IAE : une grande école au cœur de l'Université

Sélectif, proche des entreprises, gratuit… les atouts des IAE ne manquent pas. Mais pourront-ils demeurer sur ce modèle face à la concurrence internationale ? Eléments de réponse avec Pascal Auregan, le nouveau directeur de l’IAE de Caen.

Pascal Auregan, directeur de l’IAE de Caen
Pascal Auregan, directeur de l’IAE de Caen

    Sélectif, proche des entreprises, gratuit… les atouts des IAE ne manquent pas. Mais pourront-ils demeurer sur ce modèle face à la concurrence internationale ? Eléments de réponse avec Pascal Auregan, le nouveau directeur de l’IAE de Caen.

    IAE et grandes écoles, même combat ?

    Depuis quelques années, les IAE et les écoles ont vu leur modèle progressivement converger. Par exemple, les IAE ont cherché à développer leur action à l'international (que ce soit au niveau des échanges ou des cursus de formation orientés vers l'international) alors que dans le même temps les Ecoles ont mis l'accent sur la recherche. Cela dit, des spécificités demeurent. Les IAE demeurent des Ecoles de management ancrées dans l'université. C'est une force puisqu'il est possible de mobiliser, selon les besoins, les compétences variées, spécifiques, voire rares de collègues d'autres disciplines. L'IAE de Caen, outre ses compétences historiques évidentes en management peut ainsi mobiliser l'expertise de ses deux départements, l'un spécialisé dans le domaine de la banque assurance finance, l'autre dans le domaine du social et de la santé. C'est déjà une force très importante. Mais, l'IAE peut aussi s'adjoindre, si besoin, les compétences de juristes, mathématiciens, psychologues… les possibilités ne sont limitées que par notre imagination !

    Enfin, en tant qu'Ecole de management universitaire, les IAE ne reposent pas sur le même modèle économique que les Ecoles. Le coût d'un master dans un IAE est généralement bien inférieur à celui d'une grande école, pour des prestations souvent proches.

    L'IAE de Caen s'est spécialisé depuis longtemps sur le e-learning et l'enseignement à distance: est-ce la nouvelle manière d'enseigner ? Dans quelle proportion (distance-présentielle) ?

    L’IAE de Caen a été un des pionniers de l’enseignement à distance. Nous avons ouvert notre première formation par e-learning dès 1995. Cette expertise est donc ancienne et elle a été précieusement cultivée depuis. Aujourd’hui, 750 étudiants en France et à l’étranger suivent une formation par e-learning. Nous avons bien sûr de nouveaux projets de développement à l’étude et sommes également très attentifs aux nouveaux modèles qui émergent dans ce domaine. Sur cet aspect, nous travaillons en étroite collaboration avec Ingenium, une structure consularo-universitaire normande, spécialisée dans le développement de formations en ligne.

    Les universités françaises, de tailles moyennes, ont-elles les moyens de résister face à une concurrence de plus en plus féroce ?

    Les universités de taille moyenne ont la possibilité de résister à la concurrence internationale, en jouant sur la spécificité de leurs actifs intellectuels et les spécificités de leur éco-système. Cela nécessite sans doute de tendre vers une approche plus qualitative, une offre de formation plus ciblée mais aussi de s’inscrire dans les logiques partenariales plus ou moins fortes (par exemple dans le cadre des communautés universitaires). L’IAE de Caen est une composante d’une université de 24000 étudiants, qui a, comme je l’ai déjà indiqué précédemment, l’avantage d’être pluridisciplinaire. Cette pluridisciplinarité n’est pas toujours évidente à valoriser, mais lorsque c’est le cas, c’est un véritable facteur différenciant, difficile à répliquer.

    Vous êtes associé à l'EM Normandie. L'avenir des IAE passe par des associations comme celles-là ou c'est l'avenir des grandes écoles que vous assurez ?

