Handicap : tout pour favoriser l'accès aux études

En quinze ans, le nombre d’étudiants handicapés a plus que doublé. Universités et écoles multiplient les initiatives... avec 13400 étudiants handicapés en 2012 : voici un état des lieux de l’accueil de ces étudiants.

Sur le plan national, le nombre d’étudiants handicapés est passé de 5200 en 1998 à 13400 en 2012. (Picture-Factory - Fotolia.)
Sur le plan national, le nombre d’étudiants handicapés est passé de 5200 en 1998 à 13400 en 2012. (Picture-Factory - Fotolia.)

    Maxime Lecœur, 21 ans, a toujours rêvé de travailler dans l’industrie pétrolière. « Pour les voyages et l’exotisme, explique-t-il. La découverte de nouveaux gisements me paraît un challenge excitant. »

    Dans cette optique, il a choisi de suivre, après le bac, une formation de technicien supérieur en géologie à l'Institut polytechnique LaSalle Beauvais (Oise). Le parcours est presque banal, mais Maxime est porteur d'un handicap moteur et se déplace en fauteuil.

    Si les salles de cours de l'école sont accessibles, les travaux sur le terrain, parfois accidenté, ne le sont pas. Heureusement, un accord de partenariat avec Total a permis à son établissement de mettre en place des aménagements afin que l'étudiant réalise les sorties et voyages d'études avec ses camarades. Le groupe pétrolier a aussi accueilli Maxime en stage. Cet exemple illustre les efforts faits par les établissements d'enseignement supérieur et appuyés par les entreprises pour aider les jeunes en situation de handicap à suivre une formation et à préparer leur insertion.

    Dans les universités, les écoles d’ingénieurs ou de commerce, on observe partout une même dynamique handi-accueillante et les initiatives fourmillent.

    A Toulouse-III, l’engagement de grands groupes comme Airbus, Capgemini, IBM, Safran et Thalès permet de financer l’interprétation en langue des signes française (LSF) de 50% des cours des étudiants malentendants.

    A l'Essec, grande école de management, les élèves handicapés peuvent bénéficier de bourses accordées par des entreprises

    — Natixis, la Banque postale ou encore Orange — soit pour assumer tout ou partie des frais de scolarité, soit pour couvrir le surcoût lié au handicap (matériel, logiciels spécifiques, transport adapté, etc.).

    La mobilisation des différents acteurs a eu pour effet de faire progresser depuis une dizaine d'années le nombre d'étudiants handicapés. « Quand je suis arrivée à l'université Toulouse-III en 2001, on recensait 41 étudiants handicapés, rapporte Laurence Cadieux, médecin à la tête de la mission handicap de l'université. Aujourd'hui, ils sont 435. »

    Des bourses et financements venus de grands groupes

    Sur le plan national, l’effectif d’étudiants handicapés est passé de 5200 en 1998 à 13400 en 2012, soit moins de 0,6% de l’ensemble des étudiants inscrits dans le supérieur en France. L’approche strictement comptable ne reflète cependant pas toute la réalité, puisque certains étudiants dont le handicap est invisible préfèrent ne pas le déclarer à leur établissement, de peur d’être étiquetés. Reste que l’accueil des jeunes en situation de handicap dans l’enseignement supérieur peut encore être amélioré.

    « Il ne s'agit pas seulement de rendre les salles et les amphis accessibles, de prévoir des preneurs de notes ou des photocopies agrandies, remarque la responsable de la mission handicap à Toulouse. Il est important de réunir aussi les conditions pour la socialisation des étudiants handicapés au-delà des cours, leur donner l'occasion de faire du sport, de participer à la vie associative… »

    A côté de la formation universitaire, ces activités sont en effet essentielles pour développer l’autonomie et permettre aux jeunes de se constituer un réseau utile à leur insertion sociale et professionnelle.

    L'AVIS DE...

    « On est encore loin des besoins des entreprises »

    Christian GRAPIN, directeur de l’association Tremplin

    A quel rythme le nombre d’étudiants handicapés progresse-t-il dans le supérieur?

    Il augmente de façon régulière, mais c’est encore insuffisant! Entre 2011 et 2012, leur nombre a progressé de 11% mais reste bien inférieur aux besoins des entreprises désireuses de répondre à leur obligation d’emploi de travailleurs handicapés. Il faut dire que l’Education nationale ne s’est mobilisée sur le sujet que depuis la loi de 2005. Dans les collèges et les lycées, les effectifs d’élèves en situation de handicap ont, depuis cette date, presque doublé pour atteindre 89 000 personnes. Mais trop peu de bacheliers handicapés osent ensuite poursuivre de longues études supérieures.

    Qu’est-ce qui freine la poursuite d’études des jeunes en situation de handicap ?

    Beaucoup ont intériorisé leur handicap comme une diminution qui ne les autorise pas à envisager autre chose qu’une filière en lycée professionnel ou, au mieux, un cursus court en deux ans après le bac. L’idée des entreprises fondatrices de Tremplin, c’est de permettre aux jeunes de découvrir des secteurs d’activité, des métiers afin qu’ils testent leur projet d’orientation. Parmi les étudiants suivis par notre association, un cinquième de ceux aujourd’hui inscrits dans un cursus bac + 4 ou bac + 5 n’envisageaient pas après le bac atteindre ce niveau d’études. Les expériences qu’ils ont cumulées (stages, jobs, rencontres avec des professionnels) grâce à nos entreprises partenaires les ont encouragés à augmenter leurs ambitions.

    Comment se passe l’insertion des jeunes diplômés handicapés ?

    Quatre-vingt-cinq pour cent des jeunes en fin de cursus que nous accompagnons trouvent un poste en moins de six mois. Ce qui facilite leur insertion, c’est non seulement leur niveau de diplôme, aujourd’hui déterminant sur le marché de l’emploi, mais aussi les expériences en entreprise qu’ils ont pu acquérir et leur capacité à présenter leur projet. Plutôt que leur handicap et leurs limites, il est important que les jeunes diplômés apprennent à mettre en avant leur potentiel.

    Consultez aussi :

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    Dossier réalisé par Laurence Merland Agence Accroche-Com’

    Article paru dans le supplément éco SPECIAL HANDICAP du Parisien / Aujourd'hui en France daté du lundi 18 novembre 2013

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