Handicap : les grandes écoles s’engagent pour faciliter le quotidien

Depuis la signature de la Charte sur le handicap en 2008 par la Conférence des grandes écoles (CGE), de nombreux établissements se mobilisent.

Des élèves de FBS campus d'Amiens coorganisent chaque année le Raid Maxim'um durant lequel des équipes mixtes de valides et handisportifs participent à des épreuves sportives
Des élèves de FBS campus d'Amiens coorganisent chaque année le Raid Maxim'um durant lequel des équipes mixtes de valides et handisportifs participent à des épreuves sportives

    Depuis la signature de la Charte sur le handicap en 2008 par la Conférence des grandes écoles (CGE), de nombreux établissements se mobilisent.

    Sur les 12 000 étudiants handicapés recensés dans l'enseignement supérieur, ils seraient près de 1 000 au sein des 205 écoles membres de la CGE. « Nous ne connaissons pas leur nombre exact, explique Florence Darmon, présidente de la commission diversité de la CGE et directrice de l'ESTP (Ecole spéciale des travaux publics), car ils sont nombreux à ne pas déclarer leur handicap, souhaitant être considérés pour leurs compétences. Mais la situation évolue d'année en année grâce aux actions des écoles et de la CGE. »

    Des référents handicap

    La Charte sur le handicap a ainsi conduit les établissements à nommer des référents pour accompagner les élèves handicapés durant leur cursus. Ils sont environ 120 et la Conférence des grandes écoles « poursuit son travail de sensibilisation pour lever les appréhensions de ces établissements à accueillir des étudiants handicapés, explique Florence Darmon. Nous préparons un label Handi-CGE qui devrait accélérer les choses ».

    Dès 2013, la CGE va aussi lancer une plate-forme collaborative pour les référents handicap. « Les échanges de bonnes pratiques entre écoles nous permettent de gagner du temps en partageant les solutions! » témoigne Nathalie Bertin-Boussu, référent handicap et directrice des admissions et de la diversité du campus d'Amiens de FBS (France business school). Elle a aussi monté le dispositif handicap pour les candidats au concours Passerelle (commun à 17 écoles).

    Des réponses personnalisées

    La variété des situations de handicap et le vécu de chaque élève imposent d'apporter des réponses personnalisées. « Plus que des dispositifs, il s'agit de faire preuve d'écoute, de bon sens et de pragmatisme », insiste Florence Darmon. L'ESTP sensibilise ses professeurs et le référent handicap Nicolas Orio accueille chaque étudiant à son arrivée. « Cette année, nous avons 7 élèves en situation de handicap. Je les suis individuellement, mets en place les aides ou aménagements, les mets en contact avec des entreprises, afin qu'ils mènent la même scolarité que tous nos élèves. » FBS campus d'Amiens propose aussi des solutions au cas par cas comme un secrétaire durant les examens ou un logiciel à commande vocale pour les élèves dyslexiques, des cours de lecture labiale en anglais pour les déficients auditifs.

    Lutter contre l’autocensure

    Le programme Grande Ecole d'Amiens compte 17 élèves handicapés. « Cela fait un taux de 1,8% dans la promotion, alors que le taux moyen dans le supérieur est de 0,4%. Grâce à nos actions de communication, les élèves handicapés se présentent davantage à notre concours. » Le défi est de taille : convaincre des jeunes qui s'interdisent par autocensure d'envisager ces filières d'excellence. C'est l'objectif du programme Phares mis au point en 2009 par l'Institut de l'innovation et de l'entrepreneuriat social de l'Essec. Il a déjà accompagné 60 jeunes et est dupliqué dans 15 écoles avec l'aide de la Fédéeh (Fédération étudiante pour une dynamique études et emploi avec un handicap). « Des collégiens et lycéens handicapés sont accompagnés vers les études supérieures par des tuteurs étudiants, résume Clara Kapela, chargée de mission Phares à l'Essec. L'objectif est de leur donner de nouvelles perspectives, qu'ils prennent confiance en eux pour oser ce qui leur paraît impossible! » Et ça fonctionne : une des élèves suivie par l'Essec vient d'intégrer Sciences-po tandis que deux autres sont entrés en prépa.

    TEMOIGNAGE

    "L'école a équipé quatre salles pour moi"

    Quel a été votre parcours jusqu’à l’ESTP ?

    Ma maladie s’est déclarée lorsque j’avais 15 ans. Mes parents ont mené un vrai parcours du combattant pour que je bénéficie des aménagements et équipements nécessaires, à savoir une table et une chaise pour prévenir douleur et fatigue. En classe prépa, nous étions rodés, j’ai pu expliquer de quoi j’avais besoin, je travaillais sur ordinateur et je bénéficiais de l’aide d’une auxiliaire durant les examens et concours.

    Comment avez-vous été accueillie à l’ESTP ?

    J’ai contacté le référent handicap dès que j’ai été reçue au concours et nous avons préparé ma rentrée. Il a fallu un trimestre pour que tout soit en place. L’école a équipé quatre salles avec mes tables et chaises et prévenu les professeurs. Au lycée, j’avais du mal à parler de mon handicap. Aujourd’hui, je prends les devants pour prévenir les malentendus, voire les réflexions, liés à l’ignorance de la situation. C’est essentiel, d’autant que mon handicap est invisible.

    Comment envisagez-vous votre avenir professionnel ?

    Après un stage de conduite de travaux, je me suis intéressée au bâtiment. J’ai découvert un partenariat de l’ESTP avec Bouygues Immobilier pour les élèves handicapés. C’est idéal car je bénéficie d’une bourse pour financer ma dernière année. Je vais pouvoir réaliser un stage dans le domaine qui m’intéresse et dans une entreprise engagée en matière de handicap.

    Dossier réalisé par Ariane Despierres-Féry

    en partenariat avec Le Journal des Grandes Ecoles

    Article paru dans le Parisien Economie, édition du lundi 12 novembre 2012.

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