    Je ne pense pas aujourd’hui que l’avenir ou le salut des IAE passe obligatoirement par des coopérations avec des Ecoles. De même, je ne pense pas que nous assurions l’avenir des Ecoles. Les partenariats avec les Ecoles existent parmi d’autres. A mon sens, ils sont importants (en particulier lorsque l’on raisonne au niveau de son territoire), mais pas vitaux ni pour les uns ni pour les autres.

    Au sein d’un territoire, les acteurs économiques nous invitent à concerter certaines de nos actions afin de démultiplier nos forces

    . Nous pouvons faire valoir nos spécificités sans pour autant nous lancer dans des affrontements stériles et destructeurs de valeur pour tous et pour la Région au sein de laquelle nous opérons. Les territoires sont aujourd’hui fragilisés, et il convient que tous les établissements d’enseignement supérieur au sein de ce périmètre puissent, lorsque cela s’impose, se mobiliser sur des projets communs. Ce n’est pas toujours simple, mais bien souvent essentiel.

    Les IAE sont "universitaires", donc gratuits. Le modèle est-il encore tenable selon vous sans frais de scolarité en hausse ?

    La question se pose indéniablement pour les IAE mais aussi pour les universités de manière plus globale. Un certain nombre d'entre elles sont dans une situation financière très délicate. Il faut donc optimiser l'organisation, réduire les coûts et augmenter les ressources propres des établissements. Il existe plusieurs manières d'accroître ses ressources propres (notamment la formation continue, l'alternance…) mais cela sera-t-il suffisant ?

    Cependant, le sujet est délicat, car augmenter les frais de scolarité pour les étudiants, c'est indéniablement ouvrir la boite de Pandore. Pour ma part, je reste attaché à un service public de l'enseignement supérieur. Je pense qu'une licence devrait rester au prix d'une carte d'étudiant. Pour un master professionnel, le sujet mériterait d'être posé à condition que des mécanismes compensateurs soient mis en place pour les étudiants les moins favorisés. Cela dit, encore une fois, la plus grande prudence s'impose. L'exemple nord-américain doit aussi nous alerter sur les risques de coûts de scolarité sans cesse croissants puisqu'on évalue aujourd'hui l'encours des dettes des étudiants à environ 1.100 milliards de dollars. Même en France, au regard des coûts de scolarité de certaines écoles, on peut s'interroger sur le retour sur investissement.

    Vous venez d’arriver à la tête de l’IAE de Caen. Quelles sont vos ambitions pour l’IAE de Caen ?

    Premièrement, l’IAE de Caen s’est beaucoup développé ces dernières années, notamment en raison de l’intégration des IUP « Banque-Finance-Assurance » et « Management du social et de la santé ». Nous avons à réaliser plus pleinement le potentiel de synergies dans les mois à venir.

    Deuxièmement, la dimension internationale doit être renforcée, qu'il s'agisse des échanges inter-universités ou de cursus internationaux. Nous ne partons pas de rien puisque l'IAE compte 5 diplômes à vocation internationale, avec deux masters importants : le master « Management Franco-Américain » et le master « Développement international de la PME-PMI ». L'IAE proposera également à la rentrée 2014 un DU intitulé « Graduate diploma in management studies » destiné aux étudiants non francophones titulaires d'une licence ou d'un bachelor, qui leur permettra notamment d'intégrer un Master 2 de l'IAE.

    Troisièmement, nous poursuivrons notre développement en matière de e-learning. Des projets sont en cours de discussion pour ouvrir une nouvelle formation pour 2015.

    Enfin, il me semble utile d’engager une réflexion de fond sur nos pratiques pédagogiques. Nous avons à accueillir des publics très variés (en termes d’âge, d’expériences, de projets, d’origine géographique…) sous des rythmes (semaine, soirée, week-end) et des modalités (formation initiale « classique », alternance, formation continue présentielle ou e-learning) eux-mêmes très variés. Par ailleurs, les technologies numériques offrent des opportunités d’innovations pédagogiques nombreuses à condition de ne pas en avoir une vision « gadgets ». Mais il est évident que nous devons mettre à profit notre expérience en e-learning pour vivifier nos formations en présentiel.

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