Fiche métiers : Le secteur du transport routier sur la bonne voie

Fragilisé par la crise, victime d’un déficit d’image, le transport routier de marchandises maintient toutefois un niveau d’emploi relativement élevé. Mieux, les possibilités d’évolution de carrière y sont bien réelles.

Les métiers du transport demandent de plus en de compétences. Un routier devant prendre en charge des matières dangereuses par ex, doit suivre une formation spécifique
Les métiers du transport demandent de plus en de compétences. Un routier devant prendre en charge des matières dangereuses par ex, doit suivre une formation spécifique

    Fragilisé par la crise, victime d’un déficit d’image, le transport routier de marchandises maintient toutefois un niveau d’emploi relativement élevé. Mieux, les possibilités d’évolution de carrière y sont bien réelles. S’il n’a pas retrouvé la santé qu’il affichait avant 2008, le transport routier de marchandises semble avoir fait de la crise un mauvais souvenir.

    Toujours convalescent, le secteur continue malgré tout d’embaucher. Environ 40 000 salariés sont ainsi recrutés chaque année en moyenne.

    «Des besoins que les entreprises traduisent généralement en contrats à durée indéterminée, ce qui est plutôt bon signe», note Alain Peroni, fondateur de Jobtransport, le site Web de référence de l’emploi logistique, sur lequel on trouve à longueur d’année entre 3 000 et 3 500 offres d’emploi de moins de quarante-cinq jours.

    «Actuellement, c'est principalement la logistique du dernier kilomètre qui offre le plus d'opportunités, à savoir tout ce qui est lié à la distribution en ville et à domicile. A contrario, le transport de véhicules souffre », poursuit Alain Peroni.

    De nombreuses opportunités d'embauche mais un secteur encore peu attrayant

    Le transport routier de marchandises, qui emploie environ 460 000 collaborateurs en France, voit son effectif global dominé à 70 % par les chauffeurs de poids lourds.

    Logique alors que les entreprises recherchent en priorité du personnel conducteur (environ 25 000 par an).

    Geodis BM, qui a recruté 150 personnes au cours des six derniers mois, souhaite embaucher dans les mêmes proportions d’ici fin 2012, alors que TNT, spécialiste du transport express, embauche chaque année entre 600 et 800 nouveaux collaborateurs, tous profils confondus.

    «Selon les conventions collectives, le salaire de base d'un conducteur débutant tourne autour des 1 350 € brut par mois. Mais le transport est un secteur où l'on fait énormément d'heures supplémentaires. Dans les faits, les salaires sont plus proches des 1 800 € brut, hors primes éventuelles, mais il faut être prêt à travailler deux cents heures par mois.

    En fin de carrière, un chauffeur touche autour de 2 200 € brut par mois», avance Maxime Dumont, vice-président de l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique (OPTL).

    Les postes nécessitant davantage de qualifications, comme ceux de responsable de quai ou responsable logistique, sont rémunérés généralement à hauteur des 2 000 € brut mensuels en début de carrière.

    Cependant, bien qu’ayant retrouvé une certaine vigueur, le transport routier peine toujours à se montrer attractif, notamment auprès des jeunes.

    «Il renvoie l’image d’un métier difficile. Voilà pourquoi, à l’heure actuelle, il reste surtout pratiqué par les passionnés», déplore Maxime Dumont. Pourtant, pour peu que l’on soit ambitieux et compétent, ce secteur d’activités laisse entrevoir de réelles opportunités de carrières.

    Les passerelles entre les différents métiers (maintenance, logistique, manutention) sont légion grâce aux innombrables dispositifs de formation offerts par la filière et les entreprises font la part belle à la promotion interne

    .

    «On ne compte plus le nombre de conducteurs passés directeur d'exploitation ou directeur d'agence. Le transport routier est un véritable ascenseur social», expose Laurent Petot, directeur des ressources humaines du groupe Mauffrey (1 400 salariés). Un argument qui devrait attirer les postulants.

    Une main-d’œuvre toujours plus qualifiée

    C'est tout sauf un hasard : quasi inexistants il y a quinze ans, les diplômes supérieurs en logistique et transport figurent aujourd'hui au catalogue de la plupart des grandes écoles.

    A la rentrée 2011, un BTS transport et prestation logistique a également vu le jour, avec comme objectif l’insertion professionnelle rapide.

    «Quel que soit le niveau de qualification, l’alternance reste le moyen privilégié pour accéder à l’emploi, par l’apprentissage ou les contrats de professionnalisation », affirme Gérard Delchini, adjoint à la direction éthique et normalisation du groupe de formation Promotrans, qui compte 27 sites dans l’Hexagone.

