Ile-de-France : la vie étudiante toujours plus chère

L’Unef et la Fage dénoncent une nouvelles hausse du coût de la vie étudiante cette rentrée. Les villes universitaires de la région, parmi lesquelles Créteil, Nanterre, Saint-Denis ou Evry, figurent parmi les plus chères du classement national.

Créteil, ce jeudi. Le coût de la vie étudiante a augmenté de 236 € en dix ans en Ile-de-France. LP/M.K.
Créteil, ce jeudi. Le coût de la vie étudiante a augmenté de 236 € en dix ans en Ile-de-France. LP/M.K.

    L’Unef et la Fage dénoncent une nouvelles hausse du coût de la vie étudiante cette rentrée. Les villes universitaires de la région, parmi lesquelles Créteil, Nanterre, Saint-Denis ou Evry, figurent parmi les plus chères du classement national.

    Des rentrées, ils en ont pourtant vu passer. Mais encore aujourd’hui, alors qu’ils font pour la plupart leurs premiers pas à l’université, la même fébrilité mêlée d’une excitation badine anime les étudiants. Sur le parvis ensoleillé du campus de l’Université de Créteil, les petits nouveaux faisaient connaissance ce jeudi avec les syndicats étudiants et les animations proposées tout au long de l’année. Une ambiance festive, concerts et tournois de ping-pong au programme de ce forum de rentrée, qui pourrait presque faire oublier aux plus précaires le coût de cette entrée dans l’enseignement supérieur.

    Des loyers toujours en hausse et des APL en baisse

    Car à l'heure où l'on parle de sélectionner les étudiants à l'entrée de l'université, le premier barrage à la réussite universitaire reste encore le prix du billet. Le syndicat étudiant Unef publie en ce sens une étude sur l'augmentation du coût de la vie étudiante. Sans surprise, l'Ile-de-France, Paris en tête, tient le record des villes les plus chères où étudier. La Fage, principale fédération des associations étudiantes y va elle aussi de son étude et avance une augmentation du coût de la vie de 236 € en dix ans en Ile-de-France. De quoi serrer le porte-monnaie des 663 000 étudiants franciliens.

    Cette rentrée enregistre une hausse des loyers de 2,12 % contre plus 1,53 % ailleurs en France.

    Et la baisse de 5 € des aides personnalisées au logement (APL) ne risque pas d’aider les étudiants.

    Ainsi, un étudiant devra débourser en moyenne 669 € par mois pour se loger, contre 412 € dans le reste de la France.

    La ville de Paris en partenariat avec le Crous a pourtant fait un effort ces dernières années pour construire des résidences universitaires

    . Passant de moins de 2000 lits en 2001 à 7 000 cette rentrée pour des loyers compris entre 200 et 400 €.

    Créteil

    qui arrive tout juste en deuxième position des villes les plus chères manque aussi cruellement de résidences universitaires du Crous. « 500 places proposées pour 32 000 étudiants à l’université de Créteil (Upec) », avance un membre de la Fage. Les universités proposent ainsi des services d’accompagnement à la recherche de logement, comme l’Upec qui dispose d’une antenne logement ainsi que d’un fonds de soutien de solidarité.

    Des transports très onéreux

    Au ministère de l'Enseignement supérieur une grande concertation s'est ouverte cet été. Et déjà, on annonce la construction de 60 000 logements étudiants. « L'objectif est de lutter contre la précarité étudiante et nous prenons comme engagement la baisse du coût de la rentrée 2018 », y assure-t-on.

    En Ile-de-France, l’augmentation du coût de la vie est d’autant plus significative, que les transports y sont les plus onéreux. Et cette rentrée leur coût augmente de 2,43 % à raison de 342 € annuels le forfait Imagin’R.

    « Cette augmentation du forfait Imagin’R contribue à l’augmentation continue du coût de la vie étudiante dans la région », dénonce l’Unef Ile-de-France qui alerte sur « la précarité qui pousse les étudiants à se salarier, mettant en danger leur réussite ».

    Marion Kremp

    « A Paris, rien de convenable en dessous de 500 € »

    Pauline Fleury, étudiante à Paris et qui vit en Seine-et-Marne

    Elle est une étudiante tout ce qu'il y a de plus normal : la vingtaine, une bonne bande d'amis, de la réussite dans ses études. Le hic c'est que Pauline Fleury habite Vaux-le-Pénil en Seine-et-Marne, à deux heures de son école à l'Institut européen de journalisme (IEJ) dans le XVI e arrondissement. Cela fait deux ans qu'elle mène ce train de vie mais « c'est devenu insoutenable, explique Pauline. À partir du 17 octobre je reprendrai les cours et un stage en horaires décalés (5 heures - 14 heures ou 17 heures - minuit). Si je n'ai pas trouvé d'appartement parisien d'ici là, je serai obligé de mettre un terme à ce stage très important pour ma vie professionnelle. Déjà en ce moment c'est très compliqué, je dors chez ma sœur, même si c'est temporaire. »

    Elle harcèle les agences immobilières

    L’aspirante Parisienne recherche activement un logement depuis avril, sans désespérer. Mais c’est souvent la même symphonie : des studios de moins de 10 m² à 700 € par mois avec toilettes sur le palier, des appartements insalubres et des visites avec des dizaines de concurrents amenant souvent des dossiers plus étoffés. Alors ses recherches ont évolué. Pauline continue activement de harceler les agences immobilières, elle a téléchargé toute la panoplie des applications pour l’immobilier sur son téléphone et elle a revu ses ambitions à la baisse. « J’ai élargi mon périmètre de recherche à la proche banlieue, quitte à mettre plus de temps pour aller en cours, je voulais vraiment un meublé au début mais maintenant ça m’est égal et surtout je me suis faite à l’idée que je ne trouverai rien de convenable en dessous de 500 € ». Sans aide financière extérieure hormis les APL, la quête de Pauline Fleury est une longue traversée du désert, à l’image de beaucoup de jeunes dans sa situation.

    Hippolyte Corneille

    « A Evry, le loyer flambe »

    Anne-Cécile, étudiante en L2 histoire et sociologie en Essonne

    « C’est vrai qu’en arrivant à Evry (Essonne), j’ai trouvé que le loyer flambait », avoue Anne-Cécile Deyrieux, inscrite en deuxième année de licence histoire et sociologie à l’université d’Evry. Depuis deux ans, l’étudiante de 20 ans a quitté Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) pour s’installer à proximité de la faculté. « C’est plus pratique mais avant, je payais 500 € pour un appartement de 30 m², à dix minutes de Paris. Aujourd’hui, c’est 100 € de plus pour 38 m² et je suis plus loin de la capitale. »

    Pour boucler ses fins de mois, l’étudiante compte sur l’aide financière que lui verse son père.

    « Sans cet argent, je n’aurai pas pu m’inscrire dans cette double licence très rare en France. Je suis consciente que tout le monde n’a pas la chance d’avoir le soutien financier de sa famille », ajoute-t-elle. Point positif en revanche pour la ville de l’Essonne : Anne-Cécile trouve facilement dans les enseignes de la grande distribution de quoi remplir son frigo à moindre coût.

    F.G

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Institut Lyfe (ex Institut Paul Bocuse)
    Tourisme / Hôtellerie / Restauration
    Écully
    SUP de V
    Commerce / Gestion / Management
    Saint-germain-en-laye
    Edhec Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Roubaix cedex 1