Fiche Métier - L'ergothérapeute améliore les conditions de travail des personnes handicapées

Peu connu des étudiants, mais très recherchés par les professionnels... Seules dix écoles diplôment cet intervenant essentiel dans le processus de réadaptation, d’adaptation et d’intégration sociale des personnes en situation de handicap.

Fiche Métier - L'ergothérapeute améliore les conditions de travail des personnes handicapées

    Peu connu, le métier d'ergothérapeute est clé dans le bien être des personnes handicapés ou en situation de dépendance. Seules dix écoles diplôment cet intervenant essentiel dans le processus de réadaptation, d’adaptation et d’intégration sociale des personnes en situation de handicap.

    Avec 7500 professionnels exerçant en France, le métier d’ergothérapeute reste cependant peu connu du grand public. Pourtant, à l’image des kinés ou des audioprothésistes, les ergothérapeutes (ou "ergo" pour les patients qui les fréquentent) sont des acteurs essentiels du monde du handicap. A eux, en effet, la charge d’aider à la réadaptation (ou à l’adaptation) et à l’intégration sociale des personnes handicapées.

    Après avoir évalué les besoins en collaboration avec l’équipe médicale, l’ergothérapeute va préconiser les aides techniques, les assistances technologiques, les accompagnements humains voire animaliers nécessaires au handicapé. C’est l’ergo par exemple qui fera faire un test d’écriture à un élève pour savoir si un ordinateur lui sera nécessaire en classe. A lui également de donner des conseils pour aménager l’espace personnel et professionnel d’une personne malvoyante ou lui apprendre à reconnaître les objets de la vie courante.

    « Pendant longtemps, les ergothérapeutes ont travaillé essentiellement sur les handicaps lourds. Mais avec l’avancée en âge de la population et la loi de février 2005 qui insiste sur la prévention et la prise en charge des patients, leur champ d’intervention s’est étendu »

    , précise Eric Trouvé, le président de l’Association nationale française des ergothérapeutes (ANFE).

    Néanmoins, la France est encore très en retard par rapport à ses voisins européens : « en proportion, nous avons dix fois moins de professionnels qu'en Grande-Bretagne ou en Allemagne », souligne Eric Trouvé. « C'est pourquoi, avec des besoins en constante hausse, les jeunes diplômés n'ont aucun mal à trouver du travail dans le mois qui suit leur sortie de l'école. » La demande est telle que cinq nouveaux instituts de formation devraient voir le jour dans les quatre prochaines années.

    Aujourd'hui, seulement dix écoles délivrent le diplôme d'Etat d'ergothérapeute. Cette formation est accessible soit après une première année de médecine soit directement par concours après le bac. « Mais la plupart des candidats qui ne sont pas passés par la fac de médecine ont souvent fait au préalable une ou deux années de classe préparatoire », précise le président de l'ANFE.

    La formation se déroule sur trois ans et comprend au total trente-six semaines de stage.

    Une fois son diplôme en poche, le jeune ergo a le choix d’exercer dans le secteur public ou dans le privé car on retrouve ces professionnels dans la plupart des lieux de soin : les hôpitaux (notamment psychiatriques); les centres de rééducation; les services de soin à domicile; les MDPH (maisons départementales du handicap); les cabinets libéraux privés mais aussi les maisons de retraite et les prisons. Comme dans toutes les professions paramédicales, l’ergothérapeute se doit d’avoir une grande écoute vis-à-vis des patients mais aussi une bonne dextérité manuelle. Car il n’est pas rare de les voir manier eux-mêmes le marteau ou la scie pour aménager l’environnement des personnes handicapées.

    Quant au salaire, il oscille entre 1500 € net par mois (début de carrière) et 2500 € net mensuel (en fin de carrière) dans le secteur public. Et jusqu’à 20% de plus dans le privé.

    Anne FAYS, ergothérapeute pour les malvoyants

    Ergothérapeute au CHU de Dijon

    "Nous n'avons pas de limite : à nous de trouver ce qui fonctionne"

    Alors que beaucoup de ses confrères exercent auprès des personnes handicapées psychiques ou moteurs, Anne Fays a choisi de travailler avec les malvoyants. Une orientation qui pourtant s’est faite un peu par hasard : « J’ai suivi mes trois années de formation à l’école de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais). C’était une formation très généraliste avec peu de temps consacré au handicap sensoriel. Quand j’ai eu mon diplôme en 2002, j’ai travaillé auprès de personnes traumatisées crânien puis ensuite dans un centre de rééducation de personnes malvoyantes à Marly-le-Roi (Yvelines). Ce poste m’a fait découvrir un nouveau domaine et, comme ça m’intéressait, je suis partie à Dijon (Côte- d’Or) rencontrer Chantal Holzschuch, l’une des rares ergothérapeutes spécialisée en déficience visuelle en France. »

    Cette dernière qui a récemment pris sa retraite conseille alors à la jeune ergo de suivre une formation supplémentaire à l’université René-Descartes. « Elle s’adresse à tous les professionnels intervenant auprès des personnes malvoyantes et dure un an. C’est indispensable pour bien comprendre les éléments constituant le handicap visuel », explique Anne Fays.

    Des journées chargées

    Aujourd’hui, elle a deux employeurs. D’une part, un centre de rééducation qui reçoit des personnes malvoyantes : « avec l’équipe médicale, je fais un bilan des activités au quotidien des personnes et en fonction de leurs capacités, nous faisons une analyse des tâches. L’idée est de rendre ces tâches possibles. Nous leur apprenons par exemple à reconnaître des pièces de monnaie ou à avoir des repères pour faire le code de carte bleue. Je donne aussi des conseils pour mettre les objets en contraste afin qu’ils soient plus facilement repérables. Nous n’avons pas de limite : à nous de trouver ce qui fonctionne. »

    Son deuxième employeur est l’association Voir & Percevoir à Dijon* qui accompagne les déficients visuels.

    Avec ces deux postes auxquels s’ajoutent de temps en temps des formations, son salaire oscille entre 1800 et 2000 € net par mois. Toujours enthousiaste malgré des journées très chargées, Anne Fays a cependant un regret : sa profession est certes reconnue mais encore trop peu connue.

    * www.voiretpercevoir.com.

    Son salaire oscille entre 1800 € et 2000 € net par mois.

    EN SAVOIR PLUS

    A consulter

    - Le site de l'Office national d'Information sur les enseignements et les professions (Onisep) permet d'avoir une première approche du métier :

    Onisep.fr

    - Le site de l'Association nationale française des ergothérapeutes s'adresse aux professionnels en poste mais également aux étudiants.

    anfe.fr

    A lire

    - "Nouveau Guide de pratique en ergothérapie : entre concepts et réalités" de Jean-Michel Caire. Editions Solal. 354 pages. 35€

    Dossier réalisé par Florence Puybareau

    Article paru dans Le Parisien Économie du lundi 14 novembre 2011

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