Ingénieurs : des jeunes diplômés très courtisés

En dépit de la crise économique, les recrutements d’ingénieurs se maintiennent à un niveau soutenu. Les employeurs sont tenus de faire preuve d’inventivité pour séduire les jeunes lauréats.

Ingénieurs : des jeunes diplômés très courtisés

    En dépit de la crise économique, les recrutements d’ingénieurs se maintiennent à un niveau soutenu. Les employeurs sont tenus de faire preuve d’inventivité pour séduire les jeunes lauréats.

    Pour Jean-Jacques Lanao, les affaires marchent plutôt bien. Sa société Elsys Design, spécialisée dans la conception de systèmes électroniques, table sur une croissance proche de 10% en 2011.

    Néanmoins, ce directeur opérationnel en charge du recrutement est préoccupé. Il recherche 250 ingénieurs et reconnaît qu'il aura « du mal à y arriver. Dans les CV-thèques, les CV de qualité restent affichés une dizaine d'heures. Les candidats sont saturés de propositions ». L'enjeu est de taille pour cette PME de 700 salariés. « On risque de se faire prendre des parts de marché, simplement parce que l'on n'arrive pas à répondre aux engagements de nos clients. » Les perles qui deviennent trop rares selon Jean-Jacques Lanao ? Des informaticiens et des électroniciens.

    Même refrain à la SNCF où Martine Sallé, responsable marketing/communication de recrutement, peine à boucler ses 300 recrutements annuels. « En France, on se trouve en concurrence frontale avec le bâtiment et les travaux publics [BTP] pour les ingénieurs en génie civil, électrique ou bien encore en maintenance. » Les tensions sont perceptibles sur les postes de chef de projet, d'architecte systèmes, d'ingénieur de chantier, d'expert en langages informatiques ou en logistique… « Même si l'on ne peut pas faire de prévisions à long terme, le marché est dynamique, explique Pierre Lamblin, directeur général de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec). Les ingénieurs bénéficient largement de cette situation, avec les titulaires de masters scientifiques. Plus de quatre offres sur dix les concernent. »

    Industrie (ferroviaire, aéronautique, automobile…), production ou recherche et développement, les secteurs traditionnels sont demandeurs. Mais aussi, désormais, ceux des énergies renouvelables, de la santé ou bien encore du bâtiment. Le tertiaire fait aussi les yeux doux aux ingénieurs. C'est vrai de la banque, en France comme à Londres, même si la crise des subprimes a fait retomber l'euphorie. Le mouvement touche également les assurances, le contrôle de gestion et l'audit. Parmi les 170 nouvelles recrues d'Ernst & Young intégrées récemment, 30 % sont des ingénieurs. Leur goût des chiffres, leur esprit de synthèse et leur capacité à appréhender des situations complexes font grimper leur cote. « Ces collaborateurs scientifiques ont la capacité de bien appréhender les problèmes rencontrés par nos clients dans leur globalité, mais aussi d'identifier les interactions », explique Rémi Boulesteix, associé chez KPMG, en charge des relations avec les écoles d'ingénieurs. Avant de poursuivre : « les ingénieurs saisissent sans problème les enjeux d'un projet de BTP ou d'un nouveau réseau de télécommunications... Ils parlent le même langage que nos clients ».

    Cette concurrence sectorielle mais aussi entre les types d’entreprises – PME contre grands groupes – fait le bonheur des écoles d’ingénieurs. Elles font salle comble lors des forums entreprises. Quant à l’École polytechnique féminine (EPF), elle va sélectionner les entreprises participantes en fonction du nombre de recrutements potentiels. Pour repérer au plus vite leurs futurs collaborateurs, les recruteurs multiplient les initiatives : signatures de conventions, sponsoring d’événements internes, octroi de bourses, détachement de professionnels pour assurer des cours, participation à des jurys d’admission… À la demande des entreprises, l’École centrale de Nantes a même ouvert une filière en apprentissage l’an dernier.

    Louis PLANCQ,

    ingénieur assistant piste en Formule 1 chez Total, 26 ans

    Au début de septembre, il était à Monza, en Italie. Deux semaines plus tard, c’était Marina Bay (Singapour), puis Suzuka (Japon) et ensuite Yeongam (Corée du Sud) : Louis Plancq n’en revient toujours pas. En dix-huit mois à peine, il a fait deux fois le tour du monde. Aux couleurs de Total et au service de l’écurie automobile Lotus Renault.

    Son âge ? 26 ans. Son job ? Ingénieur assistant piste en Formule 1. Sous les pluies tropicales de Singapour ou assommé par les 45 degrés d’Abu Dhabi, de 8 à 22 heures, il est dans les paddocks, tout à côté des pilotes, à surveiller de près la qualité des lubrifiants et carburants utilisés.

    Il en va de l'efficacité du moteur, et donc de centièmes de seconde grappillés ou non au classement. Une vie professionnelle qu'il passe à côtoyer les marques prestigieuses (Ferrari, McLaren…), les champions et même les playmates… Il en a conscience, il fait « des envieux ». Pour ce jeune Lillois, tout est allé très vite : « J'ai changé de vie en quelques mois. »

    Le sésame de cette existence trépidante ? Son diplôme d’ingénieur, décroché à l’École des hautes études d’ingénieur (HEI) de Lille en 2008 ; suivi d’un master spécialisé dans le pétrole à l’IFP School. Tout cela monnayé pour 43 200 euros brut annuels

    « Bon bachelier S, j’ai toujours su que je voulais devenir ingénieur, mais sans avoir une idée du métier. Seule certitude : cela m’ouvrirait des portes. »

    Mais il n’imaginait pas que ce seraient celles de la F1. Aujourd’hui, entre son salaire confortable et l’excitation du métier, il reconnaît que

    « ce sera dur de revenir à un emploi normal après une telle expérience ! ».

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    Article issu du Parisien économie du lundi 10 octobre 2011

    Magdalena Meillerie

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Audencia Business School
    Economie / Finance / Banque / Comptabilité
    Nantes
    L'Ecole Multimedia
    Arts / Audiovisuel / Design
    Paris
    SUP de V
    Commerce / Gestion / Management
    Saint-germain-en-laye