    Des cursus de perfectionnement

    Pour répondre aux exigences de la profession, de plus en plus sophistiquées, le secteur a fait de la VAE (validation des acquis de l'expérience) une véritable tradition et de la formation complémentaire une obligation.

    Un routier devant assurer le transport de matières dangereuses doit par exemple suivre une formation spécifique.

    «Les divers cursus de perfectionnement professionnel sont un bon moyen de grimper les échelons», estime Bernard Prolongeau, président délégué général du groupe AFT-IFTIM, leader européen de la formation initiale et continue aux métiers du transport et de la logistique, qui forme environ 200000 personnes par an (salariés en perfectionnement comme jeunes en apprentissage).

    Les compétences requises pour intégrer la filière ont également été tirées vers le haut. «Les besoins en matière de main-d’œuvre qualifiée vont croissant. Ainsi, le métier de conducteur implique dorénavant une certaine dimension commerciale», explique Gérard Delchini.

    Conséquence de l’évolution des métiers : le transport routier de marchandises s’adresse à tout le monde, du certificat d’aptitude professionnelle (CAP) au bac + 5

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    Si la filière recrute en priorité des conducteurs, les grands diplômés sont aussi très recherchés.

    «Les entreprises ont besoin de logisticiens pouvant leur permettre d’élargir leur champ de compétences, comme la gestion des flux de marchandises», rappelle Bernard Prolongeau.

    A croire que le message a été entendu : les effectifs dans les écoles post-bac du groupe AFT-IFTIM sont en croissance de 10%.

    TROIS QUESTIONS À...

    Comment se porte le secteur ?

    Il a beaucoup souffert en raison de la crise et du manque de compétitivité des entreprises françaises à l’échelle européenne.

    Sur le territoire national, il a fallu faire face à la concurrence de plus en plus exacerbée des sociétés étrangères, notamment d’Europe de l’Est, aux tarifs très bas.

    A cela s’ajoute la hausse perpétuelle du prix du carburant.Mais les entreprises ont retrouvé un niveau de vie acceptable comparé à 2008, même si les marges ne suivent pas encore.

    Comment cela se traduit-il en termes d’emploi ?

    Les entreprises du transport n’aiment pas licencier en temps de crise. D’une part, parce que le secteur, dominé par une majorité de PME, se veut paternaliste.

    D’autre part, les sociétés redoutent de ne plus trouver de personnel le jour où l’activité reprendra. Les études montrent qu’une fois que les employés quittent le secteur, ils n’y remettent pas les pieds, donc il faut privilégier la sauvegarde de l’emploi.

    Dernièrement, on a certes enregistré un ralentissement des embauches, mais le besoin de renouvellement des effectifs est constant.

    Quels sont les enjeux du futur ?

    Attirer les jeunes, y compris pour les diplômés supérieurs qui peuvent briguer des postes de management.

    Nous voulons en finir avec l’image du routier qui ne voit pas sa famille : la distance moyenne d’un transport ne dépasse pas 130 k met le métier est loin d’être monolithique. Nous encourageons aussi la création d’entreprise.

    Sur les 36 000 sociétés du secteur, seules 450 comptent plus de 100 salariés.C’est la preuve qu’il ne s’agit pas d’un domaine réservé aux grands groupes.

    Quant à la mixité, si les femmes ne représentent que 3% des conducteurs, on se rapproche de la parité pour les postes de management.

    Consultez aussi :

    Secteur du transport routier : Témoignages

    Dossier réalisé par Marc Hervez

    Article paru dans le Parisien Economie du lundi 14 mai 2012

    EN SAVOIR PLUS

    SUR INTERNET

    - Job Transport : www.jobtransport.com

    - Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique (OPTL) : www.optl.fr

    - Fédération nationale des transports routiers : www.fntr.fr

    À LIRE

    - «Les Métiers du transport et de la logistique », collectif, édité par Onisep, 2010, 112 p. 12 €.

    - «Les Cahiers du conducteur routier », de Christian Frinel et Nadine Venturelli, aux éditions

    Génie des Glaciers, 2009, 290 p. 15 €.

    - «Le Transport routier», de Nadine et Walter Venturelli, aux éditions Génie des Glaciers, 2011,

    576 pages. 35 €.

    S’Y RENDRE

    - Neuvième édition du salon Plateforme de l’emploi : logistique, transports et achats, 27 septembre 2012 à l’espace Champerret, Paris (XVIIe).

    - Salon SITL Europe, le rendez vous européen des solutions logistiques, du 26 au 28 mars 2013, Hall 4 Paris Nord, Villepinte (SeineSaintDenis)

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