas dans la présélection.

    Quelques éléments à prendre en compte : les horaires peuvent être décalés sur certains postes, en particulier dans les entrepôts logistiques. Par ailleurs, que l’on soit acheteur ou expéditionnaire, les conditions de travail sont réputées difficiles : le client étant roi, le secteur travaille en flux tendu.

    Les salaires des employés ont toujours été considérés comme le talon d'Achille de la grande distribution. Mieux lotie, la hiérarchie subit aussi la même pression. L'Association pour l'emploi des cadres, dans une étude menée en 2009, rappelle que 80% des offres dans la fonction distribution en général affichent un salaire mensuel compris entre 1800 et 3400 € brut par mois. Et la plupart des salaires offerts aux jeunes diplômés tournent autour de 2000 € brut. Mais peu à peu, l'étau se desserre. Le magazine spécialisé « Linéaires », dans une enquête publiée ce mois-ci, souligne que Casino a mis les bouchées doubles pour les manageurs. En 2009, ils étaient 8% seulement à gagner plus de 2300 € brut par mois. Ils sont aujourd'hui 29%.

    Directrice de l'espace emploi de Carrefour, Paris

    "120 fonctions invisibles pour les clients"

    Quels sont les métiers supports que vous recrutez ?

    Notre groupe totalise plus de 120métiers, de l’informatique au marketing en passant par la qualité. Peu visibles pour le client d’un hypermarché, les métiers de la chaîne logistique sont fondamentaux chez nous.Si un entrepôt n’a pas été livré par un de ses fournisseurs, l’ensemble de la chaîne est impacté. Les « approvisionneurs », par exemple, sont garants de la fiabilité des stocks dans les entrepôts. Les « chargés d’expansion », quant à eux, recherchent des terrains constructibles, pour permettre à notre enseigne de trouver de nouveaux sites.Mais nous embauchons également des experts pour les services marketing, informatique, ressources humaines…

    Démarrer dans la grande distribution sans diplôme : est ce possible ?

    Oui et non. Il est vrai que nous restons encore l’un des secteurs à permettre à des profils diversifiés d’accéder à nos offres : pour des postes d’employé de rayons, d’assistante de caisses, de vendeur…En ce qui concerne les assistantes commerciales par exemple, la compétence bilingue, voire trilingue s’est généralisée.Car nous achetons aujourd’hui des marchandises dans toute l’Europe, voire au delà. Par ailleurs, pour certains métiers, comme le responsable qualité, le diplôme est un incontournable.

    Comment postuler chez Carrefour ?

    C’est notre centre, l’espace emploi, qui publie l’ensemble de nos postes à pourvoir sur notre site.Nous recherchons d’abord des salariés de Carrefour souhaitant évoluer en interne.Mais nous recrutons près de 7 000contrats à durée indéterminée chaque année.Nous recevons les candidats quand le faible éloignement géographique le permet. Et nous menons des entretiens en visioconférence avec les candidats qui ont été présélectionnés sur entretien téléphonique.

    Franck PANDIANI,

    28 ans, chef du service qualité marque de distributeur au siège de Monoprix à Clichy (Hauts-de-Seine)

    "J'interviens de la conception d'un produit jusqu'à sa sortie en magasin"

    Si le dernier yaourt parfumé au citron vous a plu, c’est un peu à lui que vous le devez. Car le responsable qualité des produits alimentaires goûte la marchandise bien avant le client. Il demande même au fournisseur de revoir sa composition s’il estime que le résultat n’est pas conforme aux attentes.

    « Je peux intervenir de l’idée jusqu’à la sortie en magasin, explique Franck Pandiani, jeune docteur en biologie moléculaire de 28 ans recruté par l’enseigne il y a six mois. Une fois que nous avons opté pour des saveurs spécifiques, nous effectuons un appel d’offres et sélectionnons différents fournisseurs.»

    Une fois qu'il a été référencé,Monoprix se réserve la possibilité d'effectuer un audit par an chez son approvisionneur. Les contrôles produits, eux,ne sont pas réservés aux nouveaux arrivés dans les rayons : le service qualité peut également tester des articles qui ne donnent plus entière satisfaction. « Une recrudescence des réclamations sur une denrée particulière nous amène à faire un contrôle qualité, pour vérifier si elle n'est pas trop salée, trop acide, explique Franck Pandiani. Et nous envoyons parfois des produits dans un laboratoire pour des analyses microbiologiques plus poussées.»

    Franck Pandiani ne dévoile pas son salaire mais indique que pour un poste équivalent, un responsable gagne entre 28 000 et 38 000 € brut par an, hors primes.Son profil de chercheur a séduit l’enseigne car il a eu l’habitude de travailler sur des projets de longue durée dans le secteur public. Qualité et durée font en effet bon ménage dans le secteur alimentaire.

    Denis KLEIN,

    52 ans, manager commercial de sécurité en charge de la prévention au Géant Casino de Plan-de-Campagne (Bouches-du-Rhône)

    Le mythe du responsable de la sécurité qui passe son temps à courir après les voleurs a vécu... enfin presque. Homme de terrain, Denis Klein l’a été lorsqu’il était officier de cavalerie dans une première vie professionnelle. Après un diplôme universitaire en management des ressources humaines, il l’est encore aujourd’hui mais avec un travail de prévention, activité qui l’occupe le plus.

    « Tous les nouveaux salariés, qu’ils soient en CDI ou en CDD, explique-t-il, doivent suivre une formation à la sécurité sur le lieu de travail. »

    Objectif : préparer au risque incendie et éviter les accidents du travail, qui touchent prioritairement, mais pas uniquement, les employés affectés à la réserve. Il travaille aussi en liaison constante avec le Comité hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), instance où siègent les syndicats de l’entreprise et qui veille à la protection et à la santé des salariés.

    L’autre volet important du travail de ce manager, qui gagne « entre 2 000 et 2 500 € net » par mois, c’est la sécurité des biens. Un sous-traitant délègue du personnel sur les différents postes mais ce dernier doit appliquer la politique de sécurité mise en place par le Géant Casino.

    En la matière, les histoires ne manquent pas pour décrire les méthodes toujours plus sophistiquées utilisées par certains clients pour passer aux caisses sans payer : sac, voire blouson blindé pour brouiller les antivols... Sauf que, Denis Klein et son équipe du PC vidéo — 50 caméras — ont l'oeil assez exercé pour déceler les comportements suspects. Jeudi dernier, une interpellation, grâce à une bande vidéo, a permis de récupérer plus de 500 € de marchandise sur une même personne. Partout où se niche un risque — incendie, vol, etc. — il en fait son affaire. Et comme Denis Klein le dit lui-même : « Notre service ne fait pas de chiffre d'affaires mais au moins, nous évitons qu'il soit trop amputé ! »

    EN SAVOIR PLUS

    A consulter

    - Les groupes de distribution disposent de sites pour faire des recherches selon les métiers. Chaque année, ils recrutent des milliers de candidats :

    talentauchan.fr

    recrute.carrefour.fr

    www.groupe-casino.fr

    www.intermarche.com

    A lire

    - "Les métiers de la grande distribution" de Anne-Gaëlle Delabare, S. Gaigniot, B. Leprat, A. Poullalié. Ed. Studyrama. 240 pages. 11,95€

    Article paru dans Le Parisien Économie du lundi 26 septembre 2011

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