Fiche métier : interprète en langue des signes

Alors que 400 interprètes sont en exercice, ils devraient être 3000 pour couvrir les besoins de traduction entre personnes sourdes et entendantes. La formation, accessible aux bac + 3, dure deux ans et nécessite de connaître la LSF au préalable.

Fiche métier : interprète en langue des signes

    Alors que 400 interprètes sont en exercice, ils devraient être 3000 pour couvrir les besoins de traduction entre personnes sourdes et entendantes. La formation, accessible aux bac + 3, dure deux ans et nécessite de connaître la langue des signes française (LSF) au préalable.

    Interdite jusqu’à la fin des années 1970 en France, la LSF n’a été reconnue comme une langue à part entière que dans les années 1980

    . Le métier d’interprète en langue des signes est donc apparu récemment et s’est véritablement professionnalisé avec la mise en place de

    formations spécifiques de niveau bac + 5

    .

    Formation pour devenir interprète en langue des signes

    Cinq universités délivrent aujourd'hui un master d'interprétation français/langue des signes : Lille-III, Paris-III (dans le cadre de l'Ecole supérieure d'interprètes et de traducteurs, Esit), Paris-VIII, Rouen et Toulouse-II. L'université d'Aix-Marseille devrait également mettre en place un cursus à la rentrée de septembre 2013.

    La formation, qui dure deux ans, est ouverte aux titulaires d'un bac + 3 dans n'importe quelle discipline permettant une bonne maîtrise du français et de la LSF. Beaucoup de candidats possèdent une licence en sciences du langage, mais d'autres profils peuvent également être admis. « Il n'existe pas de licence de LSF à l'université, indique Georgette Dal, coresponsable du master de Lille-III. Les étudiants apprennent la langue dans des associations en cours du soir ou lors de stages intensifs. »

    Une sélection à l'entrée de chaque master est organisée pour vérifier que les candidats sont capables de s'exprimer en LSF. La formation de fait comprend peu (voire pas du tout) de cours de LSF mais est centrée sur l'apprentissage des techniques d'interprétation consécutive (à la suite de l'intervention) ou simultanée (au fur et à mesure). « Au-delà de la LSF, nous attendons des candidats qu'ils aient côtoyé des personnes sourdes, assisté à des spectacles en LSF, participé aux activités d'associations spécialisées », ajoute Georgette Dal.

    Qualités nécessaires pour devenir interprète en LSF

    La curiosité d'esprit est aussi indispensable. « L'interprète est souvent prévenu la veille pour le lendemain du thème de l'intervention qu'il va traduire, relève Philippe Séro-Guillaume, directeur du master de l'Esit. Il doit être à même de se plonger rapidement dans le sujet, de se documenter et d'apprendre le vocabulaire spécialisé dont il aura besoin… »

    Dans chaque université, les promotions sont limitées et, au total, entre 30 et 40 étudiants décrochent le master chaque année. Ces petits effectifs permettent une insertion relativement facile. Alors qu'on compte 5 millions de Français sourds ou malentendants, dont 500000 sourds profonds, moins de 400 interprètes en langue des signes diplômés sont recensés. Un nombre insuffisant pour répondre aux besoins, estimés à environ 3000 professionnels.

    « A la différence des interprètes en langues orales qui sont surtout sollicités lors de conférences internationales, les interprètes en langue des signes interviennent non seulement dans des congrès et colloques, mais font aussi de l'interprétation de liaison et traduisent des réunions en entreprise, des entretiens de recrutement, des rendez-vous chez le médecin, chez le notaire, chez le banquier… » explique Georgette Dal. Depuis quelques années se développe aussi la visio-interprétation : les interprètes, derrière une webcam, traduisent à distance des appels téléphoniques passés entre une personne sourde (qui se trouve également derrière une webcam) et un interlocuteur entendant.

    TEMOIGNAGE

    Sandrine Cordier a découvert le métier d’interprète en langue des signes par hasard. « A l’occasion d’un job étudiant dans une entreprise pharmaceutique, j’avais côtoyé une personne sourde, se souvient-elle. Un interprète était présent lors d’une réu-nion. Cette rencontre est restée dans un coin de ma tête. » Après sept ans d’emplois saisonniers (l’hiver comme vendeuse en station et l’été comme commerciale dans l’immobilier sur la Côte d’Azur), elle décide d’apprendre la langue des signes.

    Reconversion professionnelle

    « J’ai fait un stage intensif dans une association et j’ai trouvé ce qui manquait à mon épanouissement personnel : le langage du corps. » Elle s’engage alors dans une reconversion professionnelle, prépare en un an un diplôme de pratique approfondie de la LSF à Paris-VIII, puis enchaîne par un master d’interprétation dans la même université. Diplômée en juin 2011, Sandrine s’installe à Lyon (Rhône) dont elle est originaire, car « il est plus facile de trouver du travail en régions qu’à Paris où les interprètes sont nombreux sur le marché ».

    Elle signe début 2012 un CDI dans une société spécialisée, Relais, qui propose aux sourds des services pour toutes les situations de la vie quotidienne : rendez-vous médical, à la banque, entretien d’embauche… Alors que les revenus des jeunes interprètes sont parfois modestes, Sandrine est plutôt satisfaite de son salaire. « Ceux des débutants vont de 1 200 € à 1 800 € net par mois. J’ai la chance de me situer dans le haut de la fourchette. »

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