Industrie : la double compétence appréciée

Malgré la crise, l’automobile, l’aéronautique et les biotechnologies recrutent de nouveaux profils, qui peuvent évoluer entre plusieurs disciplines. Passage en revue des possibilités offertes dans chacun de ces domaines.

Industrie : la double compétence appréciée

    En 2014, un ingénieur ne doit plus se contenter d’un seul champ d’expertise. A l’instar de l’industrie automobile, qui aujourd’hui a également besoin de personnes spécialisées dans les systèmes embarqués ou le « Big Data », des compétences qui se trouvent plutôt dans le numérique et les técommunications. Les croisements de savoir-faire vont donc devenir la règle entre les secteurs. Ainsi, les biotechnologies recherchent des spécialistes de l’électronique, des batteries et des nouveaux matériaux. Dans l’aéronautique, les ingénieurs et techniciens venus de l’automobile sont très prisés car ils sont capables de gérer des hautes cadences de production.

    Aéronautique : un secteur en expansion

    L'aéronautique est d'ailleurs l'un des secteurs les plus dynamiques en terme de recrutement. Les prévisions à vingt ans promettent un doublement de la flotte mondiale d'avions, avec plus de 40 000 appareils en service d'ici à 2034. La croissance du transport aérien devrait normalement atteindre 4 % par an, un taux que beaucoup de secteurs lui envient. De ce fait, cette progression a des répercussions positives sur l'emploi. En France, la filière a recruté 13 000 personnes en 2013, créant 6 000 emplois nets, selon les chiffres du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas). Airbus a embauché 16 500 nouveaux salariés ces cinq dernières années pour faire face à la croissance de ses cadences de production. L'avionneur européen va en effet accélérer le rythme d'assemblage de son avion fétiche, l'A320, pour passer de 42 par mois actuellement à 46 d'ici à 2016, puis certainement 50 exemplaires mensuels d'ici à 2018. Ce dynamisme profite aussi et surtout aux équipementiers d'Airbus. Par exemple, le groupe Safran (66 000 personnes), présent dans les moteurs et les équipements, a recruté 8 500 personnes en 2013 et prévoit plus de 6 000 embauches cette année. La filière cherche des ingénieurs et des techniciens, spécialistes de la production, des process et des systèmes embarqués, de l'organisation, de la logistique, notamment. Au point qu'il existe en ce moment une tension sur les recrutements.

    Santé : les biotechnologies soutiennent la demande

    Si le secteur pharmaceutique est aujourd'hui moins porteur, d'autres domaines recrutent massivement des experts pour des projets innovants. « Avec 50 % du chiffre d'affaires, les exportations représentent toujours le point fort de ce métier », analyse Marc Livinec, l'expert santé-pharma de la société d'assurance- crédit Euler Hermes. De fait, l'excédent commercial des entreprises françaises de la pharmacie atteint plus de 9 milliards d'euros, pour un chiffre d'affaires global de 50 milliards. Mais avec les mesures d'économies décidées par l'assurance maladie et l'augmentation de la part des médicaments génériques dans les dépenses de santé des Français, les perspectives d'embauche hexagonales sont moins bonnes que par le passé. A quelques exceptions près, comme le biomédical ou les biotech en général.

    « Nous sommes toujours dans une dynamique de forts recrutements », annonce Pierre-Olivier Goineau, PDG d'Erytech Pharma et président de France Biotech, la principale association qui regroupe 250 entreprises du secteur. Selon ses estimations, elles devraient recruter entre 200 et 300 chercheurs de haut niveau cette année. Innovantes, très internationalisées, à l'image de Carmat, les PME françaises du biotech parviennent encore à attirer des capitaux pour financer leurs recherches. « Nous recherchons des talents ayant une expérience internationale, pas seulement des doctorants, mais aussi des techniciens supérieurs de laboratoire, des ingénieurs spécialistes des process ou du développement », ajoute Pierre-Olivier Goineau, dont la société emploie une cinquantaine de personnes.

    Automobile : des évolutions qui ont un impact sur les profils recherchés

    Les mutations industrielles en cours dans le secteur automobile ont d'importantes répercussions sur les profils recherchés par les constructeurs et leurs équipementiers. Voitures à faible consommation (moins de 2 l aux 100 km), hybrides rechargeables, tout électriques… « Nous allons avoir besoin de nouvelles compétences dans l'électronique, l'électrique, la chimie pour les batteries, les ingénieurs systèmes qui maîtrisent les capteurs », résume François Pistre, directeur délégué à la recherche de Renault. De même, l'auto-partage va générer de nouvelles applications : les dernières technologies de l'Internet deviennent stratégiques. Par exemple pour opérer le suivi à distance d'une flotte de voitures afin d'en optimiser la maintenance. « Sans oublier les aides à la conduite, qui vont se généraliser », ajoute Roch Thaller, patron de la branche automotive d'Assystem, l'un des leaders français de l'ingénierie (2 000 personnes). Tout cela est porteur d'emplois car, pour réduire la consommation, il faut des compétences dans les matériaux, les process, etc. Même les techniciens spécialisés reviennent à la mode dans les usines, par exemple dans les traitements thermiques des matériaux ou la « bonne vieille » fonderie. « Nos embauchons environ un tiers de jeunes diplômés », précise Roch Thaller.

    TEMOIN

    « J'ai été surpris par la variété et la nouveauté des process »

    Bastien DEMANGEON, 28 ans, ingénieur chez Snecma (Safran)

    Ce diplômé des arts et métiers et titulaire d’un DUT en génie mécanique incarne typiquement le genre de profil que la filière aérospatiale recherche.

    Bastien Demangeon a été recruté il y a un an pour intégrer le département réparation au sein du bureau d’études de Snecma.

    L’activité de service après-vente est en effet en plein boom chez le motoriste. « Je viens du nucléaire (Areva) et je cher- chais un secteur et un groupe à la pointe en matière technologique, dynamique et innovant. Chez Safran, les cycles sont plus courts que dans le nucléaire entre la réflexion sur un nouveau projet et sa mise en oeuvre. C’est ce qui me plaît », explique l’intéressé.

    « On colle bien aux besoins des clients et on est en contact avec eux. Donc le job est très varié »

    , ajoute-t-il. Le jeune ingénieur fait pour l’instant partie de l’équipe qui assure le support des moteurs militaires fabriqués par Snecma, ceux du Rafale, du Mirage 2000 et de l’avion de transport militaire A400M. Snecma a apprécié son expérience chez Areva puisque Bastien Demangeon travaillait sur la conception des chaudières nucléaires du porte-avions Charles-de-Gaulle.

    « J’ai été surpris par la variété et la nouveauté des process qu’on rencontre dans l’aéronautique, comme par exemple le soudage par friction », raconte-t-il. La période d’apprentissage a cependant été « sportive » de l’aveu même du jeune ingénieur. « Mais j’ai été très bien accompagné. »

    Consultez aussi :

    Eolien en mer : plus de 6 000 postes à pourvoir par GDF Suez et Areva pour deux projets au large des côtes ouest de la France

    Ingénieurs. L'industrie recherche toujours des talents

    Dossier réalisé par Muriel Jaouën

    Agence Accroche-Com'

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Institut Lyfe (ex Institut Paul Bocuse)
    Tourisme / Hôtellerie / Restauration
    Écully
    EDC Paris Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Courbevoie
    Edhec Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Roubaix cedex 1