Fiche Métier : Huissier de justice, un juriste de proximité

Découvrez l’un des métiers du droit les plus décriés et les plus méconnus. L’huissier de justice est pourtant un expert indispensable, formé sur le terrain.

Fiche Métier : Huissier de justice, un juriste de proximité

    C'est l'un des métiers du droit les plus décriés et les plus méconnus. L'huissier de justice est pourtant un expert indispensable, formé sur le terrain. Son rôle est loin de se cantonner aux saisies et aux expulsions que le public a en tête. C'est aussi, et de plus en plus, un conciliateur. Grâce à sa maîtrise du droit, il dénoue des situations critiques lors de non-paiement de pensions alimentaires ou de loyers par exemple. Il travaille également auprès des entreprises, victimes parfois d'impayés.

    Le parcours pour accéder au métier peut être assez long. L'orientation commence par l'obtention d'un master 1 en droit (bac + 4), « socle commun à toutes les professions du droit », rappelle Jean-Daniel Lachkar, président de la Chambre nationale des huissiers de justice (CNHJ). Il faut ensuite effectuer deux ans de stage pratique dans une étude, avec une rémunération minimale obligatoire de 1537,16 € brut mensuels. Et suivre, dans le même temps, un cursus au département de formation des stagiaires (DFS) dépendant de la CNHJ, et des sessions au sein de l'Ecole nationale de procédure. « Chaque étudiant doit trouver lui-même un maître de stage puis s'inscrire en cours », conseille Jean-Daniel Lachkar.

    Cent diplômés par an

    Durant ces deux années, une journée par semaine sera consacrée à des cours théoriques sur la comptabilité et la gestion d’un cabinet, mais aussi sur l’application des procédures. L’élève huissier apprendra ce qui fait le cœur de ses missions d’officier public et ministériel : la « signification », c’est-à-dire porter à la connaissance d’une personne un acte de procédure (jugement, convocation), l’exécution d’une décision, l’établissement d’une preuve par le constat, ou encore le recouvrement à l’amiable et la vente volontaire et judiciaire.

    Ces deux années seront sanctionnées par un examen, auquel se présentent environ 200 candidats, deux fois par an : « Le nombre de diplômés est d’environ 100 par année civile », calcule Patrick Jafar, secrétaire adjoint du bureau du bureau de la CNHJ.

    Mais avoir son diplôme d’huissier ne signifie pas exercer immédiatement. Encore faut-il intégrer un cabinet, soit comme associé, soit comme salarié. « Cette dernière formule permet à celui qui souhaite acheter des parts et à celui qui souhaite vendre de mieux se connaître », explique Jean-Daniel Lachkar. Reste que, entre les autorisations de la Chancellerie pour pouvoir effectivement exercer et le montage financier d’un dossier pour acheter des parts ou reprendre entièrement une charge, le processus peut durer entre six et vingt-quatre mois.

    Ceux qui choisiront cette voie ne le regretteront pas

    , du moins du point de vue financier : les revenus des huissiers de justice sont estimés dans une large fourchette allant de 3000 € par mois en début de carrière à 15000 € par mois (hors impôts et charges sociales). Un peu moins que les notaires, mais plus que beaucoup d’avocats.

    Odile DUNAUD, 42 ans, huissier de justice à Thiais (Val-de-Marne)

    « J'aime à la fois les procédures et le relationnel »

    C'est lorsqu'elle est étudiante en DEA (diplôme d'études approfondies) de droit privé général qu'Odile Dunaud découvre la profession d'huissier. Alors qu'elle prépare une thèse sur le recouvrement des pensions alimentaires, elle intègre l'étude d'un huissier pour bénéficier d'un stage professionnel. Elle s'inscrit en parallèle à l'Ecole nationale de procédure et au département de formation de la chambre des huissiers, et suit alors le cursus classique qui la mène à l'examen national.

    Le temps venu de son installation, elle s'oriente vers une étude à Thiais (Val-de-Marne). A cette époque, en 1997, le rachat de la part de l'huissier qui prend sa retraite a un coût : 1,8 million de francs, ce qui représenterait aujourd'hui, en tenant compte de l'inflation, près de 334 700 €. Elle bénéficie d'un prêt à taux réduit de la part de la Chambre nationale des huissiers, ainsi que d'un prêt bancaire plus classique.

    « Le parcours a été long, près de deux ans avant ma véritable installation. Pendant ce temps, j’étais salariée de l’étude », explique Odile Dunaud.

    Plus de dix ans d'exercice n'ont pas émoussé sa passion du métier : « J'aime à la fois le côté juridique et le côté relationnel très particulier. Nous devons souvent expliquer la procédure. Cela requiert de la psychologie. » Avec son associé, les rôles sont partagés : à elle la gestion et la vérification des dossiers, à lui le terrain. Elle avoue avoir eu de mauvaises expériences en intervenant notamment sur un problème de non-présentation d'enfants : « Ce jour-là, je n'avais pas tous les éléments de l'histoire, ça avait tourné au psychodrame. Ce type d'expérience peut être très perturbant. » Elle évoque aussi des gens qui l'ont remerciée d'avoir trouvé des solutions pour rétablir une situation d'impayés.

    Odile Dunaud voit son rôle comme celui d'un passeur entre les décisions de droit et leur application : « Je suis un juriste de proximité, j'ai une approche factuelle de ce qui est traduit juridiquement. » Elle travaille un minimum de dix heures par jour. Mais y trouve une vraie reconnaissance financière : elle gagne, hors impôts et prélèvements sociaux, entre 5 000 et 6 000 € chaque mois.

    Manuel Jardinaud

    Cet article a été publié dans le supplément Eco du Parisien du 23 mai

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